Développement humain: Ce qui est fait, ce qu’il reste à faire

Malgré les progrès réels et mesurables, de nombreux défis persistent dans le domaine du développement humain. Voici les principaux chiffres du nouveau tableau de bord social du Maroc qui vient d’être publié.  

Développement humain: Ce qui est fait, ce qu’il reste à faire

Le 4 août 2013 à 16h41

Modifié 4 août 2013 à 16h41

Malgré les progrès réels et mesurables, de nombreux défis persistent dans le domaine du développement humain. Voici les principaux chiffres du nouveau tableau de bord social du Maroc qui vient d’être publié.  

La mise au point du premier tableau de bord social du Maroc remonte à 1997. A l’époque, on commençait à parler de développement humain, à souligner que la croissance ne signifie pas obligatoirement le développement. Le Maroc a donc intégré des indicateurs nouveaux dans ses tableaux de bord, tels que démographie, l’éducation et la formation, l’emploi, la santé, le niveau de vie et les équipements de base, et les a comparés à ceux d’autres pays.

La Direction des Etudes et des Prévisions Financières du ministère des Finances a rendu public vendredi 2 août 2013, son nouveau tableau de bord social du pays, qui est donc un état des lieux du développement humain au Maroc.

Ses deux conclusions principales sont les suivantes :

-de gros progrès ont été enregistrés depuis l’an 2000 ;

-mais d’importants défis persistent.  Il s’agit, en particulier, «de l’accès de la population aux services de base liés à la santé et à l’éducation, le chômage des jeunes diplômés et le creusement des inégalités et des disparités sociales significatives d’un partage peu équitable des fruits de la croissance et des bénéfices des réformes». Ces inégalités, relève le document, sont encore plus prononcées sur le plan territorial.

Un meilleur ciblage de la population défavorisée et une intensification des efforts au profit des zones désenclavées(rurales et montagneuses) s’impose. Les problèmes d’accessibilité à la santé et à l’enseignement, le déséquilibre des caisses de retraite, sont des enjeux vers lesquels notre pays doit orienter ces efforts tout en accordant une attention particulière aux questions de gouvernanceet de régionalisation, conclut le document.

Des performances réelles au cours des dernières années

Malgré la crise et les printemps arabes, le Maroc a connu un taux de croissance supérieur à la moyenne de la zone MENA entre 2007 et 2012 (4,3% après 3,8% entre 1999 et 2005 et 3,2% entre 1990 et 1998).

«Les progrès qui en ont découlé en matière de développement économique ont marqué positivement quelques-uns de ses indicateurs du développement humain même s’ils continuent de pâtir d’un lourd passif accumulé durant plusieurs années. La baisse du taux de chômage de 13,8% en 1999 à 9% en 2012, l’amélioration des revenus, comme en témoigne le revenu disponible par habitant qui a augmenté de 4,9% en moyenne annuelle entre 2003 et 2012, et le recul de la pauvretéde 15,3% en 2001 à 8,8% en 2008 en sont des exemples», souligne le rapport.

Tous les chiffres et les affirmations qui vont suivre sont extraits de ce document. Voici donc une synthèse des principales données :

Population et ménages

Population : 32,6 millions d’habitants en 2012

Depuis 2001 : taux d’accroissement annuel moyen de 1,1%

Population urbaine : 15,7 millions en 2001 et 19,2 millions d’habitants en 2012 (+1,8%, taux annuel moyen)

Population rurale : 13,1 millions en 2001 à 13,4 millions d’habitants en 2012 (+0,2%, taux annuel moyen).

Taux d’urbanisation : 58,8% en 2001 contre 54,6% en 2001.

En 2011, près du tiers de la population est concentrée dans trois régions : le Grand Casablanca avec 3,9 millions d'habitants (12,1% de la population nationale), Souss-Massa-Draa avec 3,5 millions d'habitants (10,8%) et Marrakech-Tensift-Al Haouz avec 3,3 millions (10,3%).

La population marocaine est relativement jeune (27% de la population est âgée de moins de 15 ans contre 13,9% pour la Bulgarie, 23,2% pour la Tunisie et 31,1% pour l’Egypte).

