Covid-19 : Voici pourquoi les nouveaux cas sont concentrés à Casablanca

La concentration des cas de Covid-19 à Casablanca ne s'explique pas seulement par la taille de la population et une plus grande circulation du virus, au niveau de la capitale économique. D'autres raisons existent. Les voici.

Covid-19 : Voici pourquoi les nouveaux cas sont concentrés à Casablanca

Le 14 avril 2021 à 21h46

Modifié 15 avril 2021 à 11h28

La concentration des cas de Covid-19 à Casablanca ne s'explique pas seulement par la taille de la population et une plus grande circulation du virus, au niveau de la capitale économique. D'autres raisons existent. Les voici.

Casablanca continue de concentrer la majorité des cas quotidiens de contamination. Sur les 703 cas détectés ce mercredi 14 avril, 483 le sont dans la région de Casablanca-Settat et 358 à Casablanca.

Comment expliquer ce phénomène qui dure depuis plusieurs semaines ? Est-ce que le virus circule plus fortement dans la métropole qu'ailleurs, ou bien y-a-t-il d'autres explications?

Le Dr My Saïd Afif rappelle qu'"il est normal que la capitale économique affiche plus de cas que d'autres villes car, d'abord, il y a la densité, 4 millions d'habitants. En plus, elle connaît une plus grande mobilité et un brassage importants de la population".

Ce sont des facteurs factuels incontestables. Pour le Pr Mohammed Amine Berrahou, épidémiologiste et membre du comité technique et scientifique, il y a d'autres raisons qu'il a présentées lors de la conférence scientifique numérique , organisée par la Fondation Dr Abdelkrim Al-Khatib, pour la Pensée et les Études, jeudi 8 avril.

Casablanca teste plus que les autres villes 

L'une de ces raisons est que Casablanca "respecte les procédures de surveillance et dispose d'une grande capacité de diagnostic, en comparaison avec les autres les autres régions" où ces deux éléments font défaut.

"Certaines régions ont une surveillance élevée, tandis qu'au niveau des autres régions, la capacité de surveillance est faible. Je peux vous parler du cas de la ville de Fès qui est une grande ville, avec une grande densité mais dont la capacité de surveillance est faible", ajoute-t-il.

Pr Berrahou explique que, pour avoir une bonne lecture de la situation épidémiologique, selon les recommandations internationales, il faut faire au moins 300 tests pour chaque 100.000 hab.

Ce n'est, clairement, pas le cas malgré la circulaire du ministre de la santé du 08 février 2021 qui soulève la problématique de la baisse du nombre de tests et fixe comme objectif opérationnel, d’assurer à différents niveaux (national, régional et provincial) une couverture par les tests (moléculaires et antigéniques rapides), d’au moins 300 tests par 100.000 habitants et par semaine. Soit un objectif cible au niveau national d’au moins 129.200 tests hebdomadaires ou 18.460 par jour (*).

Selon des données présentées par le Pr Berrahou , seules trois régions affichent des indicateurs conformes à la circulaire. Ainsi sur la semaine du 29 mars au 04 avril, le taux de couverture par tests de confirmation (TAR & PCR) pour 100.000 hab était supérieur à 300 à Dakhla Oued Eddahab (1324), Rabat-Salé-Kénitra (534) et Laâyoune-Sakia El Hamra (327).

Même Casablanca, avec 256 tests pour 100.000 hab ne respecte pas le seuil fixé, sur la période analysée. Néanmoins, elle dépasse la moyenne nationale qui s'établit à 214.

Toute les autres régions ont un taux de couverture en dessous de 150 tests pour 100.000 habitants.

Faibles recours aux critères cliniques de détection de la Covid-19 

Pr Berrahou ajoute que Casablanca suit les recommandations du comité scientifique, émises il y a quelques mois sur la possibilité de confirmer la contamination à la Covid-19, sur la base de critères radio-cliniques.

Au cours de la semaine du 29 mars au 04 avril, seules cinq régions ont confirmé des cas sur cette base, affirme-t-il. "Casablanca a confirmé 48 cas, 12 cas pour Marrakech, 5 cas pour Rabat et 3 cas à Beni Mellal et 3 cas à Laayoune", précise-t-il. Aucune autre région n'a eu recours aux critères radio-cliniques.

En somme, le système de surveillance et de suivi fonctionne mais sans tout couvrir , mais à Casablanca un effort supérieur aux autres régions est consenti.

Donc même si Casablanca pèse naturellement  au niveau des indicateurs nationaux, cela est accentué par la faiblesse des données de surveillance au niveau des autres régions.

Ce qui, in fine, ne permet pas aux autorités sanitaires d'avoir une bonne lecture de la situation épidémiologique.

La Covid-19, une maladie comme une autre ?

Se pose alors la question de savoir pourquoi les autorités sanitaires n'arrivent pas à faire respecter le seuil de 18.000 tests quotidiens fixé par le ministre ?

Pr Berrahou avance une première hypothèse. "Cela s'explique d'un côté par le fait que le système de santé est fatigué. Il doit, à la fois, répondre aux accumulations de malades enregistrées durant la période des deux premières vagues, assurer la campagne de vaccination tout en maintenant le système de surveillance et de suivi de la Covid-19".

Mais ce n'est pas du tout: un responsable à la Direction régionale de santé de Béni Mellal Khénifra, nous explique "que les gens ne viennent plus se faire tester".

"Pour les populations, il y a un certain relâchement. La Covid-19 est devenu comme une maladie courante. Quand une personne ressent les symptômes, elle se dirige vers la pharmacie, achète les médicaments prescrits dans le cadre du protocole thérapeutique, sans faire de tests", ajoute-t-il, tout en assurant que les structures publiques disposent de tout le matériel nécessaire.

Selon notre interlocuteur, il y avait aussi un fort afflux pour les tests de la part des voyageurs. Depuis la fermeture des frontières, à nouveau, cette partie a baissé.

C'est ce que confirmait Pr Berrahou aussi. "Une bonne partie des tests réalisée quotidiennement ne se fait pas dans le cadre de la surveillance et du suivi. Elle se fait dans le cadre des activités de voyage ou hospitalières. Quand une personne doit intégrer l'hôpital, on lui fait un test pour protéger le personnel et les malades".

(*) Comment calculer le taux de positivité des tests? Jusqu'au 7 janvier inclus, les communiqués officiels du ministère de la Santé n'indiquaient pas le nombre global de tests. Il fallait additionner les cas exclus aux cas confirmés pour obtenir ce chiffre. Puis diviser le nombre de cas confirmés sur le nombre global de tests.

Depuis le 8 janvier, le ministère publie le "nombre de nouveaux tests" qui indique bien la totalité des tests, négatifs ou positifs, nous confirme une source officielle du ministère de la Santé. Donc le taux de positivité est calculé selon ce chiffre.

 

 

 

 

 

 

Ci-dessus, de haut en bas: depuis le 8 janvier, le ministère publie le nombre global de tests, positifs et négatifs.

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