Covid-19. Les appels à l'allègement des mesures restrictives se multiplient

De nombreuses voix s’élèvent contre le maintien des mesures restrictives, alors que la situation épidémiologique s’est largement améliorée au Maroc. Différents experts, sondés par nos soins, estiment qu’il est temps d’alléger ces mesures, tout en maintenant les mesures préventives, puisque le pays n’est encore qu’à la phase descendante de la 3e vague du Covid.

Covid-19. Les appels à l'allègement des mesures restrictives se multiplient

Le 20 septembre 2021 à 19h49

Modifié 21 septembre 2021 à 8h35

De nombreuses voix s’élèvent contre le maintien des mesures restrictives, alors que la situation épidémiologique s’est largement améliorée au Maroc. Différents experts, sondés par nos soins, estiment qu’il est temps d’alléger ces mesures, tout en maintenant les mesures préventives, puisque le pays n’est encore qu’à la phase descendante de la 3e vague du Covid.

La situation épidémiologique du Royaume s’est largement améliorée ces dernières semaines, par rapport au début de l’été, estime Dr Mouad Merabet, coordonnateur du Centre national d'opérations d’urgence de santé publique au ministère de la Santé, dans l’un de ses posts sur les réseaux sociaux.

Le Maroc passe à un niveau modéré de transmission du Covid

Dans son dernier post, publié dimanche 19 septembre, ce dernier explique qu’"après huit semaines consécutives de transmission élevée du Sars-CoV-2 (niveau de criticité rouge), le pays passe cette semaine au niveau modéré de transmission du Covid : niveau de criticité orange".

Par région, "3 régions sont au niveau vert, 5 au niveau orange et 4 au niveau rouge", souligne-t-il sans plus de détails. Selon les chiffres quotidiens du ministère de la Santé, les régions de Rabat-Salé-Kénitra et de Casablanca-Settat sont celles qui comptent encore le plus grand nombre de cas quotidiens. Elles font donc probablement partie des régions qui sont encore au niveau rouge.

Et d'ajouter : "le niveau de testing, à l'échelon national, était de 392 tests/100.000 habitants cette semaine (du 13 au 19 sept, NDRL), ce qui est conforme aux recommandations internationales, exigeant au moins 300 tests/100.000 habitants/semaine."

"L'incidence hebdomadaire est quant à elle en baisse continue. Elle s’élève actuellement à 41/100.000 habitants, alors qu'elle a atteint le pic de 181 personnes contaminées pour chaque 100.000 habitants, durant la semaine du 2 au 8 août 2021."

"La positivité poursuit également sa baisse, avec un taux de 10,33% au 19 septembre. Il s’agit du taux le plus bas depuis neuf semaines."

La 3e vague ne sera dépassée que lorsque les 12 régions passeront au niveau vert

"Le nombre de décès a, lui, diminué de 23% cette semaine par rapport à la semaine dernière, et le taux de reproduction (Rt) du Sars-CoV-2 est de 0,91 à la date du 19 septembre 2021", ajoute Dr Merabet, notant qu'"un nombre total de 1.039 personnes admises dans un état grave a été enregistré cette semaine (du 13 au 19 sept, NDRL)".

Pour résumer la situation, il estime que "la vague actuelle liée au variant Delta est en phase descendante depuis 5 semaines. Sauf surprise, l'amélioration continuera la semaine prochaine".

Joint par nos soins, Dr Merabet nous confie que "malgré l’amélioration des chiffres, on ne peut se permettre de dire qu’on a dépassé la 3e vague. Celle-ci est encore en phase descendante, et ne sera dépassée que lorsque toutes les régions passeront au niveau vert".

Par ailleurs, "il y a eu beaucoup de mouvements ces derniers jours, notamment en relation avec le départ des MRE, mais aussi avec la campagne électorale. Si les mesures de prévention n’ont pas été respectées durant les élections, le nombre de cas positifs pourrait connaître une légère hausse la semaine prochaine. Mais de manière générale, la situation s’améliore par rapport à ce qu’on a vécu les derniers mois".

Un allègement des restrictions est désormais possible...

C'est ce que s'accordent à dire trois experts reconnus, notamment Dr Tayeb Hamdi, médecin, chercheur en politiques et systèmes de santé, Pr Azeddine Ibrahimi, directeur de Medbiotech, laboratoire de biotechnologie de la Faculté de médecine et de pharmacie de l’Université Mohammed V à Rabat, ainsi qu'un médecin membre du Comité scientifique.

Dans un post Facebook, Pr Ibrahimi s'insurge contre le maintien des restrictions, malgré l'amélioration des chiffres relatifs à l'épidémie.

"Le moment est venu d'oser d’assouplir les restrictions en vigueur", estime-t-il. "Comme tous les Marocains, je ne conçois pas que nous n'ayons pas encore levé ou assoupli les restrictions sur un ensemble de secteurs. Et franchement, cela nous fait perdre une partie de notre crédibilité et remet en cause notre approche scientifique. Il faut oser revenir, progressivement, à une vie presque normale."

