Les pays émergents pionniers d’un meilleur accès à la vaccination

SEATTLE – Les vaccins font aujourd’hui des miracles. Ils nous permettent de prévenir la maladie plutôt que d’avoir à la traiter, ils présentent un coût relativement faible, ainsi qu’une certaine facilité d’administration.

Les pays émergents pionniers d’un meilleur accès à la vaccination

Le 24 janvier 2014 à 11h21

Modifié 11 avril 2021 à 2h35

SEATTLE – Les vaccins font aujourd’hui des miracles. Ils nous permettent de prévenir la maladie plutôt que d’avoir à la traiter, ils présentent un coût relativement faible, ainsi qu’une certaine facilité d’administration.

Pourtant, des millions d’enfants à travers le monde n’y ont pas accès. Ce triste constat m’a toujours frappé.

Lorsque que nous avons créé la Fondation Gates il y a de cela 15 ans, nous pensions que l’ensemble des démarches les plus basiques en la matière étaient d’ores et déjà à l’œuvre, et qu’il nous appartenait de nous atteler à un certain nombre de problématiques plus coûteuses et plus incertaines. En réalité, la délivrance des vaccins les plus fondamentaux constitue encore aujourd’hui l’une de nos priorités.

À l’approche de l’année 2014, je suis plus optimiste que jamais quant aux progrès que nous pouvons accomplir dans l’exploitation de l’efficacité des vaccins en faveur d’une entrée dans la vie en bonne santé pour tous les enfants du monde. Nous bénéficions de nouvelles ressources de la part de généreux donateurs issus des quatre coins du globe. Nous développons par ailleurs un certain nombre de vaccins nouveaux et plus aboutis, qui permettent de protéger les jeunes populations contre plusieurs maladies mortelles. Enfin, nous identifions peu à peu de nouvelles manières d’administrer ces vaccins, et notamment dans les régions les plus reculées.

Bien souvent ignorée, l’une des évolutions les plus intéressantes du renforcement global de l’accès à la vaccination pour tous les enfants n’est autre que le rôle croissant joué par les fournisseurs de vaccins basés au sein des pays émergents. Un certain nombre d’États tels que le Brésil, la Chine et l’Inde ont d’ores et déjà eu à faire face à de nombreuses problématiques de santé et de développement qui leur étaient propres, et ont accompli des progrès considérables en la matière. Leur expérience et leurs capacités techniques bénéficient désormais à d’autres pays en direction de progrès dans ces domaines.

Bien que vous n’ayez probablement jamais entendu parler des sociétés pharmaceutiques telles que le Serum Institute of India, Bharat Biotech, Biological E, China National Biotec Group, et Bio-Manguinhos, nombre d’entre elles comptent aujourd’hui parmi les plus importants partenaires de la santé à travers le monde. En ayant su tirer parti de ce même esprit pionnier qui a permis de transformer les marchés émergents en pôles manufacturiers producteurs de marchandises allant de l’automobile aux ordinateurs, ces sociétés sont désormais devenues leaders dans la fourniture internationale de vaccins de qualité et proposés à faible coût.

L’accroissement de la concurrence, de même que les nouvelles approches de fabrication adoptées par ces différentes compagnies, ont abouti à la possibilité de protéger l’enfant contre huit maladies majeures – parmi lesquelles le tétanos, la coqueluche, la poliomyélite et la tuberculose – pour moins de 30 $. Le Serum Institute produit ses vaccins dans un volume supérieur à n’importe quelle autre entreprise à travers le monde, et joue un rôle considérable dans la réduction des coûts et l’accroissement des volumes.

Grâce aux efforts de ces fournisseurs, de même qu’aux partenariats étroits qu’ils ont conclus auprès de GAVI Alliance, de multinationales productrices de vaccins, ainsi que de donateurs internationaux, plus de 100 millions d’enfants sont ainsi vaccinés chaque année – un chiffre plus élevé que jamais auparavant. Grâce à l’entrée sur le marché de nouveaux fournisseurs stimulant la concurrence au travers de techniques de fabrication innovantes, les prix seront très probablement amenés à baisser encore davantage.