Le vieillissement de la populationapparaît comme un phénomène inéluctable dans les prochaines décennies. Les personnes âgées de 60 ans et plus verraient leur effectif s’accroître de façon soutenue avec un rythme annuel de 3,4% entre 2012 et 2050. Leur nombre passerait de 2,9 millions en 2012 à 10,1 millions en 2050, année où elle représenterait 24,5% de la population totale alors qu’elle ne constituait que 6,3% et 8%, respectivement en 1960 et 2004.

Ménages

Taille des ménagesau niveau national : 4,8 personnes par ménage en 2012 contre 5,9 en 1994. En milieu rural : 5,6 contre 6,6 en 1994. En milieu urbain, il a baissé de 5,3 en 1994 à4,3 en 2012 personnes par ménage.

L’âge au premier mariagea nettement reculé au cours des deux dernières décennies. Il est passé de 27,9 ans en 1987 à 31,2 ans en 2011 pour les hommes et de 23,4 ans à 26,3 ans pour les femmes.

Taux brut de natalité : ilest passé de 37,2‰ en 1982 à 24,2‰ en 1994 et à 18,5‰ en 2011 au niveau national.

Ces évolutions ont abouti à la baisse de l’indice synthétique de fécondité de 4,5 enfants par femme en 1987 à 2,2 en 2011.

En comparaison avec certains pays émergents, cet indice est de l'ordre de 1,5 enfant par femme pour la Bulgarie, 1,8 pour le Chili de 3,7 pour la Jordanie.

Population active

La population active âgée de 15 ans et plus a atteint au cours de l’année 2012, 11.549.000 actifs, soit un accroissement annuel moyen de 1% par rapport à l'année 2000 (augmentation de 1,4% en milieu urbain et de 0,6% en milieu rural entre temps). Le taux d’activité, quant à lui, a baissé de 4,5 point, passant de 52,9% en 2000 à 48,4% en 2012.

Chômage

La population active en chômage a connu une hausse de 0,9%, passant de 1.028.000 chômeurs en

2011 à 1.038.000 chômeurs en 2012, soit 10.000 chômeurs en plus (7.000 en milieu urbain et 3.000 en milieu rural).

Le taux de chômage au niveau national a, en revanche, connu une stagnation relative, passant de 8,9% en 2011 à 9% en 2012.

Par ailleurs, le marché de l’emploi continue à poser trois types de problématiques de chômage au Maroc : un chômage d'inadéquation quantitative, un chômage d'inadéquation qualitative et un chômage de dysfonctionnement.

Formation Professionnelle

Effectif des stagiaires, ayant suivi une formation initiale (résidentielle et alternée) : 293.447 en 2011/2012.

Les taux spécifiques de scolarisation sont passés entre les années scolaires 2007-2008 et 2012-2013 de 91,4% à 99,6% pour l’enseignement primaire, de 71,3% à 85,1% pour l’enseignement secondaire collégial et de 48,1% à 58,5% pour l’enseignement secondaire qualifiant.

Enseignement supérieur : l’effectif global des étudiants de l'enseignement supérieur universitaire a atteint 360.668 en 2010-2011 contre 289.900 en 2004-2005, soit un accroissement annuel moyen de 3,7%.

Santé et prévoyance sociale

Le budget de l’Etat dédié à la santé s’est amélioré de 25%, passant de 7,6 milliards de dirhams en 2007 à 9,5 milliards de dirhams en 2013, soit 3,5% du budget de l’Etat.

Dans l’ensemble, une évolution positive est à relever au niveau des principaux indicateurs sanitaires. Les progrès les plus importants ont été enregistrés au niveau de la santé maternelle et infantile où les taux de mortalité ont baissé de manière considérable. Néanmoins, les besoins et les gaps à combler demeure importants en particulier au niveau du milieu rural.

Taux d’encadrement médical : Il s’est établi en 2011 à 1.630 habitants par médecin contre 2.252 habitants par médecin en 2001. Toutefois cette amélioration est insuffisante au regard des besoins en personnel qui s’établissent actuellement à 7.000 médecins et 9.000 infirmiers.

