La journée du jeudi fut marquée par la réunion des groupes de la majorité qui ont fait montre de cohésion pour donner l’image d’une majorité qui travaille contre vents et marées.

Le Chef du gouvernement a martelé que les chantiers en cours ne souffriraient désormais plus de perte de temps comme cela a été le cas dans son premier cabinet. Une façon de renvoyer la responsabilité de ce retard sur son ex-colistier du parti de l’Istiqlal.

Selon lui, les diatribes enflammées de l’opposition n’entameront pas le consensus qui règne au sein de son nouveau gouvernement. L’union n’est cependant pas la seule clé de la réussite eue égard aux nombreux chantiers qui attendent toujours d’aboutir et même des ministres de la majorité ont tenu à tempérer l’optimisme à tout crin de M. Benkirane.

Ainsi, Anas Birou, ministre RNI des MRE et de la migration a précisé qu’il était temps de «traduire de façon concrète les bonnes intentions exprimées dans les discours» et Nabil Benabdellah ministre PPS de l’Habitat et de la ville il a souligné la nécessité de mettre en place un calendrier précis pour la réalisation des projets du programme gouvernemental.

Le patronat déçu et mécontent

La CGEM qui avait pourtant salué le remaniement ministériel s’est ravisée en découvrant les nouvelles orientations économiques gouvernementales contenues dans cette loi de Finances.

La discussion sur le PLF a été l’objet d’une réunion houleuse samedi au siège du patronat en présence du nouveau ministre de l’Economie et des finances.

Ce dernier s’est retrouvé confronté à un feu nourri de critiques qui lui reprochait notamment la prolifération de nouvelles taxes, la hausse de la TVA et le manque de mesures favorisant la croissance et la compétitivité des entreprises. Sa seule ligne de défense portait sur la possibilité d’amendements du projet de loi à venir. Au vu de la bronca soulevée, il semble qu’il n’ait pas convaincu ses interlocuteurs.

L’opposition s’en est donnée à cœur joie en se mettant de la partie pour gâcher le week-end de la nouvelle coalition au pouvoir.

Le PAM, un opposant qui se veut virulent

Le parti de l’Authenticité et de la modernitéqui a réuni son 16^e conseil national à Skhirat ce week-end a mis en place un Front pour la défense de l’intégrité territoriale du royaume et de la question du Sahara.

Un thème consensuel s’il en est, qui ne peut qu’être salué par l’ensemble de la classe politique marocaine. Cette unanimité autour d’une cause nationale n’a pas empêché le PAM de donner un sérieux coup de griffe à la majorité gouvernementale.

Le président du parti Mustapha Bakkouri a déploré le fait que le gouvernement soit dépourvu d’une stratégie économique nationale globale. En d’autres termes le gouvernement actuel naviguerait à vue et sans vision à terme.

L’Istiqlal, comme jamais

L’Istiqlal en la personne de son secrétaire général va bien plus loin dans ses critiques contre la majorité dont il faisait partie jusqu’à récemment. La 4^e session du conseil national a été l’occasion pour Hamid Chabat de fourbir ses armes contre son nouvel ennemi juré.

Ainsi la présence de technocrates au sein du gouvernement devient une atteinte à la scène politique.

Le projet de loi de Finances 2014 est taxé de médiocre et stérile et Chabat de conclure son laïus en assénant que le gouvernement Benkirane est le pire de toute l’histoire du Maroc. C’est à croire que par le truchement du PLF, le Chef du gouvernement a donné à ses adversaires le bâton pour le battre.

La limite entre la mesure et la démesure n’a plus de frontière dans la vie politique au Maroc et assurément si rien n’a été épargné à ce nouveau gouvernement en cette fin de semaine, les hostilités ne font que commencer.