Maroc Vert: la réforme des marchés de gros devient une priorité en 2014

Hormis de rares exceptions, Maroc Vert atteint ou dépasse ses objectifs en matière de production agricole. Le problème qui émerge est celui de la commercialisation. Les professionnels avaient ce mercredi matin la parole pour un bilan d’étape.

Maroc Vert: la réforme des marchés de gros devient une priorité en 2014

Le 20 mars 2014 à 10h30

Modifié 20 mars 2014 à 10h30

Hormis de rares exceptions, Maroc Vert atteint ou dépasse ses objectifs en matière de production agricole. Le problème qui émerge est celui de la commercialisation. Les professionnels avaient ce mercredi matin la parole pour un bilan d’étape.

Une journée riche en enseignements. Aziz Akhannouch, ministre de l’agriculture et de la pêche, a réuni ce mercredi 19 mars les professionnels des différentes filières agricoles pour un bilan d’étape après la signature des contrats-programmes.

Premier point: ce sont les professionnels des fédérations agricoles concernées qui ont fait chacun à son tour le bilan d’étape de sa filière. Une méthode intéressante qui responsabilise les opérateurs et les pousse à s’approprier davantage les objectifs de Maroc Vert.

Second point: Trois intervenants se sont interrogés au sujet de la pérennisation de Maroc Vert qui a encore besoin, pour de longues années, du soutien des pouvoirs publics. “Or, le gouvernement n’a pas hésité l’année dernière à couper dans les crédits d’investissement“, dit le premier orateur. Ils proposent une loi-cadre ou une loi d’orientation pour “stabiliser les acquis et donner de la visibilité“.

Aziz Akhannouch : “Je prends note de votre demande. Je tiens à vous dire que la vraie garantie, c’est l’intérêt que Sa Majesté porte à Maroc Vert et à l’agriculture“.

Troisième point: la plupart des filières ont dépassé les objectifs de Maroc Vert. Les problématiques soulevées ont surtout trait à la disponibilité de l’eau, aux aides publiques, aux grèves et surtout à la commercialisation.

“La production a augmenté, les prix aussi sur le marché intérieur. Mais ni le producteur ni le consommateur n’en ont profité. Seuls les intermédiaires se sont enrichis“. Cette phrase a été répétée sur tous les tons, dans toutes les formes par la majeure partie des intervenants.

Aziz Akhannouch le savait. L’année dernière, au Siam, il avait consacré une partie des table rondes à la problématique de la commercialisation.

Cette année, la pression des producteurs est trop forte, il faut régler ou commencer à régler le problème de la commercialisation sur le marché intérieur. Et cela ne se fera pas rapidement, ni par un coup de baguette magique. C’est une grosse réforme, face à des lobbies dont certains se parent d’un habillage politique.

Les marchés de gros prélèvent 7% sur les transactions…

…sans assurer le service adéquat.

Quand le Maroc avait créé les marchés de gros de fruits et légumes dans plusieurs grandes villes, ainsi que les marchés municipaux en général, c’était un progrès. Car ces marchés ont joué un rôle de formation des prix et de confrontation de l’offre et de la demande.

Pour que ces marchés jouent leur rôle de formation des prix, il fallait qu’ils aient le monopole. Et ce monopole est devenu, au fil des années, une chasse gardée, surtout lorsque beaucoup d’argent circule (7% des transactions) et que la politique locale s’en mêle.

Car ces marchés sont supposés êtres “gérés“ par les collectivités locales, autrement dit les élus.

Le monopole n’est pas conditionné par une prestation de service. Ce qui signifie que la taxe s’est généralisée pour devenir une rente.

C’est une taxe ad valorem, elle n’est conditionnée par rien.

Le niveau élevé de la taxe, l’avidité de certains, la mauvaise qualité du service, ont conduit à un système de fraudes sur les quantités et les chiffres d’affaires.

Les communes sont devenues les alliés objectifs des mandataires et autres intermédiaires, s’opposant à toute réforme.

Or, la réforme est indispensable. Aujourd’hui, l’absence de normalisation par exemple, de différenciation des qualités, de calibrages de produits, impose un comparatif visuel et s’oppose à une dématérialisation et à une accélération de la circulation de l’information. La logistique, le conditionnement, le tri, le calibrage sont des termes qui ne veulent pas dire grand-chose. C’est un lexique étrange et étranger aux pratiques de nos marchés de gros.

Le commerce moderne de fruits et légumes s’appuie sur des normes, entre des opérateurs que des centaines ou des milliers de km séparent et qui parlent le même langage. La logistique joue un rôle essentiel et est devenue une chaîne à part dans la filière.

Dans les marchés de gros modernes comme Rungis, les recettes collectées par le marché sont élevées mais elles sont perçues en paiement de prestations précises, ce qui tire l’ensemble vers le haut.  A part les exportations où on est obligé de se soumettre aux règles internationales, les produits marocains destinés au marché intérieur sont soit achetés sur pied et commercialisés en vrac dans des camions, soit conditionnés dans des caisses en bois ou en plastique. Le tout dans la plus grande opacité. Point.

La qualité est mal rémunérée et on a intérêt à la baisser si l’on veut améliorer sa marge de producteur.

Mais comment faire ? Il faut une réforme de la loi qui accorde le monopole aux collectivités locales. Il faut autoriser des circuits destinés aux grandes surfaces, des plateformes de conditionnement et de commercialisation, des marchés rémunérés en fonction de leurs prestations et éventuellement gérés par le privé. Exactement ce qui s’est passé pour les abattoirs de viandes rouges.

Le ministre a dit qu’il ferait de cette question une priorité en cette année 2014 et que le ministre de l’Intérieur était sensible à cette question et avait manifesté sa compréhension.

Depuis le lancement du Plan Maroc Vert, le Gouvernement et les professionnels ont conclu entre 2008 et 2013 18 contrat-programmes visant le développement et la mise à niveau des principales filières agricoles, 13 végétales et 5 animales.

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