L’encadrement médical appréhendé par le nombre de médecins pour 100 000 habitants (dernière valeur estimée en 2010), reste insuffisant (62 médecins pour 100 000 habitants) et situe le Maroc à la traine en comparaison avec un échantillon de pays à niveau de développement comparable. Cet indicateur est de l’ordre de 119 médecins pour la Tunisie, 283 pour l’Egypte et 373 médecins, pour 100 000 habitants pour la Bulgarie.

L’espérance de vie à la naissance a gagné près de 5 ans en une décennieen passant de 70 ans en 2001 à 74,9 ans en 2011.

L’espérance de vie à la naissance est donc de l'ordre de 74,9 ans pour le Maroc en 2011 contre 73,4 ans pour l’Egypte, 73,2 pour l’Algérie et 79,2 ans pour le Chili.

Le taux de mortalité infantile(moins d’un an) a enregistré une baisse importante au courant des cinq dernières années pour atteindre 28,8 pour 1.000 naissances vivantes en 2011 (23,6‰ en milieu urbain et 33,6‰ en milieu rural), contre 40‰ en 2003-2004.

Le quotient de mortalité infanto juvénile(moins de cinq ans) s’est établi en 2011 à 30,47 pour 1.000 naissances vivantes (25,42‰ en milieu urbain et 35,07‰ en milieu rural) contre 47‰ en 2003-2004.

Quant à la mortalité maternelle, elle a connu une réduction importante, son niveau a baissé de plus de 50% en 5 ans (soit 112 pour 100.000 naissances en 2010 contre 227 pour 100.000 en 2004).

Couverture médicale de base

C’est au mois de mars 2012, que le coup d’envoi de la généralisation du régime du Ramed sur l’ensemble du territoire national. A fin août 2012, 366.281 foyers ont ainsi été immatriculés soit 1,01 million de bénéficiaires.

La population éligible au RAMED est de l’ordre de 8,5 millions de personnes (26% de la population) répartis sur l’ensemble du territoire, dont 4 millions sont considérés comme des économiquement démunis absolus et 4,5 millions des économiquement démunis relatifs. Le panier des prestations prises en charge comprend l’hospitalisation, y compris l’accouchement, les consultations spécialisées externes et de médecine d’urgence, les analyses de biologie et l’imagerie médicale, ainsi que les évacuations sanitaires inter-hospitalières par ambulance et les soins dentaires. Ces actes sont assurés sur simple présentation de la carte RAMED et qui sera délivrée par les autorités locales avec une validité de trois ans. Un budget de 3 milliards de DH a été alloué au RAMED en 2012.

Les bénéficiaires des prestations de la CNOPS (Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale), relatives à l’Assurance-maladie obligatoire (AMO), ont atteint 2.719.722 personnes, dont 1.166.482 assurés, soit une augmentation de 2% par rapport à 2010.

Prévoyance sociale

La prévoyance sociale au Maroc est constituée par la CNOPS et la CNSS (et les mutuelles y afférentes), les principaux régimes de retraite (RCAR, CIMR, CMR) ainsi que par les régimes internes institués au sein de certains établissements publics.

Le système de retraite marocain est confronté à un ensemble de problèmes qui menacent son équilibre. En effet, les déficits commenceront à pointer à quelques années d'intervalles pour les différents régimes. La CMR enregistrera ses premiers déficits dès 2012, soit près de 315 millions de DH. Si rien n'est fait dès 2011, la CMR commencera à puiser dans les produits financiers avant de passer aux réserves. Elle est également confrontée à la vague des départs massifs à la retraite soit le triple des niveaux actuels en 2060.

Niveau de vie et pauvreté

L’évolution du revenu par habitant, appréhendé par le PIB par tête aux prix constants, fait état d'une progression annuelle moyenne de l'ordre de 3,3% l’an entre 2001 et 2012. En termes nominal, le revenu moyen par habitant s’est établi en 2011 à 26.492 dirhams contre 15.798 en 2001, soit un taux de croissance annuel moyen de l’ordre de 4,8%.

