Marocains de Daech : le calvaire du “Jihad” raconté par des revenants

Dans son rapport sur le sort des Marocains partis en Syrie et en Irak rejoindre les rangs de l’Etat islamique, la mission parlementaire présidée par Abdellatif Ouahbi a transcrit des séances d’écoute de revenants de la terre du Jihad. Des témoignages poignants qui en disent long sur une supercherie nommée Daech. Morceaux choisis.

La ville de Raqqa en Syrie qui fut la capitale de Daech.

Marocains de Daech : le calvaire du “Jihad” raconté par des revenants

Le 22 juillet 2021 à 11h35

Modifié 23 juillet 2021 à 8h18

Dans son rapport sur le sort des Marocains partis en Syrie et en Irak rejoindre les rangs de l’Etat islamique, la mission parlementaire présidée par Abdellatif Ouahbi a transcrit des séances d’écoute de revenants de la terre du Jihad. Des témoignages poignants qui en disent long sur une supercherie nommée Daech. Morceaux choisis.

La commission parlementaire des affaires étrangères et des Marocains résidents à l’étranger a livré un précieux rapport d’information sur les Marocains qui ont rejoint Daech et restent bloqués dans les théâtres de conflits, en Syrie et en Irak notamment.

Le rapport nous apprend selon les déclarations du ministère de l’intérieur, des Affaires Étrangères ou celui chargé des droits de l’Homme, que 1.659 Marocains ont rejoint la Syrie et l’Irak depuis le début des tensions dans ces pays où Daech et de nombreuses autres organisations terroristes sont apparues après le printemps arabe.

Parmi ces 1.659 Marocains, les responsables publics précisent que l’on dénombre 290 femmes et plus de 628 enfants ou mineurs.

Et parmi ces milliers de Marocains, seuls 345 combattants sont rentrés au Maroc, où ils ont été poursuivis, en vertu de la législation nationale qui punit l’adhésion à un groupe terroriste. Le reste a été soit tué, porté disparu ou se trouve dans les camps ou les geôles syriennes et irakiennes.

« Alors qu’un nombre important de combattants et leurs familles ont été tués, il y a actuellement, selon les informations dont disposent les autorités compétentes, 250 combattants détenus (232 en Syrie, 12 en Irak et 6 en Turquie), ainsi que 138 femmes, dont 134 dans les camps gardés par les forces kurdes, en plus d’environ 400 mineurs d’entre eux », précise le ministre de l’Intérieur.

Des concitoyens qui vivent un calvaire sans nom, comme le racontent quelques survivants qui ont pu revenir au Maroc et qui ont été écoutés par la mission parlementaire.

Voici quelques témoignages poignants de l’expérience de quelques revenants de Syrie ou d’Irak.

Mustafa Ghayat, ancien détenu en Irak :

« J'ai rejoint la Syrie en 2013 avec ma femme. Plusieurs raisons nous ont fait rejoindre la Syrie, notamment la pauvreté. Il y avait beaucoup de tentations. Deuxième raison : en 2013, il y avait une conférence en Égypte à laquelle ont assisté près de 1.000 oulémas de tous les pays du monde, et ils ont donné des fatwas encourageant les musulmans à rejoindre la Syrie et l’Irak.

"Il y a une autre raison.  Certains amis qui étaient déjà sur place nous ont raconté le confort dans lequel ils vivaient. Ils percevaient un salaire mensuel et des provisions. En plus du côté matériel, nous avions de l’empathie pour le peuple syrien, d'autant plus que les médias nous montraient les massacres d'enfants et de femmes, qui avaient besoin de notre aide.

"Je suis donc parti avec ma femme. Ils nous ont fourni un logement, et nous étions basés à "Arribat" en Syrie. Mais je me suis vite rendu compte de la supercherie. Tout ce qu’ils promouvaient était du mensonge. J’ai compris que nous travaillions pour l'agenda de grands pays qui ont des intérêts dans cette région. Nous étions des « moutons ». Plusieurs groupes se battaient pour cette terre et tout le monde voulait la contrôler. Je craignais la mort pour ma femme et moi-même, et j'ai décidé de rentrer au Maroc.

"A mon arrivée dans mon pays, j'ai été jugé et condamné à trois ans de prison. J'ai purgé ma peine, et maintenant nous vivons librement dans notre pays, mais nous souffrons toujours psychologiquement pour tout ce que nous avons vu là-bas.

