En détresse, une partie de la jeunesse marocaine multiplie les signaux d'alerte

Dans un pays comme le Maroc où les jeunes représentent une part non négligeable de la population, cette catégorie constitue à la fois un levier de développement formidable si elle est prise en charge, et une bombe à retardement sociale si elle est négligée.

En détresse, une partie de la jeunesse marocaine multiplie les signaux d'alerte

Le 3 octobre 2019 à 17h00

Modifié 11 avril 2021 à 2h43

Dans un pays comme le Maroc où les jeunes représentent une part non négligeable de la population, cette catégorie constitue à la fois un levier de développement formidable si elle est prise en charge, et une bombe à retardement sociale si elle est négligée.

Les chansons des supporters de l’Ittihad de Tanger et des ultras du Raja de Casablanca, exprimant le ras-le-bol de la population et dénonçant la gouvernance, la situation socio-économique du pays et le creusement des inégalités, ont fait le tour des médias sociaux au Maroc et à l’étranger.

Si elles véhiculent une image négative du pays, elles reflètent surtout le malaise et la détresse d’une partie de la jeunesse marocaine. Surtout celle qui est exclue de la formation et de l'emploi et également de la vie politique.

La multiplication des opérations d’émigration clandestine constitue un autre signal d’alarme sur l’état d’esprit et la situation des jeunes.

Dans un pays comme le Maroc où cette catégorie représente une part non négligeable de la population, les jeunes constituent à la fois un levier de développement formidable, s’ils sont correctement accompagnés, et une bombe à retardement sociale s’ils sont négligés.

Le gouvernement s’est doté depuis 2014 d’une stratégie nationale intégrée de la jeunesse 2015-2030, pour "une jeunesse citoyenne, entreprenante, heureuse et épanouie".

Hormis le fait que les résultats de cette stratégie ne sont toujours pas visibles, le Conseil économique et social a publié un rapport en août dernier où il a tiré la sonnette d’alarme sur la situation des jeunes et proposé sa propre vision d’une nouvelle initiative en leur faveur.

Mais d’abord qui sont ces derniers ? Combien sont-ils ? Quelle est leur situation socio-économique et quelles sont leurs attentes ?

Les jeunes de 15 à 24 ans, une tranche de la population stratégique

La dernière enquête nationale sur les jeunes a été réalisée par le HCP en 2011. S’il gagnerait à être actualisé pour mieux refléter la situation actuelle, ce document donne une image intéressante de la jeunesse marocaine.

Tout d’abord, précisons qu’il n’y a pas de norme sur l’âge de la jeunesse. Chaque institution prend la tranche qu’elle trouve cohérente avec les objectifs de ses études. Le HCP a pris dans son enquête nationale sur la jeunesse la tranche 18-44 ans, mais a publié un an plus tard un rapport pour zoomer sur la tranche des 15-24 ans.

"La tranche d’âge de 15 à 24 ans constitue une période charnière entre l’école et le monde du travail et entre l’enfance et l’âge adulte. L’encadrement des jeunes au cours de cette phase et la prise en compte de leurs problèmes, de leurs besoins et de leurs attentes dans l’élaboration des politiques publiques sont cruciaux pour leur avenir et celui du pays entier", a-t-il justifié son choix.

Nous allons donc nous focaliser sur cette tranche d’âge des 15-24 ans.

6,3 millions, près de 20% de la population totale

En 2011, le Maroc comptait 6,3 millions de jeunes âgés de 15 à 24 ans, soit 19,5% de la population totale. 3,2 millions de sexe masculin et 3,4 millions d'urbains.

87,5% sont célibataires. Cette part est moins élevée chez les filles (77,4%) qui se marient de plus en plus jeunes : 22% des 15-24 ans étaient mariées en 2011 contre 18% en 2000.

81% des 18-24 ans habitent chez leurs parents et 15% avec la petite famille. 73% des chefs de ménage les abritant exercent un travail, 1,5% seulement sont au chômage et 25,6% sont inactifs (surtout des femmes au foyer).

