Ce que l'on sait sur le vaccin chinois Sinopharm que le Maroc s'apprête à ramener

Après le vaccin anti-Covid d'AstraZeneca, la commission nationale d’autorisation du ministère de la Santé a donné son feu vert pour l’utilisation de celui du laboratoire chinois Sinopharm. Voici tout ce que l'on sait sur le second vaccin autorisé au Maroc.

Ce que l'on sait sur le vaccin chinois Sinopharm que le Maroc s'apprête à ramener

Le 25 janvier 2021 à 18h50

Modifié 11 avril 2021 à 2h50

Après le vaccin anti-Covid d'AstraZeneca, la commission nationale d’autorisation du ministère de la Santé a donné son feu vert pour l’utilisation de celui du laboratoire chinois Sinopharm. Voici tout ce que l'on sait sur le second vaccin autorisé au Maroc.

L’autorisation temporaire d’urgence du vaccin Sinopharm, d’une durée de 12 mois, a été signée le vendredi 22 janvier. Le premier lot de ce vaccin doit être reçu par le Maroc ce mercredi 27.

Ce vaccin est déjà utilisé à grande échelle, notamment aux Emirats arabes unis et au Bahreïn, bien avant son approbation par son pays d’origine. Il est également administré dans les Seychelles, depuis le 10 janvier, en Serbie, depuis près de deux semaines, et en Egypte, depuis ce dimanche 24 janvier. 

>Lequel des deux vaccins Sinopharm sera utilisé au Maroc ?

Ce vaccin est produit par deux instituts relevant de la China National Biotec Group (CNBG), filiale de Sinopharm, dont l’un se trouve à Pékin et l’autre à Wuhan. 

Le vaccin de pékin a été autorisé le 31 décembre 2020 par l’agence chinoise du médicament, mais jusqu’à aujourd’hui, il n’y a pas encore eu d’annonce concernant celui de Wuhan, dont une partie des essais cliniques de phase 3e a été effectuée au Maroc. Cependant, différentes sources marocaines sondées par Médias24 s’accordent à dire qu’"il s’agit du même vaccin". 

Dans son communiqué annonçant l’autorisation d’urgence du vaccin Sinopharm, le ministère de la Santé n’a pas précisé s'il s'agit de celui dit de Pékin, ou de Wuhan, et malgré nos multiples tentatives de joindre différentes sources au sein du ministère, celles-ci sont restées injoignables. 

Pr. Redouane Abouqal, investigateur principal du vaccin Sinopharm, contacté par nos soins, nous fait savoir qu’"à priori, le Maroc utilisera le vaccin de Pékin", confirmant ainsi sa déclaration lors d’un précédent webinaire. L'information nous a également été confirmée par une autre source sûre. 

Pr. Abouqal a aussi assuré qu'"il n’y a pas de différence entre les deux vaccins. Ils sont produits par la même société, et il s’agit de la même technique, et de la même procédure". 

> Comment est-il fabriqué?

Le vaccin Sinopharm est fabriqué de manière classique, déjà utilisée et donc plus sûre. Le virus lui-même est utilisé comme élément principal pour fabriquer les anticorps et entraîner une immunité protectrice. Le virus passe par plusieurs méthodes chimiques pour être tué, il est donc inactif. Le procédé de ce vaccin est donc un procédé sûr, car il utilise le virus inactivé, le même que celui pour les vaccins des enfants.

> A qui est-il indiqué? 

Après le vaccin d'AstraZeneca, celui de Sinopham est le second à être autorisé par le Maroc dans le cadre de sa campagne de vaccination, qui devrait démarrer cette semaine.

En effet, le Maroc a reçu, vendredi dernier, son premier lot du vaccin AstraZeneca, et devrait recevoir ce mercredi 27 janvier un second lot du vaccin Sinopharm. Le nombre de doses et le pays de provenance n'ont toutefois pas encore été indiqués. 

Le vaccin Sinopharm de Pékin se compose de deux doses distinctes de 0,5 ml chacune. La deuxième dose doit être administrée entre 2 à 4 semaines après la première dose. 

Ce vaccin est indiqué aux personnes âgées de plus de 3 ans, et particulièrement au personnel de la santé et aux personnes ayant un contact étroit avec le virus. Les travaux de recherche pour monter l'immunogénicité, c'est-à-dire l’augmentation des anticorps après l’injection des deux doses du vaccin, chez les personnes âgées de 3 à 17 ans, sont encore en cours. 