"Je souffre également de cette image qui me colle et qui m’empêche de me réintégrer dans la société. Je n’arrive pas à trouver du travail. Nous avons changé, révisé nos idées et nous avons la capacité de nous intégrer de nouveau et de travailler sous l'autorité des institutions de l'État. Nous avons frappé à toutes les portes… »

Mme Laila Al-Shaklati, épouse de Mustafa Al-Ghayat:

"Je suis née en 1997. Je suis allée avec mon mari en Syrie parce que je n'avais pas d'autre choix. L’organisation nous a fourni un logement. J’ai été aussi encouragée à partir car mon frère était déjà sur place, ainsi que mon cousin. En allant en Syrie, je pensais que nous allions pouvoir aider les gens.  Mais ce qui nous attendait était un enfer. Première chose que j’ai remarquée : à la mort du mari d’une de mes sœurs, ils l’ont obligée à se remarier. Elle est devenue comme une marchandise qui passait d’une main à une autre. Quant à moi, en l’absence de mon mari qui était parti à «Arribat », je passais mon temps à chercher de l’eau, en marchant des heures et des heures…

"Il y avait des bombardements au-dessus de nos têtes. Nous devions sortir des maisons pour que les bombes ne tombent pas sur nous à cause de l'intensité du feu. Un piège dont on ne pouvait sortir, car il y avait des gardes et des soldats turcs à la frontière. Dès que vous essayez de franchir la frontière, vous devenez la cible de snipers. Nous avons malgré tout pu traverser la frontière et rejoindre le consulat du Maroc, qui nous a fait rapatrier.

"Quand nous sommes rentrés au Maroc, nous pensions que la situation allait s'améliorer, mais c'était beaucoup plus difficile. Je me suis retrouvée rejetée et étrangère dans mon pays, dans l'endroit où j'ai vécu et grandi.

"Je n'ai trouvé le soutien de personne, même pas de ma famille, qui me blâmait à longueur de temps pour ce que j’avais fait avec mon mari. Mes proches me bombardaient aussi de questions sur notre expérience en Syrie. Je vivais dans une pression énorme.

"J'ai donc décidé de m'isoler de la société et de vivre seule pendant près de deux ans. J'étais enceinte à mon retour et j'ai vécu l'amertume de la grossesse. Je me suis retrouvée, moi, fille de 16 ans, avec une responsabilité plus grande que mon âge. Je n'ai trouvé personne à mes côtés. Mon père refusait de me voir, alors que je pensais qu’il serait mon premier soutien. Ma mère est décédée. J'ai continué de souffrir seule. Je tiens à peine debout.

"J’ai appris également que mon frère, qui était avec nous en Syrie, est mort. Mon père l’a suivi, ainsi que mon seul frère qui vivait encore avec nous à la maison. Je n’arrivais pas à sortir de ce tourbillon de malheurs…

"Cette expérience a laissé beaucoup de traces dans ma vie. Il y a environ un mois, j'étais dans la rue et un hélicoptère est passé près du sol. J'ai eu l'impression qu'un missile passait au-dessus de moi. J’ai paniqué, et les gens dans la rue me regardaient avec étonnement. Je tremblais de peur. C’est une des séquelles de ma vie en Syrie… »

Mme Fitri Karima, survivante d’Al Nusra :

" Je suis Karima Fitri, née en 1986. Je vais vous raconter ma longue histoire. J'avais 16 ans quand j'ai épousé un homme que je n'aimais pas. Il m'a été imposé par ma famille, et j'ai divorcé après sept mois de mariage alors que j'étais enceinte. Cinq ans plus tard, un homme a proposé de m'épouser. Il a pris soin de mon fils, et nous avons vécu une vie heureuse pendant cinq ans à Tanger où nous nous sommes installés.

"Un jour, il a eu l'idée d'aller en Syrie après avoir entendu que tout le monde voulait y aller. Au début, je me suis opposée à cette idée. A ce moment-là, j'avais accouché d'un garçon et d'une fille, en plus de l’enfant que j'avais du premier mari. Il m'a donné le choix entre partir avec lui ou retourner chez ma famille. Il m’a mise devant le fait accompli. Je suis restée 4 mois après son départ. Ma famille et mes voisins chuchotaient que mon mari m’avait quittée. Que c’était le deuxième homme à me quitter. J’ai décidé alors de le rejoindre, surtout qu’il me dépeignait une belle vie en Syrie.

