Interdiction des déplacements : éleveurs et “kessaba” dans la tourmente

Déjà impactés par deux années consécutives de sécheresse et par la crise du covid-19, les éleveurs touchent le fond après la décision du gouvernement relative à l’interdiction des déplacements de et vers les grandes villes du Royaume.

Interdiction des déplacements : éleveurs et “kessaba” dans la tourmente

Le 28 juillet 2020 à 14h14

Modifié 11 avril 2021 à 2h47

Déjà impactés par deux années consécutives de sécheresse et par la crise du covid-19, les éleveurs touchent le fond après la décision du gouvernement relative à l’interdiction des déplacements de et vers les grandes villes du Royaume.

Les ministères de la Santé et de l’Intérieur ont décidé dimanche 26 juillet d’interdire tout citoyen de quitter ou de se rendre dans 8 villes, sans préciser une date exacte de rétablissement des déplacements.

Lors d’une conférence tenue lundi 27 juillet, le ministre de la Santé, Khalid Ait Taleb, a annoncé que cette mesure durera au moins 14 jours.

Une telle décision, prise à la veille de l’Aid Al Adha, impactera de nombreux secteurs, notamment le transport des voyageurs, le tourisme, la restauration mais à leur tête l’agriculture puisque cette fête contribue de manière significative à améliorer les revenus des agriculteurs.

Les éleveurs et les "Kessaba" touchent le fond. "L’Aid cette année est un véritable échec", déplorent les professionnels du secteur.

Baisse de 40 à 50% des prix des moutons

"Les ventes étaient déjà en baisse ainsi que les prix, et la dernière décision gouvernementale nous est tombée dessus comme un coup de massue", ajoute l’un des professionnels.

Quant aux prix, "ils sont en baisse de 40 à 50%, par rapport aux années passées", selon l'Association nationale ovine et caprine (Anoc). "Les bêtes vendues normalement à 2.000 DH sont liquidées entre 1.100 et 1.200 DH".

"Les acheteurs, habitués à arriver dans d’autres villes, évitent de faire les déplacements de peur d’être bloqués ou d'être privés de leurs moutons si les routes se ferment subitement" puisque la majorité laisse les bêtes dans les fermes pour les récupérer la veille ou le matin de l’Aid.

"Les éleveurs et les Kessaba veulent se débarrasser du cheptel, même à des prix bas, qui ne couvrent même pas le coût de l'alimentation durant l’année"

"Les vendeurs veulent tout liquider, d’autant plus qu’après l’Aid, ils n’auront aucune occasion de vendre, les fêtes, les mariages et les baptêmes étant toujours interdits".

"D’un autre côté, le risque de mortalité augmente avec l’âge. Les pertes peuvent donc être énormes si les éleveurs n’écoulent pas leurs stocks."

Le chiffre d’affaires qui sera enregistré cette année sera donc loin des chiffres réalisés habituellement, estimés à plus de 12 MMDH. Le monde rural va en pâtir, puisque la plupart de ces fonds sont transférés aux agriculteurs.

L’Aid Al Adha est donc maintenu, mais les conditions essentielles à sa réussite ne sont pas toutes réunies.

Le pouvoir d’achat en baisse

"Cette année, on souffre plutôt du faible pouvoir d'achat des Marocains en général", nous apprend pour sa part la Fédération interprofessionnelle des viandes rouges (Fiviar).

En effet, comme dévoilé par Médias24 dans différents articles, le pouvoir d’achat des Marocains cette année est en nette baisse. Ce constat est confirmé, chiffres à l’appui.

L'un des rapports du HCP publié récemment relève que le revenu mensuel moyen a baissé de moitié en période de confinement. Les artisans, les ouvriers, et les exploitants agricoles, pour qui l'Aid représente un événement incontournable, sont les catégories les plus concernées par cette baisse.

Rappelons que l'offre en ovins et caprins destinés à l'abattage est estimée à plus de 8 millions de têtes cette année, mais la demande n'est pas au rendez-vous, d'autant plus que les villes barricadées concentrent environ la moitié du cheptel.  

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