Sous l’effet de cette croissance du revenu, la dépense annuelle moyenne par habitant a augmenté, de 9.290 en 2001 à 15.170 dirhams constants en 2012, soit un taux de croissance annuel moyen de l’ordre de 4,6%.

Cette amélioration globale du niveau de vie a réduit la pauvreté et la vulnérabilité de manière significative entre 2001 et 2007 :

-la pauvreté est passée de 15,3% à 8,9% au niveau national (de 7,6% à 4,8% en milieu urbain

et de 25,1% à 14,4% en milieu rural) ;

-la vulnérabilité, quant à elle, est passée de 22,8% à 17,5% au niveau national (de 16,6% à 12,7% en milieu urbain et de 30,5% à 23,6% en milieu rural).

En matière de disparités sociales, l’examen de l'évolution de la concentration de la masse des dépenses, entre 2001 et 2007, montre que la répartition des dépenses est devenue légèrement plus inégalitaire.  

Cette progression des niveaux de vie a modifié la structure du budget des ménages au profit des consommations les moins satisfaites. D’une part, le poids, dans le budget total des ménages, de la consommation alimentaire a diminué de 41,3% en 2001 à 40,6% en 2007, au profit, notamment du poste « transports et communications » (respectivement de 7,5% à 11,6%) ou encore de celui des «loisirs, culture et enseignement» (respectivement de 3,6% à 4,4%).

L’étude souligne que la réduction durable et appuyée de la pauvreté monétaire des ménages, dans ses différentes formes, requiert le maintien des taux de croissance soutenus et le renforcement des mécanismes de l'équité sociale.

Habitat

En dépit des progrès réalisés, un déficit social et des disparités spatiales, en matière de logement et d’accès aux équipements de base, persistent toujours.

Concernant le statut d’occupation, plus de sept ménages sur dix (74,1%) sont propriétaires de leur logement au titre de l’année 2010. Par milieu de résidence, l’examen du statut d’occupation n’est pertinent qu’en milieu rural, puisque 88,8% des ménages ruraux sont propriétaires de leurs logements. Dans les villes, 65,6% des ménages sont propriétaires de leurs logements, 24,3% sont locataires et 10,1% sont logés  gratuitement en 2010.

Electrification

Concernant les infrastructures de base, l’accès à l’électricité a marqué un saut énorme. La part des ménages marocains ayant accès à l’électricité, par abonnement au réseau, est passée de 86,1% en

1998 à 97,9% en 2010 en milieu urbain. Dans les campagnes, ce taux est passé de 15,6% à 86,4% durant la même période.

Eau potable

La proportion des ménages citadins occupant des logements raccordés au réseau d’eau potable est passée de 81,7% en 2001 à 92,1% en 2010. En milieu rural, cette proportion est passée de

16,9% en 2001 à 31,6% en 2010. L’accès à l’eau potable profite désormais à ç2% de la population rurale grâce au programmer Pager qui a installé des bornes fontaines collectives dans la plupart des douars non raccordés.

Vous avez un projet immobilier en vue ? Yakeey & Médias24 vous aident à le concrétiser!

Si vous voulez que l'information se rapproche de vous

Suivez la chaîne Médias24 sur WhatsApp
© Médias24. Toute reproduction interdite, sous quelque forme que ce soit, sauf autorisation écrite de la Société des Nouveaux Médias. Ce contenu est protégé par la loi et notamment loi 88-13 relative à la presse et l’édition ainsi que les lois 66.19 et 2-00 relatives aux droits d’auteur et droits voisins.

A lire aussi


Communication financière

Upline Capital Management: FCP “UPLINE CROISSANCE” Rapport du commissaire aux comptes exercice du 10 Février 2023 au 31 Décembre 2023

Médias24 est un journal économique marocain en ligne qui fournit des informations orientées business, marchés, data et analyses économiques. Retrouvez en direct et en temps réel, en photos et en vidéos, toute l’actualité économique, politique, sociale, et culturelle au Maroc avec Médias24

Notre journal s’engage à vous livrer une information précise, originale et sans parti-pris vis à vis des opérateurs.