Niveau scolaire et de diplôme très faible

Les jeunes demeurent faiblement instruits. 11% n’ont aucun niveau scolaire et 56% ont à peine fait le primaire et le collège. 24,6% ont le niveau du secondaire qualifiant et seuls 6% ont fait des études supérieures. Ces pourcentages se dégradent davantage pour les filles et les ruraux.

D’où le niveau des diplômes : 36% n’en ont aucun et 55,5% ont un diplôme de niveau moyen (primaire et secondaire collégial, qualification ou spécialisation professionnelle).

A peine 6% ont le baccalauréat et 1,2% seulement ont un diplôme de l’enseignement supérieur.

Un chômage élevé et des emplois précaires

Sur les 6,3 millions de jeunes de 15 à 24 ans, 2,2 millions étaient déjà sur le marché du travail, c’est-à-dire occupant ou cherchant un emploi. Soit un taux d’activité de 35%. Plus de 6% étaient au chômage, ce qui donne un taux d’emploi de 28,7%.

Autrement dit, 65% des jeunes âgés de 15-24 ans sont inactifs. Pour quelle raison ? 62,6% des inactifs sont encore élèves ou étudiants, 2% malades et 34,6% des femmes au foyer.

Le taux de chômage des 15-24 ans est élevé. Il était en 2011 de 18% au niveau national et de 32% en milieu urbain.

Ceux qui travaillent sont à 50% des aides familiales, c’est-à-dire travaillant sans rémunération pour la famille, majoritairement dans le domaine agricole.

Le HCP rappelle qu’en 2007 (dernière donnée disponible), près de 100.000 jeunes de 15-24 ans étaient des chefs d’unités de production informelles, soit 6% du total des chefs d’UPI. Ils exerçaient majoritairement dans le commerce.

Les deux tiers estiment que les inégalités sociales augmentent

Toujours en 2007, près de 70% des jeunes vivaient avec 1 à 3 personnes dans la même pièce.

9,6% des ménages abritant au moins un jeune de 15-24 ans étaient pauvres et 19,3% vulnérables, contre respectivement 7,8% et 14,2% pour les ménages n’abritant pas un jeune de 15-24 ans. Ces pourcentages sont plus dégradés en milieu rural.

En 2011, plus de 5% des 18-24 estimaient que leur niveau de vie a stagné ou s’est détérioré au cours des dix dernières années. 57% pensent appartenir à la classe moyenne et 41% à la classe pauvre.

66% estimaient que les inégalités sociales augmentent et 24% stagnent.

Leurs priorités et inquiétudes

56% des jeunes de 18-24 ans ne pensaient pas au mariage en 2011, même s’ils étaient 68% à le considérer comme un facteur de stabilité et de constitution d’une famille.

Les choses les plus importantes à leurs yeux étaient, dans l’ordre, le foyer, la religion, le travail, le progrès du pays, les études puis la famille étendue.

Leurs priorités : la réforme de l’enseignement et de la formation, l’amélioration des services de santé, offrir l’emploi et l’égalité des chances pour y accéder, rendre disponible l’habitat décent et respecter les droits de l’Homme.

Leurs inquiétudes : le chômage, la cherté de la vie, la diminution du revenu, l’insécurité et les maladies invalidantes.

Pour eux, les facteurs d’ascension sociale sont (tenez-vous bien) le sexe, l’appartenance ethnique ou régionale, être sérieux et ambitieux, avoir un niveau d’enseignement élevé, adhérer à la politique et enfin appartenir à une famille aisée ou riche.

Très peu d'activités de loisirs, beaucoup de télé

44,5% des jeunes ne lisent jamais et 43% de temps en temps. 87,6% ne pratiquent jamais une activité artistique et 75,5% n’assistent jamais aux manifestations culturelles. Enfin, 55,5% ne pratiquent jamais le sport et 24% de temps en temps.

Par contre, 68,7% regardent la télévision ou écoutent la radio régulièrement.

Ecouter les jeunes, les accompagner, les aider, résoudre leurs problèmes, est une priorité nationale.

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