Témoignages : comment les Marocains vivent les troubles en Egypte

Entre 9.000 et 10.000 marocains vivent en Egypte. Certains d’entre eux ont déserté le pays en raison de la montée de la violence, d’autres pointent du doigt l’inefficacité de l’ambassade du Maroc en Egypte. Les officiels se montrent rassurants.

Témoignages : comment les Marocains vivent les troubles en Egypte

Le 20 août 2013 à 20h35

Modifié le 20 août 2013 à 20h35

Entre 9.000 et 10.000 marocains vivent en Egypte. Certains d’entre eux ont déserté le pays en raison de la montée de la violence, d’autres pointent du doigt l’inefficacité de l’ambassade du Maroc en Egypte. Les officiels se montrent rassurants.

« La situation est catastrophique», lance d’emblée Ilham Belhadi, marocaine mariée à un égyptien, qui vient de rentrer au bercail suite aux événements survenus en Egypte. « Nous vivions mon mari et moi dans le quartier de Nasr City, situé dans la banlieue du Caire. C’est un peu le fief des Frères musulmans. Ces derniers mois, la vie était devenue vraiment infernale. Nous nous voyions privés d’eau et d’électricité 6 fois par jour», s’indigne M. Belhadi.  

« Ma famille vit toujours au Caire, et je les appelle chaque jour pour me rassurer. Sincèrement, la situation est inquiétante», poursuit-elle, n’hésitant pas à partager ses opinions politiques :

« Pour moi, c’était une grave erreur de voter Morsi. Je suis musulmane et je trouve que les islamistes n’ont rien à voir avec l’islam».  

Amina A., étudiante marocaine, est rentrée à Casa le 29 juin dernier après neuf mois d’étude au Caire, dans le cadre d’un échange avec l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Elle garde un souvenir amer des échanges qu’elle a eus avec l’ambassade du Maroc en Egypte.  

« L’ambassade du Maroc au Caire ne fait absolument rien pour nous. Durant neuf mois, j’étais en colocation avec une norvégienne, une américaine et une italienne, et à chaque fois qu’il y avait des heurts dans les rues, chacune recevait des messages de son ambassade pour lui dire de ne pas sortir dans tel ou tel quartier. Elles avaient droit à un service d’assistance, elles étaient invitées durant les fêtes nationales… Mais moi, on ne m’a jamais appelée», se rappelle Amina, et d’ajouter :

«  J’ai donc pris l’initiative de contacter l’ambassade, sauf qu’elle n’a même pas de site web. J’ai trouvé sur internet une adresse email sur un site officiel. J’ai donc envoyé un long email à l’ambassade du Maroc au Caire pour dire que je vivais dans l’insécurité la plus totale…plus tard, j’ai appris que cette adresse email ne marche pas et qu’elle a été changée. C’est quand même incroyable », nous raconte, non sans ironie, cette jeune étudiante.

« Un jour, je suis partie à l’ambassade pour raconter tout ça, et à ma grande surprise, j’ai appris que l’ambassade ne savait même pas que je vivais en Egypte. L’attaché culturel m’a dit que l’ambassade avait un budget restreint. C’est possible, mais pourquoi l’ambassadeur habite-t-il une résidence luxueuse à Garden City, le quartier le plus chic du Caire »? s’interroge Amina.

Hicham, un journaliste marocain qui couvre actuellement la crise en Egypte nous raconte son vécu. « Hier, je suis arrivé au Caire, et en moins de 5 Km, je me suis fait contrôler une vingtaine de fois par les forces de l’ordre. Il y a des barrages dans toutes les rues », nous confie ce journaliste qui souhaite garder l’anonymat.

Contacté par Médias 24, Mohamed Saad Alami, ambassadeur du Maroc en Egypte, se veut absolument rassurant. « Il n’y a aucun problème pour les Marocains résidant en Egypte. Ils sont entre 9.000 et 10.000, parmi lesquels de nombreux étudiants, des marocaines mariées à des égyptiens, ou des entrepreneurs marocains », souligne l’ambassadeur.

« D’après nos informations, les marocains se tiennent loin des rassemblements. C’est pourquoi ils ne risquent rien, du moment qu’ils respectent les affaires internes du pays. Maintenant que la situation s’est « calmée », les marocains d’ici sont rassurés », poursuit M. Alami, nommé le 9 mars dernier ambassadeur du Maroc en Egypte, en Erythrée et en Somalie.

« Pour être à l’écoute de la communauté marocaine en Egypte, nous avons mis en place une cellule de communication avec plusieurs numéros pour recevoir les appels des marocains résidant en Egypte en permanence. Des étudiants nous ont appelés pour demander leur rapatriement, mais la situation n’est pas aussi grave pour répondre à leur demande ».

Médias 24 a contacté les numéros de cette cellule de communication, mais n’a eu aucune réponse. La situation est en effet très rassurante. 

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