"Je l'ai rejoint en étant enceinte de neuf mois. Je suis restée 5 ans en Syrie, j’ai donné naissance à un autre enfant, le cinquième. Mais mon mari était toujours absent. J’ai vécu avec mes enfants, à Alep et à Idlib, avec le groupe Al Nusra, sous des bombardements incessants. J'ai donc pris mes enfants et je me suis enfuie. Mon mari rejetait l’idée du retour, et il a été fait prisonnier. Je n'avais plus d'endroit où aller parce que ma famille ne voulait plus de moi.

"Cinq ans ont passé et il a été tué par Daech. J'ai commencé à craindre pour la vie de mes enfants. J'ai vu un enfant qui a été tué devant mon fils. Au début, ils m'ont demandé en mariage et j'ai refusé de me marier et de rester en Syrie. Ils me traitaient comme une marchandise. Devant leur insistance, nous avons décidé de nous enfuir. Nous avons marché pendant 12 heures pour sortir de Syrie. J'avais de jeunes enfants âgés de 7, 5 et 2 ans.

"Quand je suis rentrée au pays en 2018, j'ai trouvé un autre Maroc, pas celui que j'avais quitté. La société me rejetait au point où je ne survivais que grâce aux psychotropes. Mes enfants souffraient devant moi. Ma fille qui a commencé ses études à Idlib n’a pas pu terminer ses études. Elle a 12 ans aujourd’hui et étudie en troisième année primaire avec des enfants qui ont des années de moins qu'elle, et qui la surnomment « la terroriste ».

"On vit dans la pauvreté, sans logement décent. Je suis dévastée. La Syrie n'a rien laissé de beau en moi. Elle m'a pris mon mari, ma vie et ma jeunesse. Je me rappelle toujours un missile qui a frappé notre maison. Nous y avions heureusement survécu, mes enfants et moi. Nous sommes tous tourmentés, nous avons payé notre erreur très cher. Mais aujourd’hui, je ne pense qu'à mes enfants et à leurs souffrances à l’école où même les enseignants les maudissent…"

Muhammad Al-Badawi, rapatrié et ancien détenu en Syrie

« Je suis un jeune homme comme le reste des jeunes qui sont revenus de Syrie, marié et père de deux enfants. Je suis allé en Syrie le 30 novembre 2013, j'ai rejoint Daech pour des raisons financières. Nous avons entendu une fatwa donnée dans une conférence tenue en Egypte à laquelle des cheikhs marocains avaient participé, appelant les musulmans à soutenir le peuple syrien. Cela m'a affecté. Je suis donc parti en laissant ma femme au Maroc sans que personne ne le sache. Quand je suis arrivé en Syrie, j'ai appelé ma famille pour les informer. Ils m'ont sévèrement blâmé.

"Je n'ai trouvé que de la souffrance là-bas. Dès que vous arrivez chez Daech, ils vous prennent d’abord votre passeport. Mais je ne le leur ai pas remis. Je suis allé dans la région d'Alep, et j'ai vu que tout ce qu’on nous racontait était un pur mensonge. Beaucoup d’amis avec qui je suis allé ont rejoint d’autres groupes, et nous sommes devenus ennemis.

"J'ai alors pensé à revenir, mais ils menaçaient de me livrer aux autorités turques pour m‘arrêter. Un jour, je leur ai dit que j'allais en Syrie pour acheter un ordinateur. Je suis parti avec un Syrien et un Koweïtien. C’est là que je me suis enfui et j'ai réussi à rentrer au Maroc, à travers l'Algérie. Dans le chemin du retour, le bruit de l’avion me faisait peur, j’imaginais le bruit des balles.

"Après mon retour, j'ai eu un jour un accident de la route. C’est là que j'ai été arrêté par les autorités et condamné à quatre ans de prison. J’en ai passé trois. J'ai été bien traité en prison et j'ai obtenu un diplôme de formation professionnelle. Mais quand je suis sorti, j'ai rencontré d’énormes difficultés. Même mes professeurs qui m'encourageaient et me disaient qu'ils m'aideraient à trouver du travail m’ont tourné le dos. Je suis toujours sans emploi à cause de mon casier judiciaire. Sa Majesté le Roi dit que "La patrie est indulgente et miséricordieuse". Je demande seulement une deuxième chance pour m’intégrer de nouveau, trouver du travail et vivre décemment".

