Deal du siècle: La conférence de Bahreïn démarre sur un show de Kushner

La conférence appelée "Atelier de la paix à la prospérité" a démarré mardi en fin de journée à Manama (Bahreïn) avec une présentation effectuée par un Jared Kushner, séducteur pour l'occasion, qui a évoqué le peuple palestinien et son "droit à la prospérité et à la dignité", devant un public dont une grande partie buvait ses paroles.

Deal du siècle: La conférence de Bahreïn démarre sur un show de Kushner

Le 25 juin 2019 à 13h42

Modifié le 10 avril 2021 à 21h24

La conférence appelée "Atelier de la paix à la prospérité" a démarré mardi en fin de journée à Manama (Bahreïn) avec une présentation effectuée par un Jared Kushner, séducteur pour l'occasion, qui a évoqué le peuple palestinien et son "droit à la prospérité et à la dignité", devant un public dont une grande partie buvait ses paroles.

Le Maroc n'a dépêché aucun responsable politique à cette conférence, mais un fonctionnaire du ministère des Finances. Il en va de même de la Jordanie et de l'Egypte. Le Royaume a également pris soin de souligner dans un communiqué que la présence marocaine ne se fera pas au détriment des Palestiniens et que le Maroc restera fidèle à ses principes et au droit international, en d'autres termes, deux Etats avec Jérusalem comme capitale de la Palestine.

Parmi les présents à Bahreïn, nous avons noté Christine Lagarde, DG du FMI et Tony Blair, ancien premier ministre britannique.

Le plan présenté par Kushner est séduisant sur le papier mais il aurait été plus crédible si les USA n'avaient pas reconnu Jérusalem comme capitale d'Israël et si Trump ne s'était pas déclaré favorable à la reconnaissance d'annexions de territoires par Israël.

Jared Kushner a exhorté les Palestiniens à saisir "l'occasion du siècle".

La politique suivra, estime l'administration Trump. Pour l'instant, son plan va se concentrer sur des propositions économiques, présentées pendant deux jours "d'atelier" dans un palace surplombant les eaux du Golfe, à Bahreïn.

Le volet économique du plan dévoilé samedi fait miroiter 50 milliards de dollars d'investissements internationaux dans les Territoires palestiniens et les pays arabes voisins sur dix ans.

"Accepter une voie de développement économique est une condition préalable pour parvenir à régler ce problème politique auparavant insoluble", a affirmé dans son discours d'ouverture Jared Kushner, également gendre du président Trump.

Bien que les questions politiques ne doivent pas être abordées au cours des deux jours de travaux à Manama, il a reconnu qu'elles devraient être traitées ultérieurement.

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"Il faut être clair", a-t-il déclaré: "La croissance économique et la prospérité pour le peuple palestinien ne pourront être atteints sans une solution politique juste et durable, qui garantisse la sécurité d'Israël et respecte la dignité du peuple palestinien". Il n'a pas évoqué les "droits" du peuple palestinien, mais seulement le mot "dignité", laissant entendre que la dignité est une affaire économique.

Sur un ton impersonnel et avec un visage inexpressif, Kushner a promis des projets et a déclamé une série de slogans et de généralités. Il a promis une infrastructure électrique dans les territoires palestiniens, mais a reconnu que celle-ci pourrait être détruite en cas de conflit.

 Rejet a priori

"Mon message direct au peuple palestinien est que (...) le président Trump et l'Amérique ne vous ont pas abandonnés", a-t-il encore dit. Toutes les décisions de l'administration Trump jusqu'à présent montraient pourtant le contraire.

Ce plan de développement économique pourrait être "l'occasion du siècle, si la direction (palestinienne) a le courage de la saisir", a insisté Jared Kushner.

Selon Washington, le plan pourrait permettre, grâce à de grands travaux et le développement du tourisme, la création d'un million d'emplois pour des Palestiniens englués dans une crise économique.

Mais les Palestiniens ont dès le départ rejeté cette initiative, estimant qu'il s'agissait, de la part d'un Trump ouvertement pro-israélien, de tenter de les acheter.

Saëb Erakat, le secrétaire-général de l'OLP, a indiqué que l'administration Trump "insinue qu'elle sait ce qui est le mieux pour le peuple palestinien".

"Ce genre de campagne vise à faire accepter au peuple et aux dirigeants palestiniens les dictats, les menaces et la tyrannie à la fois des Etats-Unis et d'Israël : elle est vouée à l'échec", a-t-il assuré.

Des manifestations ont eu lieu lundi en Cisjordanie occupée pour protester contre la tenue de cette conférence, brûlant des portraits du président Trump et du roi de Bahreïn.

Fait sans précédent, Manama a accueilli pour cette conférence des dizaines d'Israéliens, dont des chercheurs et des journalistes, en dépit de l'absence de relations diplomatiques entre les deux pays.

Les Etats-Unis se félicitent de la tenue de cette conférence, qui réunit ses alliés du Golfe et Israël, unis dans leur hostilité envers l'Iran.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui a aussi critiqué le boycott palestinien, a évoqué au cours des derniers mois la possibilité d'annexer une partie des territoires occupés, ce qui mettrait fin aux espoirs des Palestiniens de parvenir à fonder leur propre Etat.

L'administration américaine a laissé entendre qu'elle pourrait accepter cette annexion et que le volet politique de son plan pourrait ne pas faire référence à un Etat palestinien, contrairement à la position américaine depuis des décennies.

Un échec certain

Le président Trump a déjà reconnu Jérusalem comme capitale d'Israël et Jared Kushner est un ami de la famille Netanyahu.

L'Arabie saoudite, qui a envoyé à Manama son ministre des Finances, a dit soutenir "tous les efforts internationaux destinés à parvenir à la prospérité dans la région". Mais elle s'est également prononcé en faveur d'une paix "totale et juste" et réitéré son soutien à l'établissement d'un Etat palestinien.

La Jordanie et l'Egypte, les deux seules nations arabes ayant signé un accord de paix avec Israël, ont envoyé à Manama des fonctionnaires de même que le Maroc.

En l'absence des principaux intéressés, la conférence ne devrait pas parvenir à des résultats tangibles, estiment les experts.

Selon Richard LeBaron, ancien diplomate américain au Moyen-Orient, l'absence des dirigeants palestiniens va permettre à Jared Kushner de les décrire comme des personnes faisant fi du bien-être économique de leur peuple.

"L'échec de l'atelier de Manama sera en fait un succès pour la stratégie de Trump", juge M. LeBaron, du groupe de réflexion Atlantic Council. "Cela permettra à Kushner et son équipe de prétendre qu'ils ont tout fait pour parvenir à une solution et de reprocher à d'autres leur manque de coopération".

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