Au Parlement, les savoureuses saillies de MHE...

Le ministre de l'Industrie a profité de son passage au Parlement, mercredi 23 juin, pour lancer un appel à résoudre la question de la décarbonation de l'industrie marocaine, sans laquelle nos exportations seront grevées en 2023 d'une taxe pour entrer sur le territoire européen.

Au Parlement, les savoureuses saillies de MHE...

Le 24 juin 2021 à 17h10

Modifié 24 juin 2021 à 17h55

Le ministre de l'Industrie a profité de son passage au Parlement, mercredi 23 juin, pour lancer un appel à résoudre la question de la décarbonation de l'industrie marocaine, sans laquelle nos exportations seront grevées en 2023 d'une taxe pour entrer sur le territoire européen.

Moulay Hafid Elalamy était l'invité de la commission des secteurs productifs à la Chambre des représentants, à la demande des parlementaires du PJD, avec comme thème "l'évaluation du plan d'accélération industrielle 2014-2020".

Tout y est passé: le bilan du PAI, les avancées majeures dans le secteur automobile, les batailles menées dans les coulisses,... Mais il a aussi insisté sur le futur.

Ce fut comme le testament d'un ministre qui va quitter ou qui peut quitter. "Il faut que tout soit documenté et attesté", avance le ministre sortant.

Le futur de nos exportations est dans la décarbonation

"Dans le futur, il nous faut la décarbonation. Et ce n'est pas qu'une question d'environnement. C'est une question de vie ou de mort", lance le ministre comme dans un appel à son successeur.

"Pour entrer en concurrence avec la Chine, l'Europe a décidé de mettre en place une taxe carbone dont on ne connaît pas encore le niveau. Est-ce qu'il s'agira d'une taxe de 5% ou de 65%?", lance-t-il.

"Ils nous disent que le Maroc n'est pas visé. Oui, ils visent la Chine. Mais le Maroc sera un dommage collatéral, car 65% de nos exportations sont destinées à l'Europe. Si on ne réalise pas la décarbonation, notre production restera chez nous", ajoute-t-il.

"SM le Roi a pris une décision de miser sur les énergies renouvelables que beaucoup n'ont pas comprise. A ce moment-là, tout le monde se disait à quoi cela va servir, c'est cher par rapport à l'énergie fossile,... Aujourd'hui, sans cette énergie renouvelable, notre secteur exportateur serait mort".

"Sans cette énergie renouvelable, la décarbonation de l'industrie serait impossible".

"Nous avons de l'or entre les mains, l'énergie renouvelable existe et on la gaspille pour allumer des ampoules et éclairer des bureaux. Elle ne sert à rien sur ce segment. Mais si je l'achemine aux usines, j'aurais une industrie décarbonée et j'exporte mon produit avec 0 taxe", explique le ministre.

"Il y a la loi 13-09 qui donne l'autorisation pour brancher l'EnR à la haute tension, mais elle ne l'autorise pas pour la moyenne tension. Qu'est-ce que je fais avec mes usines si je ne la branche pas à la moyenne tension? C'est un problème que l'on doit résoudre aujourd'hui, pas dans cinq ans!"

"Cela fait deux ans que je lutte dans ce dossier et je n'arrive pas à le régler. J'ai encore des problèmes avec plusieurs acteurs. Si on continue ainsi, 65% de nos exportations n'entreront plus en Europe. Il faut que les énergies renouvelables soient acheminées aux zones industrielles grâce à la moyenne tension", se désole-t-il.

"Pour revenir à la question de compétitivité, la fabrication de la portière de la 208 grâce à l'EnR, est 30% moins chère que l'énergie fossile", révèle-t-il.

"Notre compétitivité est celle de l'Inde"

Sur le registre de la compétitivité, le ministre a également révélé lors de ce passage au parlement, qu'un travail a été fait pour challenger la compétitivité marocaine afin qu'elle concurrence celle de l'Inde n°1 mondial. L'Inde a un taux d'intégration de 92%.  La Chine est le numéro 2.