Boukharif Adel, un revenant de Syrie :

"Je suis né en 1993. J'ai rejoint la Syrie à un jeune âge. J’avais 19 ou 20 ans. Nous avons vu la souffrance du peuple syrien et des gens qui mouraient et on nous disait que le peuple syrien avait besoin d’aide. Pour partir, les choses étaient faciles. Il n'y avait aucune objection ou quelqu'un qui vous arrêtait. Ils connaissaient nos idées, mais ils ne nous ont pas empêchés de partir. Je suis allé avec deux amis pour  soutenir nos frères en Syrie.

"Nous y sommes allés en 2013, après Aïd al-Adha. Nous avons été accueillis par des frères marocains qui étaient là-bas. Nous avons suivi des entraînements. Nous avons vu ce que personne n'avait vu. Ce n'est pas facile de vivre la guerre, les meurtres, voir du sang et des têtes coupées devant vous. C’est des choses qu’on ne voyait que dans les films.

"Tout cela a laissé de grandes traces en nous. Je suis tombé malade, une maladie mentale difficile. Il m’arrivait de prendre des armes, de vouloir tuer des frères, au point qu’on m’attachait les mains et les pieds avec des chaînes. Nous avions l'habitude de voir un avion tomber, des bombes qui rasaient tout un quartier, des choses que votre esprit ne peut supporter

"Je leur ai dit que je voulais partir. Et comme j’étais malade et que je ne leur servais à rien, ils m'ont livré aux turcs. J'ai été alors arrêté et subi de la torture en prison. Après deux mois de procès, j’ai demandé à être rapatrié au Maroc. Ils m’ont fourni le billet retour et je suis revenu via l'aéroport Mohammed V de Casablanca où j'ai été arrêté dès l’atterrissage. J'ai été interrogé, et Dieu merci, nous n'avons pas été torturés. J'ai passé trois ans en prison. J'ai passé mon temps à souffrir de ma maladie mentale. Aucun traitement ne pouvait apaiser mes tourments.

"Quand je suis sorti de prison, je me suis trouvé face à d’autres souffrances : l'impossibilité d’une intégration dans la société. Je n’ai jamais pu décrocher un travail. Et même pour faire du commerce, on trouvait du mal avec les autorités. Nous ne voulons qu’une seule chose : la stabilité et devenir comme tous les citoyens. Nous avons tourné la page et croyons aux constantes de la nation et vivons comme tout le monde. Nous ne demandons rien à personne. Nous voulons juste travailler. Qu'Allah vous protège. "

Hamid Al-Azhari, rapatrié et ancien détenu en Irak :

"Je suis Hamid Al-Azhari, ancien détenu pour des affaires de terrorisme. J'étais allé en Irak pour de multiples raisons, dont certaines étaient matérielles et certaines morales et religieuses. Je ne croyais pas en Dieu. J'ai été pendant de longues années un adorateur des démons, un satanique.

"J'ai suivi ce chemin pendant six ans. A cette époque, je pesais 35 kilogrammes à cause de mon désir d'oublier la réalité dans laquelle je vivais. Vous ressentez intérieurement l'injustice mais vous n'en connaissez pas la raison. Je me voyais mourir jour après jour, et je n'arrêtais pas de penser au repentir et à m'éloigner de ce chemin. Des amis ont commencé à me donner des livres à lire parce que je ne connaissais rien à la religion.

"La première chose qu’ils m’ont mis dans la tête était « Tawhid » et « Al Aqida », en liant cela au combat contre « Taghout ». Il fallait combattre le Taghout pour suivre le chemin de Dieu. Petit à petit, j’ai commencé à être convaincu que je vivais dans un pays où les gens ne croient pas en ce que Dieu a envoyé. Que nos décideurs gouvernent par des dispositions constitutionnelles que Dieu n'a pas apportées, et ils obligent les citoyens à les suivre. Un blasphème.

