Vaccin anti-Covid au Maroc: des médecins expliquent l'évolution des essais cliniques

A un mois du lancement de la campagne de vaccination, les débats, théories et interrogations fusent. Face au scepticisme de certains, trois médecins décortiquent l'évolution des essais cliniques et appellent à la confiance générale.

Vaccin anti-Covid au Maroc: des médecins expliquent l'évolution des essais cliniques

Le 12 novembre 2020 à 15h40

Modifié 11 avril 2021 à 2h49

A un mois du lancement de la campagne de vaccination, les débats, théories et interrogations fusent. Face au scepticisme de certains, trois médecins décortiquent l'évolution des essais cliniques et appellent à la confiance générale.

A l'approche de la campagne de vaccination, dont le démarrage est prévu pour mi-décembre, tous les yeux sont rivés sur la troisième phase des essais cliniques multicentriques effectués par la société chinoise Sinopharm, auxquels le Maroc participe parmi 4 autres pays (la Chine, les Emirats arabes unis, le Pérou et l'Argentine). 

Le 15 octobre dernier, Médias24 a annoncé en exclusivité les premiers détails concernant les essais cliniques. A cette date, l'étape de la deuxième injection était en cours. Depuis, les prélèvements sanguins pour tester l'immunogénicité ont démarré, et, selon une source sûre, jointe par Médias24, "l'étape des prélèvements sanguins touchera bientôt à sa fin". 

"Au plus tard, l'envoi des prélèvements vers la Chine sera fait fin novembre. Les résultats de l'analyse sanguine sont attendus probablement pour la première, voire la deuxième semaine de décembre ", indique la même source.

Pour rappel, cette opération a pour objectif de mesurer la production des anticorps et donc de déterminer si le vaccin est efficace et à quel degré. L'analyse sanguine sera effectuée en Chine car elle repose sur des techniques d’analyse de sang que le Maroc ne fait pas. 

Alors que les essais cliniques se poursuivent, les débats, théories et interrogations fusent.

Si certains voient cette campagne de vaccination comme la lumière au bout du tunnel après des mois de crise sanitaire marqués par des restrictions parfois drastiques, d'autres sont sceptiques. Les raisons de leurs doutes sont tantôt liées à la rapidité avec laquelle les laboratoires sont arrivés à trouver des vaccins dont l'efficacité atteint 92% (cas du vaccin russe Sputnik V) et tantôt liées aux théories complotistes qui circulent, notamment sur les réseaux sociaux. 

Ne cherchant pas à convaincre mais surtout à expliquer et simplifier les procédures de recherches et d'essais cliniques, trois médecins, invités de l'émission "Moubachataran maakoum" sur 2M, ce mercredi 11 novembre, ont détaillé les étapes de préparation d'un vaccin en général et de l'anti-Covid en particulier. 

Il s'agit de Dr Azeddine Ibrahimi, directeur du laboratoire biotechnologique relevant de la faculté de médecine et de pharmacie de Rabat, Dr Abderrahmane Belmamoune, médecin et expert en santé publique et Dr Abdelfettah Chakib, spécialiste des maladies infectieuses au CHU Ibn Rochd de Casablanca.

Les invités de l'émission ont également rassuré l'opinion publique quant aux raisons expliquant la recherche accélérée et les résultats rapides obtenus dans le cadre de la recherche d'un vaccin efficace pour lutter contre le SARS CoV-2. Voici un verbatim de leurs principales interventions. 

Fièvre, rougeurs, douleurs : des effets secondaires bénins et légers

Dr Abderrahmane Belmamoune rappelle que "le Maroc a signé des conventions stratégiques avec plusieurs laboratoires dont un laboratoire chinois. Les essais cliniques sont effectués sur 600 personnes au Maroc et la même chose est faite en Argentine, au Pérou, aux Emirats arabes unis et en Chine".

"Sur les 600 volontaires participant aux essais cliniques au Maroc, aucun n'a eu d'effets secondaires importants. Les seuls effets secondaires qui ont été observés sont légers. Il s'agit de la fièvre (38°C) le premier jour, qui disparaît dès le lendemain et des rougeurs ou douleurs pour certaines personnes pendant une demi-journée à l'endroit même où elles ont reçu l'injection. La même chose a été observée dans d'autres pays où ce vaccin a été utilisé", explique Dr Chakib. 

