Energies renouvelables : Laâyoune a le vent en poupe

La stratégie énergétique du Maroc commence à porter ses fruits. Situé près de Laâyoune à Akhfennir, le premier parc éolien conçu et développé par Nareva est opérationnel depuis 2013, en attendant que les autres soient entièrement finalisés. Reportage.  

Energies renouvelables : Laâyoune a le vent en poupe

Le 22 avril 2014 à 15h35

Modifié 27 avril 2021 à 22h27

La stratégie énergétique du Maroc commence à porter ses fruits. Situé près de Laâyoune à Akhfennir, le premier parc éolien conçu et développé par Nareva est opérationnel depuis 2013, en attendant que les autres soient entièrement finalisés. Reportage.  

En ce lundi ensoleillé, c’est branle-bas de combat au site d’Akhfennir, une localité à 220 kilomètres au nord de Laâyoune. Nareva, filiale de la SNI opérant dans le secteur des énergies renouvelables, a mis les petits plats dans les grands pour faire découvrir à la presse nationale le premier parc éolien développé dans le cadre de la stratégie énergétique – qui prévoit, à l’horizon 2020, l’installation d’une capacité de 6.000 MW, dont 2.000 MW en énergie éolienne, soit 14% des besoins nationaux.

Sur un vaste terrain sablonneux sont plantées 61 éoliennes, dont on voit les pales tourner au souffle du vent. Opérationnel depuis juillet 2013, le site d’Akhfennir, développé par Energie Eolienne du Maroc (EEM), filiale de Narvena Holding, produit aujourd’hui 100 MW pour le compte de gros industriels marocains, dont Lafarge, Managem, OCP, Samir et Sonasid. Et l’on prévoit d’ores et déjà de passer à 200 MW. « Nous sommes fiers d’avoir réalisé le premier site éolien depuis la libéralisation de la production et la commercialisation d’électricité », s’enorgueillit Ahmed Nakkouch, PDG de Nareva Holding.

Le législateur avait en effet balisé le terrain en permettant, à travers la loi 13/09, relative aux énergies renouvelables, la commercialisation de l’électricité produite à des clients raccordés au réseau national, voire à l’export. Ne disposant pas de son propre réseau électrique, la production de Narvea s’achemine vers les clients à travers les installations de l’ONEE, qui facture à ceux-ci une redevance dont le montant varie en fonction de la consommation.

Cela ne risque-t-il pas d’entraver la compétitivité de l’entreprise ? Pas le moins du monde, répond le PDG. Car Nareva s’engage, auprès de ses clients, à maintenir sa facture au-dessous des prix pratiqués par l’ONEE. Et ce n’est pas tout : une stratégie de hedging a été adoptée pour couvrir les variations des prix sur 20 ans. En clair, qu’il vente ou qu’il pleuve, le prix de vente restera inchangé.

Sauf qu’une telle combinaison pourrait nuire à la rentabilité de ce projet, qui a coûté 3 milliards de DH. Objection que le PDG de Nareva balaie d’un revers de la main, promettant un retour sur investissement « au bout de cinq ou dix au maximum. » Et de préciser, non sans humour, que « tout dépendra du vent. » Bon vent !

Outre le site d’Akhfennir, EEM exploite également le parc éolien de Houama, dans le nord, composé de 22 éoliennes, d’une capacité de 50 MW, et celui de Foum el Oued, doté de la même puissance.

Le vent du sud nous emporte ensuite vers un autre site, celui de Tarfaya, le plus grand parc éolien en Afrique, dont le coût d’investissement se monte à 5 milliards de DH. Les 131 éoliennes qui y sont érigées - et qui ont coûté chacune 22 millions de dirhams - ont produit leurs premiers mégawatts le 3 avril, mais ne tourneront à plein régime – car l’installation n’a pas encore été entièrement finalisée - qu’à partir du mois de décembre.

(Parc éolien de Tarfaya)

Développé par Tarfaya Energy Company (Tarec), détenue à parts égales par Nareva et GDF-Suez, et financé par Attijariwafa Bank, BCP et BMCE, sa capacité installée est de 300 MW.  Mais à la différence du site d’Akhfennir, l’énergie produite par Tarfaya sera fournie exclusivement à l’ONEE dans le cadre d’un contrat d’achat de 20 ans, non-renouvelable.

Si pour l’instant l’énergie produite par Nareva est destinée au marché local, son exportation, bien qu’elle ne soit pas prioritaire, reste un des défis de la stratégie énergétique marocaine. Dans son article 24, la loi 13/09 dispose : « L’énergie électrique produite par l’exploitant d’une ou de plusieurs installations de production d’énergie électrique à partir de sources d’énergies renouvelables est destinée au marché national et à l’exportation. »

Toutefois, Nareva, qui est actionnaire de Desertec Industrial Initiative (DII), un lobby au soutien fragile aspirant à importer à l’horizon 2050 le cinquième des besoins énergétiques de l’Europe depuis l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient, semble plus que jamais sceptique quant à sa faisabilité. D’abord, parce qu’une directive européenne n’autorise que les importations énergétiques à l’intérieur de l’Europe. La deuxième entrave est d’ordre technique : aucune installation ne permet aujourd’hui l’acheminement de l’énergie vers le Vieux continent. Et lorsque l’on sait que l’Espagne refuse mordicus que ses lignes soient exploitées, il est inutile de continuer de prêcher dans le désert.

Pourquoi alors rester actionnaire lorsque l’on ne cautionne pas entièrement le projet ? « Nous attendons le prochain Conseil d’administration, qui se tiendra dans trois mois, pour clarifier la situation », nous dit Ahmed Nakkouch. Un éventuel retrait de Nareva ? « Tout est possible », s’est-il contenté de nous répondre.

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