« Vaccination pour tous, y compris les jeunes », plaide le Dr Tayeb Hamdi

Alors que le Maroc s’achemine vers une vaccination totale des plus de 40 ans, l’objectif qui se profile, dans les prochaines semaines, est d’assurer une couverture vaccinale pour les personnes âgées de 30 ans et moins. Les connaissances sur le virus du Covid-19 n’ayant de cesse d’évoluer, que disent désormais les données relatives aux populations jeunes, voire très jeunes, en matière de contamination et sur le plan épidémiologique ? Les Dr Kamal Marhoum El Filali et Tayeb Hamdi nous répondent.

« Vaccination pour tous, y compris les jeunes », plaide le Dr Tayeb Hamdi

Le 27 mai 2021 à 19h13

Modifié 28 mai 2021 à 11h38

Alors que le Maroc s’achemine vers une vaccination totale des plus de 40 ans, l’objectif qui se profile, dans les prochaines semaines, est d’assurer une couverture vaccinale pour les personnes âgées de 30 ans et moins. Les connaissances sur le virus du Covid-19 n’ayant de cesse d’évoluer, que disent désormais les données relatives aux populations jeunes, voire très jeunes, en matière de contamination et sur le plan épidémiologique ? Les Dr Kamal Marhoum El Filali et Tayeb Hamdi nous répondent.

« Les données n’ont pas beaucoup évolué. Disons que tout est relatif », indique le Dr Kamal Marhoum El Filali, chef de service des maladies infectieuses au CHU Ibn Rochd de Casablanca, joint par Médias24.

« Le risque principal lié à ce virus est de développer des formes graves et d’en décéder. Quand on regarde de près, à la fois la situation et les données épidémiologiques, on constate que les formes graves et la mortalité surviennent surtout chez les sujets âgés. C’est la raison pour laquelle la vaccination a été prioritaire chez cette population. Après, plus on descend dans l’âge, moins on observe de formes sévères et de risques de décès. Mais attention : moins ne veut pas dire pas du tout. Un sujet jeune peut décéder du Covid-19, même si les données statistiques montrent une nette différence, par rapport aux personnes au-delà de 60 ans. Il ne faut pas prendre cela comme une règle absolue, mais comme un constat statistique qui a été fait, dès le début de la pandémie et continue de se confirmer », ajoute le Dr Kamal Marhoum El Filali.

Cet épidémiologiste estime que la sévérité, et donc la mortalité, devraient à l’avenir s’observer davantage chez les personnes jeunes : « Quand on dit qu’on a plutôt des personnes jeunes hospitalisées, qu’est-ce que cela signifie ? Que les personnes âgées sont déjà protégées par le vaccin, ou que certaines sont malheureusement déjà décédées… et qu’il reste donc les sujets jeunes qui, eux, ne sont pas encore vaccinés. Autrement dit, les gens les plus âgés sont protégés ; il est donc fort probable que les prochaines personnes qui nécessiteront une hospitalisation soient jeunes. En tout cas, ce ne sera pas parce que l’épidémie aura changé. »

La vaccination pour tous, y compris les jeunes

« Le risque de décès est multiplié par deux chaque tranche d’âge de huit ans », indique de son côté le Dr Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé, également joint par Médias24. « En d’autres termes, lorsque l’on avance dans l’âge, chaque huit années, le risque de létalité se multiplie par deux. C’était le cas au début de la pandémie et ça l’est toujours. Les jeunes se contaminent beaucoup et rapidement par rapport aux personnes âgées en raison de leur mobilité, de leur vie sociale plus active et aussi parce qu’ils sont nombreux à ne plus respecter les gestes barrières », souligne-t-il.

Pour le Dr Hamdi, les jeunes ont effectivement tendance à penser qu’ils sont immunisés. « Or, c’est une question de statistiques. Si on a 1.000 ou 500 personnes contaminées, il est fort probable que parmi ces 1.000 ou 500 personnes, un sujet jeune décède. Mais si on en a plus, on aura forcément plus de jeunes qui décéderont. Il faut, même quand on est jeune, se faire vacciner, respecter les mesures barrières, car aucun organisme n’est blindé contre le virus – y compris celui des jeunes. »

Qu’en est-il de l’influence des nouveaux variants sur les données épidémiologiques concernant les jeunes ? « Le variant brésilien pourrait – et je dis bien « pourrait », je parle au conditionnel – avoir un degré de virulence plus élevé chez les jeunes que chez les autres tranches d’âge. C’est une hypothèse qui n’a pas encore été confirmée scientifiquement. Concernant les autres variants, britanniques, sud-africains et indiens, la virulence est la même pour tous les groupes d’âge. Mais de toutes les façons, lorsqu’un variant se propage plus vite, il est normal de voir de plus en plus de jeunes contaminés du fait de leur mobilité. Ce n’est pas parce que les variants sont plus virulents ; c’est une règle mathématique : plus il y a de contaminations, plus il y a de cas graves et plus il y a de décès. Les moins de 30 ou 40 ans présentent effectivement un risque de mortalité peu élevé, mais sans les mesures barrières, et si l’épidémie venait à flamber, il y aurait systématiquement des jeunes parmi les cas graves », explique le Dr Tayeb Hamdi.

« On ne connaît pas encore très bien l’effet de l’émergence des variants chez les jeunes. Il semble que ce soit la même chose, mais il faudrait avoir suffisamment de recul pour se prononcer. Il vaut mieux, pour l’heure, s’en tenir à ce qui a toujours été dit », reprend le Dr Kamal Marhoum El Filali.

Et d’ajouter : « Ceci dit, lorsqu’on dit « attention, la maladie peut être mortelle chez les personnes âgées », on contribue indirectement à désengager les personnes plus jeunes qui, par conséquent, ne se sentent pas concernées alors qu’elles le sont, directement et indirectement. Directement, car elles peuvent contracter le virus et développer des formes graves. Indirectement, car même sans présenter de formes graves, elles peuvent contaminer d’autres personnes, en particulier les sujets âgés. Ces éléments ont peut-être été mal comprises par la jeunesse et cela a joué en défaveur de la prévention. »

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