"Pendant cette pandémie, nous avons travaillé avec PSA qui nous ont ouvert leurs portes et confié leur chiffres. On a découvert que le Maroc est n°3 en termes de compétitivité". "Une voiture fabriquée en Europe à 100 euros par exemple, au Maroc elle coûte 86 euros, en Chine, 70 euros, et en Inde à 67 euros. On a une différence de 19 points", explique-t-il.

"On a décidé de travailler pour se rapprocher de la Chine. Après quelques semaines de travail, j'ai commencé à voir que l'objectif était atteignable. On a fait une réunion avec le staff de PSA et j'ai annoncé qu'on a ciblé la compétitivité de l'Inde", confie le ministre.

"On a pris la portière de la 208 fabriquée à Kénitra. On a réussi à atteindre exactement la compétitivité de l'Inde. Le prix de la portière de la 208 sortie d'usine à Kénitra est le même que celui de l'Inde", révèle-t-il.

Confidences autour des négociations avec Renault et PSA

Cette sortie du ministre, à quelques semaines de la fin de son mandat, est une occasion de livrer sans retenue des détails sur les négociations et les batailles menées par son département pour atteindre les objectifs.

Sur la question de la valeur ajoutée locale et le taux d'intégration, le ministre se confie sur la façon dont il a convaincu Renault de se sourcer localement.

"Dans le secteur de l'automobile, on avait Somaca et Renault à Tanger. La valeur ajoutée était de 28%. Avec ce taux, il est impossible de vendre une voiture avec le label Maroc. Il faut atteindre 40%".

"Le contrat avec Renault ne mentionne aucun chiffre contraignant sur ce sujet. Au moment du renouvellement du contrat de Somaca, j'ai dit qu'il est impossible de signer à nouveau avec les mêmes conditions".

Le ministre donne à Renault deux choix : revoir les conditions en intégrant du sourcing local avec des critères de suivi, ou l'arrêt du contrat. "Je revends Somaca à un autre opérateur", leur dit-il, confie le ministre.

"Je leur ai demandé d'acheter du Maroc 2 milliards d'euros annuellement de pièces. Ils ont quitté la salle de réunion, estimant que ce montant était fantaisiste".

"On a fini par signer pour 2 milliards d'euros de sourcing annuel. Ce n'était pas facile, on a bataillé, mais on a eu le résultat voulu".

Concernant les négociations avec PSA, le ministre raconte sa première rencontre à Paris avec Carlos Tavares, trois mois après la nomination de ce dernier.

"Je lui ai dit de faire une usine au Maroc, il a refusé car il venait d'arriver et 40% de ses usines tournaient au ralenti et il devait les relancer. Je lui ai demandé de fabriquer au Maroc les pick-up 504, dont la production a été abandonnée, sans dépenser aucun sou. Je te construis une usine complète, on y fabrique les 504 et on les vends en Afrique. C'est comme cela que les discussions ont démarré avec PSA", avance MHE.

"On a avancé dans les négociations et à l'arrivée nous avons l'usine PSA à Kénitra où sont produits les derniers modèles du constructeur".

"Aujourd'hui, on exporte 80 milliards de DH de voitures fabriquées au Maroc. C'est deux fois le chiffre d'affaires d'OCP. La valeur ajoutée est estimée à 31,6 milliards de DH", se réjouit-il.

Le bilan du PAI est un sujet qui ne peut que raviver certaines discordes qui ont accompagné le déploiement de ce plan notamment concernant les 500.000 emplois promis par le ministre en 2014.

MHE persiste et signe. "De 2014 à 2020, l'industrie a créé 565.483 emplois. Ce sont des emplois inscrits à la CNSS".

"On a perdu 5 ans à polémiquer, un débat stérile et vide, sans citer avec qui.. On a des institutions marocaines qui publient de faux chiffres qui sont repris par la suite par des institutions internationales. La solution a été de recourir aux données de la CNSS pour résoudre cette question une fois pour toute", avance le ministre.

"82% des emplois créés concerne quatre secteurs : l'automobile, le textile et l'habillement, l'agro-industrie et l'offshoring".

La destruction d'emplois observée en 2020 a été dépassée, ajoute MHE, euphorique. "On a récupéré 99% des emplois détruits. Tous les secteurs, à l'exception de l'aéronautique,  ont dépassé le chiffre d'affaires réalisés en 2019", avance-t-il.

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