Le décret “Muslim Ban” de Trump soulève stupeur et réprobation

Mobilisation éclair des défenseurs américains des immigrés après l'interpellation samedi de migrants musulmans dans des aéroports, perturbations dans les aéroports de départ et d'arrivée, vague internationale d'indignation.

Le décret “Muslim Ban” de Trump soulève stupeur et réprobation

Le 29 janvier 2017 à 1h16

Modifié le 11 avril 2021 à 2h39

Mobilisation éclair des défenseurs américains des immigrés après l'interpellation samedi de migrants musulmans dans des aéroports, perturbations dans les aéroports de départ et d'arrivée, vague internationale d'indignation.

>Que dit la décision américaine? Elle a fait l'objet d'un décret présidentiel. Ce décret interdit pour 90 jours l'entrée aux Etats-Unis de ressortissants de sept pays musulmans jugés dangereux (Irak, Iran, Yemen, Soudan, Libye, Somalie, Syrie). De nombreuses associations ont fait voeu de combattre le texte et son caractère discriminatoire.

Un responsable de la Maison Blanche a précisé samedi que les détenteurs de la carte verte - le célèbre permis de séjour permanent américain qu'il faut souvent des années pour obtenir - se trouvant à l'étranger "devront se rendre au consulat américain" pour obtenir l'autorisation de revenir aux Etats-Unis.

Ceux qui sont aux Etats-Unis mais qui voudraient voyager à l'étranger, devront eux aussi demander l'autorisation préalable à un responsable consulaire.

Le département d'Etat a par ailleurs précisé que les ressortissants des sept pays concernés se verraient refuser l'entrée aux Etats-Unis pendant les 90 jours prochains, quel que soit leur visa. Seuls les détenteurs d'un passeport américain pourront entrer.

Le décret ne concerne pas les ressortissants détenteurs de visas diplomatiques et officiels et qui travaillent pour des institutions internationales.

>Empêchés de prendre l'avion. Impact sur les étudiants. Des Iraniens et Irakiens ont été empêchés samedi de prendre des vols pour les Etats-Unis quelques heures après la décision du président Trump.

L'Iran, dont plusieurs ressortissants n'ont pu s'envoler pour les Etats-Unis, a annoncé en soirée sa décision d'appliquer une mesure de réciprocité après la décision "insultante" des Etats-Unis.

La Maison Blanche a annoncé vendredi avoir interdit pendant trois mois l'arrivée de ressortissants de sept pays musulmans: Irak, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Syrie et Yémen.

Cette mesure, visant à lutter contre les "terroristes islamistes radicaux", a suscité immédiatement l'inquiétude de l'ONU qui a demandé aux Etats-Unis de conserver sa tradition d'accueil.

Des responsables de deux agences de voyage ont affirmé avoir reçu des instructions de la part des compagnies Emirates, Turkish Airlines et Etihad Airways, de ne plus vendre de billet à des Iraniens ayant un visa américain, car ces dernières refusent de les embarquer à bord.

Une Iranienne, étudiante en gestion en Californie, devait retourner le 4 février aux Etats-Unis. "J'avais un billet sur Turkish (Airlines) le 4 février prochain, mais il a été annulé", a-t-elle déclaré à l'AFP, sous couvert de l'anonymat.

Selon ce texte, les réfugiés syriens, qui ont fui par millions le conflit dans leur pays, et dont 18.000 ont été acceptés aux Etats-Unis depuis 2011, seront interdits d'entrée jusqu'à nouvel ordre.

Certains d'entre eux, réfugiés au Liban, dénonçaient une mesure injuste.

Trump "n’a pas le droit de prendre une telle décision", souligne Ibtissam Youssef al-Faraj, une mère de famille de 41 ans, dans un camp informel dans la Bekaa (est).

Au Soudan, autre pays concerné par le décret, le ministère des Affaires étrangères a exprimé son "regret" d'une telle décision.

>Recours en justice. Plusieurs associations de défense des droits civiques américaines ont attaqué samedi en justice le décret, après l'arrestation notamment de deux Irakiens dans un aéroport de New York.

Un premier cas pratique s'est présenté dès vendredi soir, à New York, où deux Irakiens ayant travaillé pour les Etats-unis en Irak étaient arrêtés à leur arrivée à l'aéroport JF Kennedy en vertu de ce nouveau décret, malgré leur visa d'immigration en bonne et due forme.

La réplique n'a pas tardé: plusieurs associations de défense des immigrés dont la puissante ACLU déposaient une plainte samedi matin auprès d'un tribunal fédéral new-yorkais, demandant qu'ils soient immédiatement relâchés, et introduisant une action collective au nom de tous les migrants qui pourraient être interpellés de la même façon dans les aéroports américains.

Plusieurs associations ont aussi appelé en urgence dans la matinée à une manifestation au Terminal 4 de JFK qui rassemblait en fin d'après-midi plusieurs centaines de personnes scandant: "Laissez-les entrer! Laissez-les entrer!" (vidéo)

 

Deux représentants démocrates de New York au Congrès, Jerry Nadler et Nydia Velasquez, négociaient pied à pied la libération d'au moins une dizaine de ressortissants des pays visés, retenus par les autorités portuaires.

Alors que les arrivées à JFK étaient perturbées, ils ont pu obtenir la libération d'un des deux Irakiens arrêtés vendredi soir, Hameed Khalid Darweesh, qui selon l'ACLU a travaillé pour des entreprises américaines et le consulat américain à Erbil.

Il a quitté l'aéroport dans l'après-midi, sous les vivas des manifestants qui lui ont crié "Bienvenue chez vous" et "Les musulmans sont les bienvenus! Ni haine! Ni peur!". Le sort du second Irakien restait incertain.

"Nous ne devrions pas avoir à demander la libération des réfugiés un par un", a déclaré M. Nadler. "Nous devons combattre ce décret dans la rue, devant les tribunaux, partout, tout le temps. Nous devons résister et nous battre".

Même si toutes les personnes détenues à JFK étaient finalement libérées, la mobilisation des associations et la plainte déposée samedi laissent augurer d'une bataille rangée entre les défenseurs des immigrés, d'une part, et l'administration de Donald Trump d'autre part.

"C'est la première salve d'une longue bataille devant les tribunaux" a estimé Michael Kagan, spécialiste du droit de l'immigration à l'université du Nevada.

"On se prépare à une guerre de tranchées juridique depuis l'élection. Il y a eu beaucoup de spéculations sur ce que Trump voulait vraiment dire, si des technocrates au gouvernement allaient le modérer, plus maintenant: il fait littéralement ce qu'il avait dit qu'il ferait".

Pour ce juriste, l'issue de cette bataille juridique est incertaine car elle est "sans précédent dans l'histoire récente américaine".

Son issue dépendra de l'attitude des juges et pourrait remonter jusqu'à la Cour suprême, qui n'a pas eu à trancher sur des affaires d'immigration de ce type depuis la loi sur l'exclusion des Chinois (Chinese Exclusion Act), adoptée en 1882.

Lors de cette période de forte discrimination contre les Chinois, la loi a interdit pendant plusieurs décennies l'entrée sur le territoire américain de tous les ressortissants chinois, y compris ceux qui résidaient légalement aux Etats-Unis, et étaient temporairement repartis dans leur pays d'origine.

Des cas similaires pourraient maintenant se multiplier, selon M. Kagan.

(Avec AFP)

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