Considérons par exemple les avancées accomplies autour de cette immunisation vitale que constitue le vaccin pentavalent, qui protège l’enfant contre la diphtérie, le tétanos, la coqueluche, l’hépatite B et la grippe hémophile de type B (HiB) – le tout en une seule injection. À l’époque où GAVI Alliance l’a introduit, c’est à dire en 2001, un seul et unique fournisseur le proposait, pour un tarif de 3,50 $ par dose. Face à l’accroissement de la demande autour de ce vaccin, GAVI a encouragé d’autres fournisseurs à faire leur entrée sur le marché, ce qui a permis de faire considérablement baisser les prix. Cinq fournisseurs proposent aujourd’hui ce vaccin, la société pharmaceutique indienne Biological E ayant cette année annoncé qu’elle le proposerait pour seulement 1,19 $ par dose.

Nous constatons également combien les principaux pays émergents investissent dans les technologies biomédicales afin d’approvisionner les pays en voie de développement en nouveaux vaccins. Le département indien de la Biotechnologie et Bharat Biotech ont annoncé leur volonté de proposer cette année un nouveau vaccin contre le rotavirus – qui est responsable de la mort de centaines de milliers d’enfants – pour 1 $ la dose, soit un tarif significativement inférieur aux autres vaccins existant aujourd’hui. De même, une société biotechnologique chinoise a obtenu au mois d’octobre une approbation de la part de l’Organisation mondiale de la santé en vue du lancement sur le marché d’un vaccin amélioré permettant de protéger les enfants contre l’encéphalite japonaise. Au cours de ce même mois d’octobre, le plus important centre brésilien de recherche et de développement en matière biomédicale, le centre Bio-Manguinhos, a annoncé en partenariat avec la Fondation Gates un projet destiné à l’élaboration d’un vaccin combiné contre la rougeole et la rubéole.

Lorsque j’ai commencé à prendre part au combat pour la santé à travers le monde, il y a de cela 15 ans, les annonces de ce genre se faisaient rares. Le secteur de la vaccination était dominé par une poignée de multinationales pharmaceutiques basées dans les pays riches, et le marché tout entier souffrait d’une pénurie de concurrence. Aujourd’hui, les fabricants issus des pays émergents produisent environ 50% des vaccins achetés par les agences de l’ONU en vue d’une utilisation dans les pays en voie de développement, contre seulement environ 10% en 1997.

La contribution des producteurs de vaccins basés dans les pays émergents vient bien souvent compléter les efforts de leurs homologues au sein des pays développés. Il se trouve en réalité que plusieurs des idées les plus innovantes sont le fruit de cette collaboration. La fondation Gates a soutenu un partenariat majeur entre le Serum Institute of India et SynCo Bio Partners, producteur néerlandais de vaccins, en vue de la délivrance d’un vaccin low-cost destiné à protéger plus de 450 millions d’Africains contre la méningite. Cette année, Biological E a annoncé la conclusion de deux partenariats importants auprès de multinationales productrices de vaccins. La conclusion d’un partenariat conjoint avec GlaxoSmithKline permettra par ailleurs la fabrication d’un vaccin six-en-un destiné à protéger les enfants contre la poliomyélite et d’autres maladies infectieuses ; un autre partenariat, cette fois-ci avec Novartis, permettra de produire deux vaccins censés protéger plusieurs millions de personnes au sein des pays en voie de développement contre les fièvres typhoïde et paratyphoïde.

Malgré tous les progrès réalisés, il reste encore beaucoup à accomplir pour venir en aide aux 22 millions d’enfants – principalement répartis dans les pays les plus pauvres – qui n’ont pas accès aux vaccins les plus salutaires. Sans une protection contre un certain nombre de maladies mortelles telles que la rubéole, la pneumonie et le rotavirus, beaucoup de ces enfants se voient ravir la possibilité de grandir en bonne santé, d’aller à l’école, et de vivre une existence productive. Le pays dans lequel ils vivent est lui aussi perdant. La maladie dérobe aujourd’hui aux pays pauvres toute l’énergie et le talent associés à leurs populations, alourdit considérablement les coûts de traitement, et entrave la croissance économique.

Nous vivons dans un monde au sein duquel nous avons la capacité à corriger cette injustice. Nous bénéficions du savoir-faire nécessaire à la production de vaccins efficaces et abordables, ainsi qu’à la délivrance de ces vaccins auprès d’enfants n’y ayant pas accès. Les fournisseurs de vaccins basés dans les pays émergents comptent parmi les acteurs essentiels de ce processus. Grâce à leur contribution, nous nous approchons peu à peu du jour où chaque enfant pourra débuter sa vie en bonne santé.

 

Traduit de l’anglais par Martin Morel

Bill Gates est coprésident de la Fondation Bill & Melinda Gates.

Copyright: Project Syndicate, 2013.

www.project-syndicate.org

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