Programmes: Une unanimité sur le renouvellement du modèle économique

Médias 24 poursuit l’analyse comparée des programmes des partis politiques. Après la culture et l’effacement relatif des idéologies, voici le modèle économique.

Programmes: Une unanimité sur le renouvellement du modèle économique

Le 4 octobre 2016 à 10h53

Modifié 11 avril 2021 à 2h38

Médias 24 poursuit l’analyse comparée des programmes des partis politiques. Après la culture et l’effacement relatif des idéologies, voici le modèle économique.

Quelle lecture font les partis politiques de l’état de notre économie, des réformes qu’elle a connues, des changements à introduire dans la gestion de la politique de développement?

Le constat est unanime: le Maroc a mis en place un modèle productif qui lui a assuré une croissance soutenue sans pour autant lui permettre de résorber le chômage ni redresser ses déséquilibres extérieurs.

L’économie marocaine a été essentiellement tirée par la consommation des ménages et l’investissement public… Ce modèle commence à montrer ses limites pour s’adapter au renouvellement accéléré des conditions de la compétitivité et des processus induits par l’innovation.

Les limites apparaissent clairement dans la lente transformation sectorielle, la reproduction de positions de rente dans certains secteurs et la persistance des disparités sociales et territoriales.

Les faiblesses du modèle économique actuel font l'unanimité

Des points communs semblent se dégager de l’identification des faiblesses de ce modèle:

-la lente progression du secteur exportateur,

-la stagnation des gains de productivité globale des facteurs,

-la baisse de la rentabilité des entreprises, qui pèse sur leur capacité à innover,

-un marché du travail dual,

-un système de formation initiale et continue rigide,

-une mauvaise coordination des institutions sur lesquelles repose ce modèle productif.

Les contraintes les plus préoccupantes au changement structurel sont communément partagées: elles concernent la faiblesse du capital humain, les difficultés d’accès au foncier et au financement pour les PME, la défiance à l’égard de l’institution judiciaire.

Les options du modèle économique alternatif

La plupart des partis mettent en exergue la nécessité de renouveler le modèle de développement, selon une vision stratégique globale et intégrée.

La configuration du modèle alternatif est largement partagée:

-transition vers de nouvelles sources de croissance,

-renforcement de la compétitivité de l’économie nationale

-et diversification des exportations.

Un modèle qui serait basé sur une croissance inclusive capable de créer suffisamment d’emplois et de réduire les disparités sociales.  

Les différences portent moins sur les visions que sur tel ou tel autre aspect partiel du modèle.

Le PJD et le PPS insistent surla transformation structurelle de l’économie,l’appui à l’industrialisation,l’amélioration de l’accès au foncier.

 Le PAM et l’USFP pointent le doigt sur l’innovation, le soutien à l’investissement et la gouvernance numérique.

Le RNI est le chantre d’un modèle économique axé sur l’offre et la régionalisation avancée comme locomotive.

Le PI fait prévaloir la complémentarité économique et le renforcement des capacités productives du secteur privé.

L’UCet le MP insistent sur les réformes transversales (foncier, financement) et ne s’attardent pas sur le changement de modèle dans sa globalité.

Le PPS défend l’ambition industrielle du Maroc et identifie les ajustements à apporter aux autres  plans sectoriels.

La FGD, fidèle à son approche de l’économie mixte, appelle à la construction d’une économie forte efficiente et productive, en rupture avec les positions de la rente; une économie bâtie sur un lien étroit entre les réformes institutionnelles et la réforme de la situation économique.   

Enfin, l’économie verte, fondée sur de développement durable et équitable, devient un leitmotiv de tous les partis.

Les objectifs recherchés par l’ensemble des mesures d’accompagnement des mutations de l’économie marocaine sont de redresser le trend de la croissance, renforcer les capacités techniques et technologiques des entreprises, redresser le déficit de positionnement économique international du Maroc, créer de l’emploi et garantir une distribution équitable et solidaire de la richesse et réduire les inégalités sociales.

Dans la mise en œuvre de ce modèle, une nouvelle politique de régulation est convoquée.

Le PJD et le PI insistent sur le nouveau rôle des finances publiques (gestion maîtrisée et anticipative des dépenses publiques, réforme fiscale, restructuration de l’investissement), libéralisation progressive du taux de change.  

L’UC et le MP mettent l’accent sur la mobilisation de l’épargne.

La réforme du climat des affaires (code du travail, charte investissement, code des marchés publics..), la stratégie du foncier, la révision des incitations et le ciblage des aides financières, l’intégration de l’informel, figurent dans tous les programmes.

Le PAM se distingue relativement en suggérant à demi-mot une redéfinition de la politique monétaire et un rôle plus actif de la Banque centrale dans le financement de l’économe.

L’USFP propose des mesures spécifiques: compensation industrielle, relèvement de la productivité agricole, évaluation des accords de libre-échange, efficacité du financement.  

La FGD propose de réorienter la politique des finances publiques, en donnant la priorité aux services publics essentiels et à la préservation des ressources naturelles et à… la révision de la privatisation.

Quelle cohérence? Comment financer les dépenses et combler les manques à gagner?

La mise en oeuvre de cette panoplie de mesures soulève le problème de la cohérence des orientations de la politique économique et de ses impacts sur les équilibres macro-économiques internes.

La reprise d’un processus de croissance dynamique et stable passe d’abord par le fonctionnement d’une macroéconomie assainie, qui préserve et consolide les progrès accomplis et un déficit budgétaire contrôlable. 

Comment donc concilier l’augmentation des dépenses publiques générées par l’application de ces mesures avec la baisse des recettes fiscales qu’engendreraient les réformes préconisées de la fiscalité (baisse de l’IS et de l’impôt sur les revenus, révision de la TVA)?

Le surplus de croissance attendu et l’élargissement de l’assiette fiscale produiront-ils des ressources additionnelles suffisantes pour éviter une dérive du déficit budgétaire?

La vraisemblance de l’insoutenabilité financière de ces mesures fera peser de grands risques, non seulement sur les déséquilibres internes mais aussi extérieurs.

L’aggravation des déficits jumeaux ne sera écartée que si les réformes de la dépense publique, de son ciblage, de sa qualité, de sa programmation sont conduites avec rigueur. La politique macro-économique doit non seulement être en mesure de garantir la stabilité nominale; il faut également qu’elle parvienne à atténuer la volatilité réelle, moyennant l’accroissement de l’épargne intérieure et l’approfondissement des marchés financiers, afin de réduire la dépendance vis-à-vis de l’épargne extérieure.

Il est parfaitement admis par tous les partis que la politique de développement doit revoir son approche pour s’inscrire dans une stratégie globale, basée sur un cadre macro-économique cohérent et une vision intégrée des divers aspects des politiques économiques et sectorielles.

Le Maroc doit aujourd’hui faire des choix pour rendre plus performant son modèle productif, tout en organisant sa transition vers une croissance inclusive et soutenable.

Toutefois, les orientations proposées par les programmes n’accordent pas aux aspects qualitatifs, à la régulation conjoncturelle et aux procédures d’intégration et de convergence des programmes sectoriels l’intérêt qu’ils méritent.

C’est l’adoption d’un dispositif de pilotage stratégique des réformes qui permettrait de renforcer la cohérence globale de l’action publique, en assurant une meilleure coordination entre les intervenants.

Changer de modèle, c’est transformer l’économie, mais c’est aussi réformer les politiques sociales et les institutions.

Pour plus d'informations voici les programmes électoraux des 9 grands partis à feuilleter
 

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