Enseignement hybride : Les parents inquiets de la baisse du niveau de leurs enfants

Comme les enseignants, les parents d’élèves estiment que le programme scolaire n’est pas adapté à l’enseignement hybride et qu’il doit être revu à la baisse. Avec la division des classes en deux groupes, une leçon ne peut plus être dispensée en un seul et même cours, mais en deux cours, alors que le programme est resté le même.

Enseignement hybride : Les parents inquiets de la baisse du niveau de leurs enfants

Le 12 janvier 2021 à 14h44

Modifié 11 avril 2021 à 2h49

Comme les enseignants, les parents d’élèves estiment que le programme scolaire n’est pas adapté à l’enseignement hybride et qu’il doit être revu à la baisse. Avec la division des classes en deux groupes, une leçon ne peut plus être dispensée en un seul et même cours, mais en deux cours, alors que le programme est resté le même.

Le modèle de l’enseignement hybride ne fait décidément pas ses preuves. Les parents s’inquiètent du niveau scolaire de leurs enfants et craignent que l’année en cours ne leur suffise pas à acquérir les compétences requises et, finalement, que le retard accumulé durant les presque trois mois de confinement, entre mars et juin 2020, s’aggrave davantage.

"Nous sommes très, très inquiets. Les élèves ne suivent pas les cours convenablement. Tant qu’ils continueront à venir en groupes et en demi-journées, ce système posera problème", estime Mohamed Berazouk, premier vice-président de la Fédération nationale des associations de parents d’élèves (FNAPEM) et président du secteur de Fès. "En temps normal, lorsque les élèves suivent les cours entièrement en présentiel, leur niveau n’est déjà pas très élevé, pour ne pas dire faible. Avec ce système, leurs difficultés ne font que s’aggraver", déplore-t-il.

D’après Mohamed Berazouk, en contact régulier avec les parents d’élèves, ce constat s’applique aussi bien au public qu’au privé, et "sur l’ensemble du territoire, mais plus encore dans les zones rurales". En effet, la FNAPEM constate que les élèves localisés dans les milieux ruraux peinent à accéder aux outils techniques et technologiques nécessaires pour suivre les cours. La fédération craint qu’à terme, le retard y soit plus important encore que dans les zones urbaines.

Un programme inadapté au modèle hybride

Mohamed Berazouk juge également inadapté le programme scolaire au vu du contexte d’enseignement actuel. "Il est trop chargé ; il n’a pas été adapté au modèle hybride. Les professeurs ne voient leurs élèves qu’une fois par semaine", déplore ce responsable. Des propos qui ne sont pas sans rappeler ceux tenus auprès de Médias24 par une professeure de français dans un collège de Salé, en octobre dernier : "On a gardé le même programme comme si de rien n’était. C’est quasi impossible de tout faire en ayant une moitié de classe absente. Si le programme n’a pas pu être vu dans sa totalité, sur quoi vont être évalués les élèves ? Sur des leçons que nous n’aurons pas eu le temps de leur enseigner ?" Mohamed Berazouk s’interroge lui aussi : "Sur quoi seront évalués nos élèves s’ils n’ont pas le temps de voir tout le programme ? Comment seront-ils notés ?" 

Contactée par Médias24, Rachida Lahouir, professeure de philosophie dans un lycée de Meknès, formule les mêmes inquiétudes : "Oui, je crains de ne pas avoir le temps de voir la totalité du programme, d’autant qu’une fois chez eux, je ne sais pas ce que font mes élèves. Malgré la mise en place de groupes WhatsApp, je peine à assurer un suivi vraiment efficace et à vérifier que le travail est fait individuellement."

Le modèle adopté est organisé de la sorte : la classe est divisée en deux, le premier groupe vient le matin puis le second vient l’après-midi. "Par exemple, mon fils a cours le lundi matin et ne retourne au lycée que le mardi après-midi, puis le mercredi matin, le jeudi après-midi et le vendredi matin", précise Mohamed Berazouk. En présentiel, une leçon est vue avec le groupe A, puis la même avec le groupe B ; il faut donc deux cours pour voir une seule et même leçon, au lieu d’un cours auparavant.

Ce modèle hybride est le même dans tous les établissements scolaires, publics et privés, à l’exception de ceux qui ont opté pour le retour des cours entièrement en présentiel. Seule l’alternance des cours varie en fonction des établissements : certains font venir les élèves tous les jours mais en demi-journée (un groupe le matin et un autre l’après-midi), tandis que d’autres les font venir une semaine sur deux, c’est-à-dire un premier groupe qui vient tous les jours et toute la journée pendant une semaine, puis un second groupe la semaine suivante. Le choix du type d’alternance relève de l’établissement scolaire lui-même.

Ce qui ne peut être fait en classe doit être fait à la maison. Problème : lorsqu’ils sont chez eux, les élèves peinent énormément à étudier en totale autonomie. "On ne compte pas sur l’enseignement à la maison car les élèves ne suivent plus une fois chez eux", confie Mohamed Berazouk. Lahcen Chkam, professeur de SVT dans un lycée de Khemisset, affirme quant à lui "ne pas compter" sur la partie de l’enseignement faite en autoformation. En octobre dernier, il disait déjà auprès de notre rédaction que "la plupart des élèves n’apprennent pas chez eux : soit ils ne sont pas assidus, soit ils ont beaucoup de mal à comprendre le cours par eux-mêmes". 

Il faut ajouter à cette organisation dysfonctionnelle les jours fériés et les vacances scolaires qui ne font que repousser les temps de cours en présentiel. Le mois de janvier est un exemple typique : hier, lundi 11 janvier, était férié. Les groupes qui devaient voir leurs professeurs ne les ont donc pas vus. Lundi prochain, le 18, ils ne les verront pas non plus puisque ce seront les autres groupes qui auront cours en présentiel. Le lundi suivant, le 25, les élèves n’auront pas cours toute la semaine en raison des vacances scolaires qui s’étaleront jusqu’au 31 janvier. "Ces élèves ne verront pas certains de leurs enseignants pendant trois semaines", fustige Mohamed Berazouk. En effet, ils ne les retrouveront qu’à l’issue des vacances, c’est-à-dire lundi 1er février.

Le vice-président de la FNAPEM estime que "le programme doit être revu à la baisse et adapté à la situation car les rencontres entre élèves et professeurs ne sont pas suffisantes". Contacté par Médias24, le ministère de l’Education nationale ne nous avait pas encore répondu au moment de la publication de cet article.

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