Conflit du Sahara : faut-il s'inquiéter d’un axe Alger-Téhéran aux portes du Maroc ?

Après la résolution 2602 du Conseil de sécurité, très favorable à la cause du Maroc, l’Algérie s’est rapprochée de l’Iran pour soutenir le polisario. Selon un expert familier de la diplomatie et du régime iranien, cet axe qui ne bénéficie pas du soutien de la communauté internationale, loin de représenter une menace réelle, a davantage vocation à servir d'épouvantail.

Conflit du Sahara : faut-il s'inquiéter d’un axe Alger-Téhéran aux portes du Maroc ?

Le 24 novembre 2021 à 20h06

Modifié le 24 novembre 2021 à 21h38

Après la résolution 2602 du Conseil de sécurité, très favorable à la cause du Maroc, l’Algérie s’est rapprochée de l’Iran pour soutenir le polisario. Selon un expert familier de la diplomatie et du régime iranien, cet axe qui ne bénéficie pas du soutien de la communauté internationale, loin de représenter une menace réelle, a davantage vocation à servir d'épouvantail.

Acculée dans ses retranchements après la dernière victoire diplomatique du Maroc à l’ONU, l’Algérie a récemment opéré un rapprochement remarqué avec le régime iranien pour tenter de combler le manque de soutien international à ses affidés du polisario, en bout de course.

« L’Algérie n’est qu’un pion dans la stratégie iranienne de s’implanter dans la région du Maghreb »

Si la création de cet axe inédit peut sembler inquiétante pour la stabilité de l’Afrique du nord et du continent où l’Iran a toujours cherché à s’implanter, un spécialiste de ce pays s’est montré rassurant en affirmant qu’une telle association arrangeait le Maroc.

Sur le rapprochement en cours entre les deux pays très éloignés géographiquement - censé soutenir l'existence du polisario -, notre interlocuteur avance que l’Algérie n’est qu’un pion dans la stratégie iranienne de s’implanter dans la région du Maghreb, puis sur le continent africain.

"En effet, l’Algérie s'intègre bien dans cette stratégie d’entrisme, à l’image de ce qu’a déjà fait l’Iran en Tunisie et en Mauritanie, ou dans son espace vital au Moyen-Orient où elle fait ce qu’elle veut (Liban, Irak…)."

« Association de circonstance pour deux régimes en faillite »

"Si tout comme notre voisin de l’Est, le régime iranien joue sa survie, il faut préciser que le pouvoir algérien n’apprécie pas et redoute même son homologue iranien accusé de vouloir convertir leur société au chiisme.

"Sachant que l'Iran est au ban de la communauté internationale, l’Algérie n’est en fait qu’un moyen de survivre et de se légitimer en multipliant les alliances qui pourraient, le moment venu, servir de monnaie d’échange avec l’Occident."

« Une tentative de réédition du passé »

Sur la volonté algérienne de créer un axe Alger-Téhéran pour soutenir diplomatiquement, voire militairement, le polisario contre le Maroc, le diplomate affirme que cette tentative n’est pas inédite.

"Il faut se souvenir de l’affaire du chargé d'affaires culturelles iranien à Alger, qui aidait les miliciens du polisario en conduisant lui-même dans sa voiture officielle un dignitaire du hezbollah qui leur dispensait une formation militaire pour creuser des tunnels sous le mur de défense marocain.

"En fait, cet axe aurait pu fonctionner et faire du mal aux intérêts du Maroc s’il était resté anonyme, mais une fois dévoilé publiquement, il a perdu toute éventuelle efficacité."

« Les techniques de guérilla du hezbollah sont désormais obsolètes »

En effet, la carte iranienne qu’essaye de jouer aujourd’hui l’Algérie pour soutenir le polisario "a déjà été percée à jour dans le passé par les deux satellites marocains", rappelle notre source, en faisant référence aux formations dispensées aux milices du polisario par un dirigeant du hezbollah, sur le territoire algérien.

"Depuis cette affaire dénoncée par le Maroc, preuves à l’appui, les choses ont beaucoup changé et ils ne pourront pas faire plus que dispenser des formations de guérilla qui s'avéreront inutiles car on ne peut plus gagner une guerre moderne avec des techniques paramilitaires de type Contras ou même Wagner.

"Pour ce qui est d’une éventuelle menace militaire algérienne contre le Royaume, il faut préciser que ce pays n’a jamais participé à une vraie guerre et au risque de me répéter, la guérilla d’indépendance dont ils se flattent d'être les chantres n’a plus aucune chance de triompher sur un terrain moderne de conflit."