"Il n'y a pas un seul médicament ni un seul vaccin qui ne cause pas d'effets secondaires. Mais pour en valider la vaste utilisation, il faut que ces effets secondaires soient légers et bénins", affirme Dr Belmamoune. 

"Les gens parlent de souris de laboratoire et d'expérimentations. Effectivement, il y a des souris mais uniquement en phase pré-clinique qui consiste en des tests effectués sur des animaux. La Chine a publié les résultats des tests effectués sur des souris, hamsters, lapins et chimpanzés visant à savoir si le vaccin a causé des dommages ou produit des effets sur la fertilité ou encore si des organes ont été gravement touchés. Chaque organe a été étudié individuellement", poursuit-il.

"La première étape des essais cliniques est celle de la sécurité. Elle concerne une vingtaine de volontaires sur lesquels des tests sont faits pour s'assurer de la sécurité du vaccin. Lorsque celle-ci est établie, on passe à la seconde étape qui est de savoir si le vaccin est efficace ou pas. Elle concerne une centaine de personnes qui sont alors testées. Puis vient la troisième étape, qui touche des milliers de personnes de populations différentes. Le but est de vérifier que le vaccin n'est pas uniquement valable pour un seul pays puisqu'il sera distribué au monde entier. C'est là que vient une étape très importante qui est la troisième approbation. Elle permet de valider la mise sur le marché du vaccin", précise Dr Ibrahimi. 

"Le rôle de la vaccination est de protéger le maximum de citoyens du virus. L'objectif est de briser la chaîne de transmission, car c'est la meilleure façon de lutter contre une maladie infectieuse", souligne Dr Chakib. 

"Lorsque le vaccin sera effectif, les sceptiques seront convaincus"

"Beaucoup de personnes doutent et se demandent comment est-il possible que des vaccins soient difficilement développés même après 4, 5 voire 6 ans de recherches et qu'aujourd'hui un vaccin soit prêt en un an seulement. C'est une question légitime mais il faut expliquer que si nous avons pu le faire en un court laps de temps c'est à cause de la crise mais aussi grâce à un cumul de connaissances relatif à ce virus et à la famille à laquelle il appartient, sachant qu'il existe une concordance entre les virus de cette même famille qui dépasse les 99%. Il y avait donc des expériences visant le développement d'un vaccin qui ont été lancés en 2003", déclare Dr Ibrahimi.

"De plus, les moyens financiers qui ont été mobilisés dans ce projet sont sans précédent dans le monde. La technologie a également permis, en un court laps de temps de déterminer le génome du virus", poursuit-il. 

"Pour le VIH, cette étape à elle seule a demandé 6 ans contre 6 jours pour le SARS CoV-2", précise Dr Chakib. 

"Le premier facteur de l'accélération est la peur. La peur de la mort, de voire l'économie et le système de santé s'effondrer mais aussi la peur des rebellions sachant que des manifestations ont dores et déjà éclaté à l'étranger", complète Dr Chakib.

"Le vaccin est un produit liquide que le médecin montre avant de procéder à l'injection. Comment est-il possible d'y mettre une puce qui va intégrer le corps de la personne ? Lorsque le vaccin sera effectif, les sceptiques seront convaincus", ajoute-t-il. 

Confiance: mot d'ordre et mot clé

"Le vaccin arrive mais il faut conserver la dynamique actuelle, continuer à respecter les mesures préventives et ne pas baisser les bras", souligne Dr Belmamoune.

"L'organisation de la campagne de vaccination ne va pas poser problème, compte tenu de l'expérience marocaine dans ce sens. Cela dit, nous devons tous nous unir et avoir confiance les uns en les autres", poursuit-il. 

"Le mot clé est la confiance. Tout le monde doit participer, car grâce au vaccin nous pourrons réduire le nombre de personnes vulnérables et ainsi réduire la pression qui pèse sur les personnes à risques et sur les urgences, mais aussi faire baisser le nombre de décès. Quant aux institutions scientifiques en charge de la campagne de vaccination, elles devront adopter une communication continue et une transparence totale", ajoute Dr Ibrahimi. 

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