Dans une interview accordée à une chaine nationale début janvier, un des responsables à Sinopharm a expliqué que "nos essais cliniques ont d'abord porté sur le groupe d'âge 18-59 ans, suivi par les plus de 60 ans et ensuite les 3-17 ans. Et dans ce dernier groupe, il y avait 3 sous-groupes: les 12-17 ans, les 5-12 ans et les 3-5 ans. Nous avons à présent fini tous les travaux de recherche sur ce groupe d'âge, et les données de sécurité montrent de bons résultats. Les données sur l'immunogénicité sont encore en cours d'analyse".

Par ailleurs, ce vaccin est strictement interdit aux personnes allergiques à l'un de ses composants (hydroxyde d'aluminium, hydrogénophosphate disodique, chlorure de sodium, et phosphate monosodique). La vaccination doit également être reportée si les personnes ont de la fièvre ou pendant la phase aiguë de la maladie.

En cas de grossesse, le vaccin ne doit être administré à la femme enceinte qu'en cas de nécessité absolue, puisque les études n'ont pas encore montré si ce vaccin peut nuire au fœtus. 

> Pour quelle efficacité? 

La durabilité des anticorps a été observée dans les essais cliniques de phase I, phase II et phase III. Selon les données des essais cliniques de phase I et de phase II, le résultat de l'observation montre toujours un taux élevé d'anticorps après 6 mois de vaccination. Les données de ces deux phases ont également montré un faible taux d’effets indésirables et une bonne immunogénicité.

L’évaluation de l’efficacité et de la sécurité à long terme sera complétée par les résultats des essais de phase III, dont les résultats se sont pas encore accessibles.

"Il n’y a aucun vaccin mis sur le marché actuellement pour une utilisation d'urgence qui a publié des résultats définitifs de sa 3e phase", nous a précisé l'épidémiologiste marocain Pr. Mohammed Amine Berraho. "Les autorisations sont délivrées sur la base des résultats préliminaires, au vu de la situation d'urgence sanitaire", 

Dr. Tayeb Hamdi, médecin, chercheur en politiques et systèmes de santé, nous a pour sa part expliqué que "le plus gros lot des essais de la 3e phase a été réalisé aux Emirats arabes unis (31.000 volontaires), qui ont annoncé un taux d'efficacité de 86%. Sur l'ensemble des 7 pays, où ces essais cliniques ont été effectués, Sinopharm a annoncé un taux d'efficacité de 79,34%". 

Par ailleurs, "le vaccin Sinopharm assure 100% de protection contre les formes graves de la maladie". Il est également efficace contre les nouvelles souches du virus, a assuré mardi 5 janvier l’un de ses concepteurs.

> Quels sont ses effets indésirables ? 

Plus de 10 millions de doses du vaccin chinois ont été administrés jusqu'à aujourd'hui, et aucun effet indésirable grave n'a été rapporté.

La douleur au site d'injection est l'effet indésirable le plus fréquent observé à ce jour; suivie de la fièvre passagère, fatigue, maux de tête, diarrhée, rougeur, gonflement, démangeaisons et durcissement du site d'injection (fréquent); éruption cutanée au site d'injection, nausées et vomissements, douleurs musculaires, arthralgies, somnolence, étourdissements (peu fréquents).  

> Quel est le coût de ce vaccin?  

Les responsables chinois ont refusé de préciser un prix pour le vaccin et ont fait des déclarations contradictoires à ce sujet. Pour l'instant, "aucun détail n'a été révélé sur son prix", confirme Le Figaro.

> Quid du stockage, de la conservation et du transport? 

Contrairement aux vaccins de Pfizer et de Moderna, dont les doses doivent être stockées à des températures très basses, le vaccin de Sinopharm, comme celui d'AstraZeneca, est plus facile à manipuler, car les doses peuvent être conservées à des températures normales de réfrigérateur. 

Ainsi, outres sa méthode de fabrication dite classique, ce vaccin inactivé présente d'autres grands avantages, à savoir le stockage et le transport, qui peuvent se faire dans un environnement où la température est comprise entre 2 et 8°C, sans exigences particulières.

Les conditions de stockage et de transport du vaccin dans la chaîne de froid sont conformes aux conditions nationales de la plupart des pays, ce qui réduit considérablement les coûts.

Notons également qu'il s'agit d'un vaccin liquide, dans une seringue préremplie (1 ml), ce qui le rend aussi facile à transporter et fiable pour administrer une dose précise. Pour ce qui est de l’acheminement des doses, il se fera par avion.

Rappelons que le Royaume a commandé 66 millions de doses, dont 40 millions auprès de Sinopharm. Le but étant de vacciner 80% de la population âgée de plus de 18 ans. 

>>Lire aussi: 

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Essais du vaccin chinois au Maroc: Entretien exclusif avec l'investigateur principal

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