« Une nouvelle aide militaire iranienne au polisario qui ne sera d’aucune utilité »

"S’ils peuvent toujours essayer de nuire au Maroc avec une aide logistique au polisario, la guerre du Sahara est bel et bien terminée, et un nouvel axe Alger-Téhéran-polisario ne pourra rien changer sur le terrain militaire.

"En effet, leurs alliés sont de plus en plus rares, pour ne pas dire inexistants, alors que ceux du Maroc sont tangibles et désormais pérennes à l’image des États-Unis qui viennent encore de renouveler leur soutien à sa proposition d’autonomie", explique l’expert pour qui l’ouverture d’une ambassade du polisario à Téhéran est inconcevable.

"En effet, récemment encore, le ministre des Affaires étrangères iranien a rappelé que son pays n’avait aucun problème avec le Maroc, en laissant ouverte la porte à la reprise des relations diplomatiques.

"C’est la raison pour laquelle il n'y a pas lieu de croire à l'efficacité d’un tel axe qui côté algérien est simplement destiné à la consommation intérieure, en prévision du Sommet arabe qui se tiendra à Alger en mars 2022."

« La seule guerre de l’Iran contre le Maroc sera commerciale sous couvert d’idéologie »

"A la rigueur, la seule chose que l’Iran pourra amener au polisario est son savoir-faire, mais certainement pas s’engager même indirectement dans une guerre contre le Maroc, à travers des attaques contre le mur", analyse notre expert.

"S’il y a une guerre, elle sera idéologique car le Maroc a toujours empêché, avec succès, l’Iran qui a créé des antennes dans des pays comme le Nigéria, d’investir l’Afrique de l’Ouest, par exemple au Sénégal...

"Sachant que le rite chiite n’est qu’un paravent pour pénétrer les marchés africains en réalité seuls les intérêts commerciaux et financiers de l’Iran priment."

« Un pays ruiné qui a d’autres priorités que de s’attaquer à la cause du Maroc »

"Même si cet axe avec Alger devait se concrétiser, il ne serait pas prioritaire pour l’Iran qui a d’autres préoccupations bien plus importantes comme l’accord sur le nucléaire et la fin des sanctions internationales.

"Selon mes observations sur place, c’est un pays qui est ruiné à un niveau bien plus grave que l’Algérie, et pour vous donner une idée, les aliments nutritifs les moins chers sur les marchés sont les œufs.

"D’ailleurs, comme l’Iran n’a rien à gagner d’un point de vue économique avec l’Algérie, et encore moins avec le polisario, il est probable qu’elle finira par se réconcilier avec le Maroc dans quelques années."

« Des relations bilatérales marquées par une agressivité commerciale des Iraniens »

Sur l’évolution des relations bilatérales entre le Maroc et l’Iran avant la rupture de leurs relations diplomatiques (2018), notre expert affirme que la politique marocaine a toujours reposé sur la patience.

"Il y a eu une période d’observation pour voir si les Iraniens respectaient leurs engagements, mais ces derniers étaient trop pressés de signer des contrats, avec une politique agressive et hégémonique ; à savoir qu'ils voulaient tout vendre mais surtout ne rien acheter au Maroc.

"Ainsi, ils ont tenté de lui vendre leur voiture locale, Khodro, mais le Maroc leur a répondu qu’il produisait déjà des Renault et des Peugeot. Leur problème est qu’ils sont persuadés que le Royaume est toujours un pays sous-développé et ne comprennent pas la notion de win-win."

"Une connivence qui ne bénéficiera pas du soutien de la Russie"

"Au final, pour eux, l’Afrique n’est qu’un moyen de reconstituer l’empire perse, mais ils n’ont aucun véritable allié sur le contient n même sur la planète d’ailleurs.

"En effet, la Russie, que l’Algérie n’arrête pas de présenter comme son allié stratégique, ne voit pas d’un bon œil son rapprochement avec l’Iran qui veut, tout comme elle, mettre la main sur les gisements de gaz en Syrie."

« Un simple épouvantail pour servir de moyen de pression »

"En réalité, l’axe initié par l'Algérie a surtout vocation à servir d'épouvantail pour inquiéter son voisin, et à être utilisé comme un moyen de pression contre ses soutiens diplomatiques en Europe et à l’ONU.

"De son côté, le soutien de l’Iran n’est pas destiné à faire plaisir à l’Algérie, et encore moins au polisario qui n’a rien à lui apporter d’un point de vue économique, mais simplement à faire pression sur le Maroc pour le pousser à reprendre ses relations diplomatiques avec elle", conclut notre source, en ajoutant que quel que soit l’axe qui sera créé, la résolution 2602 a d’ores et déjà renforcé la cause sacrée du Royaume.

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