Entrepreneuriat au Maroc : L'accompagnement fait défaut (expert)

L’entrepreneuriat est l’un des principaux axes de développement au Maroc. Mais sur le terrain, les facteurs de blocage restent nombreux, dont le principal est le manque d’accompagnement. Une batterie de mesures doit ainsi être mise en place afin d’impulser une bonne dynamique entrepreneuriale, qui permettra de générer davantage d’emplois au Royaume.

Entrepreneuriat au Maroc : L'accompagnement fait défaut (expert)

Le 12 avril 2021 à 14h13

Modifié 12 avril 2021 à 15h45

L’entrepreneuriat est l’un des principaux axes de développement au Maroc. Mais sur le terrain, les facteurs de blocage restent nombreux, dont le principal est le manque d’accompagnement. Une batterie de mesures doit ainsi être mise en place afin d’impulser une bonne dynamique entrepreneuriale, qui permettra de générer davantage d’emplois au Royaume.

C’est ce qui ressort d’une étude structurante intitulée "Diagnostic des acteurs et initiatives de l’entrepreneuriat au Maroc", réalisée par Adil Khalis, expert spécialisé dans les questions de l’entrepreneuriat et de l’emploi, et pilotée par le département du chef du gouvernement dans le cadre d'un don de la Banque Africaine de développement (BAD). Finalisée vers fin 2019, ses résultats ont récemment été partagés avec divers organismes étatiques concernés par la question de l’entrepreneuriat.

Entrepreneuriat au Maroc: une évolution importante mais qui reste insuffisante

"L’entrepreneuriat est un sujet qui revêt une importance cruciale, en particulier pour le décideur public", nous confie M. Khalis, joint par nos soins. "Il se pose en effet avec acuité ces dernières années, compte tenu des défis sociaux et économiques auxquels est confronté notre pays".

"Au Maroc, la dynamique entrepreneuriale a connu une évolution importante durant les 10 dernières années. Les efforts consentis par les acteurs agissant dans ce domaine, aussi bien les acteurs publics que privés, ont permis d’enregistrer des avancés non négligeables sur le plan quantitatif".

"Cependant, ces avancées, aussi positives soient-elles, demeurent très insuffisantes au vu des potentialités que peut faire valoir notre économie, et cela ne devrait pas occulter les faiblesses qui continuent de se poser au niveau qualitatif, notamment la question de la pérennisation des entreprises et leur développement".

"Ce constat interpelle ainsi les pouvoirs publics sur la nécessité d’accélérer les chantiers de réforme pour améliorer le climat des affaires, d’une part, et d’autre part, sur le rôle de la promotion de l’entrepreneuriat comme levier de croissance et du développement économique au Maroc. Et la réussite de toute politique de promotion de l’entrepreneuriat est fondamentalement tributaire de la qualité de l’accompagnement entrepreneurial dans une économie. Il s’agit d’une composante qu’il faut appréhender dans son ensemble, pour une meilleure adaptation du couple besoins et offres en accompagnement", ajoute notre interlocuteur.

"Sur le plan économique, le défi est de taille, car la dynamique entrepreneuriale enclenchée ces dernières années au Maroc devrait permettre une meilleure contribution socio-économique, à même de relever les challenges en matière de réduction de la pauvreté et l’absorption du chômage".

Le manque d'accompagnement, principal facteur de blocage à l’entrepreneuriat

Plusieurs facteurs freinent encore le développement de l’entrepreneuriat au Maroc, dont le plus important est le manque d’accompagnement entrepreneurial, d'après ladite étude.

"Plus de 26% de la population active au Maroc avait l’intention de démarrer une entreprise entre 2017 et 2020" selon l’enquête 2018 du Global Entrepreneurship Monitor, qui évalue chaque année le niveau national de l'activité entrepreneuriale dans plusieurs pays. "Bien que ce chiffre montre qu’il y a un très fort potentiel entrepreneurial, l’écart enregistré entre cette intention et le passage à l’acte est énorme", lit-on sur le document.

"Ce gap, conjugué au taux élevé de la perception de l’utilité de l’accompagnement entrepreneurial comme étant un facteur qui favoriserait la création de l’entreprise, souligne le rôle central de l’accompagnement, tout au long du parcours de l’entrepreneur et le cycle de vie de l’entreprise".