"J’ai commencé à croire en tout cela. Et quand je crois en quelque chose, rien ne peut m’arrêter. J’ai commencé à retrouver mes forces, et j’ai commencé à chercher une femme pour le mariage. Et les événements de Syrie ont éclaté. J’ai décidé alors après plusieurs discussions avec des frères d’y aller, de partir vivre sous la loi de Dieu. La nuit où je devais partir, tous mes amis ont été arrêtés. Mon père m’a empêché également de partir et a déchiré mon passeport. Mais j’ai pu le refaire en soudoyant quelques personnes, moyennant 300 dirhams.

"C’est ainsi que je me suis retrouvé en Syrie. Mon rêve de vivre dans la dignité, sous la loi de Dieu, mon désir de mourir en martyr commençait à se réaliser.

"Je suis arrivé en Syrie en 2015. Je suis quelqu’un qui observe beaucoup. Et j’ai vite compris que les choses ne tournaient pas rond. J’ai compris que ces gens profitaient seulement de nous. Ils ont pris mon passeport, et m’ont dit qu’en cas de tentative d’évasion, ils allaient m’emprisonner. Ils m’ont demandé, avec 2 amis marocains, d’aller en Irak.

"Je suis donc allé dans la ville de Mossoul. Mais dès notre arrivée, ils nous ont enfermés pendant un mois, comme mesures de sécurité, nous disaient-ils. C'était un véritable tourment psychologique. C'est là que j'ai commencé à revoir mes pensées et à me demander ce que je faisais ici. Je ne suis pas venu pour tuer, mais je suis venu vivre dans la loi islamique et fuir le pays du « taghout». Des cheikhs nous rendaient visite en nous parlant de Jabhat Al Nusra, les infidèles. Et nous encourageaient à les combattre. Même chose pour Sham Al Islam. Sans parler des chiites…Si vous n’obéissez pas, ils vous tuent.

"Ils m'ont mis avec un groupe de Tchétchènes et d’Arabes. Ces Tchétchènes, je n’ai jamais vu des gens comme eux. Ils ne connaissent rien à l’arabe et comprennent tout à l’envers. Ils n’avaient aucune pitié. Si un Tchéchène entre dans la mosquée et trouve votre jambe tendue, il vous demande de vous ressaisir. Si vous refusez, il sort son arme et vous frappe.  Nous sommes allés dans un camp souterrain, à environ 400 ou 500 km de Mossoul, au milieu du désert.

"J'y suis resté un mois, et quand les dunes de sable sont arrivées, nous nous sommes étouffés. En un mois, quatre jeunes hommes sont devenus aveugles à cause de la pression exercée sur eux.

"Le législateur de la charia est arrivé un jour pour nous imposer des opérations de martyre, et il nous a dit : « Si votre souverain vous demande de faire une opération martyre, vous devez le faire, et celui qui la refusera sera puni ». Les jeunes étaient heureux.

"Ma femme arrivait à ce moment-là dans l'avion pour me rejoindre. Je suis allé voir l’émir et lui ai dit que ma femme venait et que je devais aller la recevoir et l'amener ici pour vivre avec moi.

"J'avais dit à Oussama (un ami, ndlr) ce qui se tramait contre nous et la gravité de ce qui nous attendait mais il a refusé de m'accompagner et a préféré mourir dans le califat. Je suis donc parti chercher ma femme, mais je ne l’ai pas trouvée. Ils l’ont kidnappée. Je suis parti à sa recherche, en Syrie, en Irak, partout… Jusqu’au jour où j'ai reçu un appel. C’était ma femme. Elle était au Maroc. Elle m’a raconté qu’elle avait été livrée à son arrivée à une armée, ils l’ont battue, agressée, puis l’État turc l’a récupérée et l’a renvoyée au Maroc après un passage par la prison.

"Pendant ce temps, l’organisation me recherchait et on m’a dit qu’ils voulaient me tuer. Un Irakien qui avait entendu certains des malheurs que j'ai vécus a voulu m’aider. Il m'a donné 2.000 dollars pour que je puisse m’enfuir.

"Je suis passé par Alep, et j’ai pu passer la frontière turque en donnant de l’argent à des passeurs. J’ai entendu quelqu’un dire : « Bachar est plus miséricordieux que ceux-là ».

"C'est une expérience que je n'ai pas regrettée, parce que ce voyage en Syrie m’a permis de comprendre et de voir la « Ni3ma » où je vivais au Maroc, la sécurité, la liberté… Ça m'a donné de l’énergie positive… "

Document. Les Marocains de Daech : que sont-ils devenus ?

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