"D’un point de vue scientifique, je suis pour l'ouverture des mosquées pour la prière du soir, la réouverture des hammams, des salles de sport, et des salles de cinéma… tout en accueillant des personnes en nombre raisonnable." Pr Ibrahimi encourage également le gouvernement à "repousser le couvre-feu", fixé actuellement à 21h, "pour diminuer la pression psychologique des citoyens".

"Après avoir dépassé 60% du taux de vaccination chez les personnes âgées de 12 ans et plus, et avoir atteint un taux proche des 70%, on peut dire que la plupart les citoyens ont été vaccinés et souhaitent reprendre une vie quasi normale. Qu’attendons-nous alors?" s’indigne-t-il, "qu'une autre vague arrive, ou que la situation épidémiologique se détériore encore une fois avec l’apparition d’un nouveau variant ?"

"Il n'y aura plus de monde avec Zéro Covid", ajoute-t-il. "Tous les pays qui ont adopté cette stratégie se sont rétractés. Il faut que notre stratégie de sortie de crise soit fondée sur le fait que le virus restera avec nous, comme celui de la grippe, et que nous cohabitions avec, tout en adoptant une détection précoce et en respectant le protocole national de prise en charge des cas Covid. Ce sont les deux armes qui feront que notre système de santé puisse tenir."

... A condition d'adopter le pass vaccinal dans les endroits publics

Dr. Tayeb Hamdi est du même avis, mais selon lui, l’adoption du pass vaccinal dans les endroits publics s'avère, désormais, nécessaire. D’une part pour protéger la population vaccinée, et d’autre part, pour encourager les autres à se faire vacciner.

"L’amélioration de la situation sanitaire nous permet d’alléger les restrictions, à une condition, qui me semble incontournable, c’est d’adopter le pass vaccinal."

"Le taux de couverture de la vaccination est certes important au Maroc, mais il ne l’est pas assez pour qu’on puisse alléger, sans séparer les vaccinés des non-vaccinés. Nous n’avons pas encore retrouvé la situation épidémiologique d’avant la 3e vague, puisqu’on atteint encore les 2.500 voire 3.000 cas quotidiens. On est en voie de convalescence de cette vague, mais on y est toujours. On n’en est pas encore sortis."

"De plus, la rentrée scolaire approche à grands pas, et les élèves ne sont pas encore tous vaccinés", ce qui représente un risque de propagation du virus. En effet, au 19 septembre 2021, 1,3 million d’élèves ont reçu la première dose (1.290.061) ; ce qui représente 43% de la population cible estimée à près de 3 millions d’élèves. Au 20 septembre, ce nombre avait dépassé 1,4 million.

Pour résumer, "nous avons des éléments très positifs, mais aussi des contraintes. Il faut donc alléger, mais en parallèle, étendre l’usage du pass vaccinal, notamment pour l’accès à certains endroits publics, tels que les cafés, restaurants et moyens de transport, ou pour participer à des activités publiques. Tout d’abord, parce qu’on n'a pas encore atteint l’objectif de vacciner 80% de la population, mais aussi parce que le Royaume dispose d’une faible capacité de testing, contrairement aux pays qui ont abandonné toutes les mesures restrictives comme le Danemark".

Toujours selon notre interlocuteur, "ce dernier pays a, non seulement atteint une couverture vaccinale de 80% de sa population, mais il peut tester la moitié de celle-ci en une semaine. D’ailleurs, depuis le début de l’épidémie, la moyenne des tests par habitant au Danemark s’élève à 14 tests/ hab, contre 2 tests/ hab en France et à peine 0,22 tests/ hab au Maroc".

Les personnes âgées non vaccinées peuvent exercer une pression sur le système de santé

Par ailleurs, "si l’on impose le pass vaccinal dans les endroits publics, on encouragera les citoyens qui ne sont pas encore vaccinés à passer le cap".

D'après Dr Tayeb Hamdi, la catégorie des personnes âgées entre 40 et 50 ans est la plus hésitante actuellement. "Nous devons l'encourager à se faire vacciner, d'autant plus qu'elle représente un risque pour le reste de la population. Une étude récente a même démontré que 3% seulement des 60 ans et plus, non vaccinés, peuvent remplir jusqu'à 43% des lits d’hospitalisation Covid". Un risque qu'encourt le Maroc, si une nouvelle vague survient et affecte cette catégorie qui n'est pas couverte à 100%. Son taux de couverture vaccinale est de 97% actuellement.

"Cela veut dire que même si nous avons un taux de vaccination élevé, une minorité de personnes âgées de 50 ans et plus non vaccinées peut exercer une pression sur le système de santé, qui poussera le ministère à durcir, de nouveau, les mesures restrictives", conclut-il.

Un constat partagé par Pr Ibrahimi, qui se dit fier que "notre système de santé ait pu résister à des vagues successives du Covid", notant qu'actuellement, "le plus grand défi auquel fait face le Royaume, c’est la vaccination des personnes âgées et atteintes de maladies chroniques qui ont manqué la première ou la seconde dose. Il n’en reste que quelques-unes, mais elles constituent une menace pour notre système de santé", souligne-t-il.

Enfin, selon notre interlocuteur au Comité scientifique, l'allègement des restrictions est proche. "Il devra probablement être annoncé par le nouveau gouvernement".

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