"Le taux de survie des entreprises accompagnées est plus important que celui des entreprises non accompagnées. Par ailleurs, le défi majeur réside dans la capacité des décideurs et chercheurs à évaluer l’efficacité des structures d’accompagnement. Le succès de toute stratégie de promotion de l’entrepreneuriat est fondamentalement lié à la qualité de l’accompagnement. Sa nature et son intensité doivent être adaptées au profil de l’entrepreneur ainsi que de l’entreprise à tous les niveaux de son cycle de vie".

Selon l'étude, "au Maroc l’écosystème de l’accompagnement entrepreneurial demeure, malgré les efforts consentis, mal structuré et peu performant au vu de l’énorme besoin identifié".

"Malgré les efforts consentis lors de ces dernières années en vue de stimuler sa dynamique, force est de constater que cet écosystème manque de maturité et souffre de diverses carences et faiblesses faisant que ses acteurs ne remplissent pas pleinement leur rôle".

"La fragilité financière due au manque d’appui financier en faveur des structures d’accompagnement, couplé au problème d’absence de coordination entre les intervenants et de communication sur les mécanismes et dispositifs d’appui, constituent également de véritables contraintes à l’émergence d’un écosystème d’accompagnement entrepreneurial performant et efficace" dans notre pays.

"Quant à l’offre, au regarde de l’énorme besoin en accompagnement constaté, le diagnostic a révélé qu’à l’exception de celle destinée aux startups à fort potentiel de croissance, qui est assez suffisante, l’offre en accompagnement technique et financier au profit d’autres profils d’entreprises est faible en quantité et en qualité au niveau de toute la chaine de valeur entrepreneuriale".

Le rapport note également "l’inexistence d’offres destinées aux entreprises en difficulté pour leur sauvegarde, ni d’offre pour valoriser et améliorer la résilience des entrepreneurs après un échec entrepreneurial en les incitant à rebondir".

Par ailleurs, "cet écosystème met en scène une soixantaine d’acteurs d’accompagnement (hors clubs universitaires), répartis entre environ une cinquantaine issue du secteur privé et une dizaine dans le secteur public. Ceux-ci sont principalement concentrés dans les villes de Rabat et Casablanca. Leur couverture géographique en dehors de ces deux villes est limitée".

Les recommandations pour un meilleur écosystème d'accompagnement

Les éléments ressortis du diagnostic réalisé par M. Khalis ont permis d'établir une feuille de route visant à structurer et à renforcer ledit écosystème, "et ce, selon une approche permettant de faire émerger des structures d’appui performantes, pour une couverture territoriale avec une offre contextualisée tenant compte des spécificités socio-culturelles régionales", nous explique-t-il.

En ce sens, deux niveaux d'intervention déclinés en plusieurs axes de recommandations ont été identifiés, dont le premier vise l'amélioration de l’offre d’accompagnement, pour remédier au problème d’insuffisance de services d’appui et d’accompagnement.

Pour ce premier niveau, "nous jugeons opportun de capitaliser sur l’existant, et de procéder selon une approche de spécialisation des acteurs de l’entrepreneuriat du secteur public par phase et par profil d’entrepreneurs/entreprises, en assurant le rôle de chef de file vis-à-vis des structures d’appui (privés)".

Le deuxième niveau de recommandations vise le renforcement de l’écosystème d’accompagnement entrepreneurial à travers l’amélioration de la performance des structures d’appui, l’amélioration de la coordination et du travail en complémentarité pour un accompagnement intégré, et enfin l’amélioration de la communication sur les dispositifs d’appui et d’accompagnement. Pour ce faire, l'étude recommande ce qui suit:

- La conception et la mise en place d'un programme national d'appui à l’accompagnement au profit des structures d’appui;

- La création d’un organisme dédié à l’entrepreneuriat (public ou semi-public) opérant sous la tutelle du département du Chef du Gouvernement;

- La conception d'indicateurs de suivi et d’évaluation de l’entrepreneuriat et de la dynamique entrepreneuriale, tant au niveau national qu’au niveau régional.

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