Cinq partis politiques condamnent les actes homophobes de Béni Mellal

Si les associations ont rapidement condamné la violation de domicile et le passage à tabac de deux présumés homosexuels qui a eu lieu il y a quelques jours, la classe politique est restée étrangement silencieuse.

Cinq partis politiques condamnent les actes homophobes de Béni Mellal

Le 31 mars 2016 à 12h21

Modifié 11 avril 2021 à 2h38

Si les associations ont rapidement condamné la violation de domicile et le passage à tabac de deux présumés homosexuels qui a eu lieu il y a quelques jours, la classe politique est restée étrangement silencieuse.

Médias24 a fait sortir cinq des huit principaux chefs de partis politiques de leur mutisme.

A la veille des élections législatives, la question de défendre deux hommes victimes d'agression homophobe à Beni Mellal est sensible et constitue un terrain glissant pour des partis qui veulent ratisser le plus large possible.

C’est peut-être la raison pour laquelle seule l'Union Constitutionnelle a pris le risque de diffuser un communiqué en bonne et dure forme, près d’une semaine après la révélation d’une affaire qui a fait les choux gras de la presse nationale et internationale.

Notre rédaction a donc recueilli les réactions des patrons de cinq des huit plus grandes formations politiques marocaines: l'UC, le PPS, le PJD, le PAM et l'USFP. Les trois autres ont soit décliné notre demande, soit étaient injoignables.

A la question de savoir si cette affaire constitue une atteinte aux libertés individuelles et si le verdict plus sévère pour la victime que pour l’agresseur est juste, les dirigeants interrogés ont répondu de manière plus ou moins franche ou tiède.

Contrairement aux autres partis, Mohamed Sajid, secrétaire général de l’UC a choisi de réagir fermement, en publiant un communiqué dénonçant une affaire illustrant un retour aux pratiques du Moyen-âge.

«L’UC ne peut que s’émouvoir de la dérive des libertés publiques au Maroc d’une manière générale.

«Il ne faut surtout pas s’habituer à cette crispation et à ce repli identitaire que nous devons au contraire combattre, sous peine de revenir aux pratiques qui avaient cours au Moyen-âge.

«De plus, nous trouvons inadmissible que la victime ait été condamnée à de la prison ferme, alors que ses deux agresseurs ont bénéficié de sursis».

Mohamed Nabil Benabdellah, secrétaire général du PPS s’est dit scandalisé par la violation de domicile qui a conduit à l’agression des deux jeunes victimes.

«Dans ce pays, il y a une Constitution, qui énonce des droits inaliénables et où l’espace privé ne peut en aucun cas être violé. Notre parti ne peut que condamner cette violation de domicile, car elle peut conduire à des choses effroyables. Si on se met à investir illégalement une propriété privée pour y faire sa loi, où va-t-on se retrouver?

«L’Islam énonce clairement que ce qui se passe dans un espace privé doit être préservé et que cela ne regarde que ses occupants. La condamnation de la victime à de la prison ferme montre que malheureusement certains juges sont encore marqués par un esprit conservateur, voire rétrograde».

Tout juste rentré d’un séjour en Suède, Saâdeddine El Othmani, président du Conseil national du PJD, affirme ne pas être au courant,  mais cela ne l’a pas empêché de réagir après notre récit de l’affaire.

"Je ne peux que m’insurger contre ces agissements inacceptables commis en dehors des lois. Je vous rappelle que lors du passage à tabac du prétendu travesti de Fès, le PJD s’était prononcé clairement pour dénoncer ce type de justice expéditive avec des individus se substituant aux autorités et à la loi".

Sur le deux poids deux mesures de la justice qui a condamné une victime, El Othmani préfère s’abstenir de commenter une décision qui lui échappe avant d'en connaître tous les détails.

Pour Ilyas El Omari, secrétaire général du PAM , le résultat de la justice expéditive des agresseurs montre qu'il  ne saurait y avoir d’autorité juste autre que celle légalement constituée.

«Quelle que soit sa position, personne n’a le droit de juger un individu pour ses actes, car la justice est une affaire d’institutions et non d’individus. Il n’est pas possible que quelqu’un se mette à interdire tel ou tel comportement, surtout dans un cadre privé, car seule la loi est habilitée à le faire.

«Si on laisse faire, nous courrons vers la guerre civile. L’année dernière, on s’attaquait à des filles en jupe, aujourd’hui à des homosexuels, demain, ce sera le tour des filles ne portant pas de foulard».

Prudent, Habib El Malki, numéro 2 de l’USFP a déclaré qu’il avait demandé aux responsables locaux du parti à Béni Mellal de préparer un rapport sur la question, avant de communiquer.

«Ce que je peux vous dire aujourd’hui, c’est que nous nous opposons à toute atteinte aux libertés individuelles, mais nous préférons attendre un rapport exhaustif et circonstancié. Si cette affaire se confirme au terme de notre enquête, nous ne manquerons pas de prendre position».

Expéditif, Mohand Laenser, secrétaire général du MP, s’est contenté d’un No comment en arguant qu’il venait de découvrir l’histoire et n’avait aucun élément de réponse avant de couper court à notre conversation.

Sollicité à plusieurs reprises, le président du RNI, Salaheddine Mezouar est resté injoignable, du fait de son agenda chargé, tandis que Hamid Chabat de l’Istiqlal n’a pas daigné répondre, même s’il était prévenu de notre appel. 

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