Le mariage coutumier des enfants sévit toujours au Maroc

Le nombre de mariages d’enfants est passé de 33.686 en 2018, à 20.738 en 2019, jusqu’à 12.600 en 2020. Ces chiffres n’incluent pas les mariages coutumiers, qui représentent une vraie problématique sociétale.

Le mariage coutumier des enfants sévit toujours au Maroc

Le 9 décembre 2021 à 18h54

Modifié 9 décembre 2021 à 18h55

Le nombre de mariages d’enfants est passé de 33.686 en 2018, à 20.738 en 2019, jusqu’à 12.600 en 2020. Ces chiffres n’incluent pas les mariages coutumiers, qui représentent une vraie problématique sociétale.

Les participants à une rencontre sur le mariage coutumier des enfants, organisée mercredi 8 décembre à Casablanca, ont plaidé pour la mise en place d'actions socio-juridiques en vue de faire face au mariage coutumier des enfants.

Les efforts déployés par le Maroc pour remporter ce combat contre le mariage des enfants ont été salués par les Nations unies. Cependant, cette pratique demeure un enfer vécu quotidiennement par des milliers d’enfants, mariés avant l’âge de 18 ans. Ce phénomène favorise amplement la déscolarisation de ces enfants et contribue à la fragilisation du système éducatif, ainsi qu’au retardement du développement national.

Bien que le Maroc fournisse beaucoup d’efforts, le mariage des enfants continue à toucher en majorité les filles. En effet, le cadre légal en vigueur prévoit une exception qui autorise le mariage des jeunes filles.

Selon les données annoncées en mai 2021 par le ministère de la Justice, le nombre de mariages d’enfants a baissé au Maroc, en passant de 33.686 en 2018, à 20.738 en 2019, jusqu’à 12.600 en 2020. Ces chiffres n’incluent pas les mariages coutumiers, qui représentent une vraie problématique sociétale. Notons qu'en 2020, le contexte de la pandémie de Covid-19 a favorisé l’immobilité des citoyens désireux de se procurer les papiers nécessaires pour finaliser ces mariages.

Au niveau mondial, environ 650 millions de filles et de femmes ont été mariées avant leur 18e anniversaire, selon un rapport du Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF) présenté en avril 2021.

Le programme mondial visant à mettre fin à cette pratique dans les pays à très fort taux de prévalence, dont le lead et la gestion au niveau global sont assurés par l'UNICEF, avec la participation du Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP) et d'ONU-Femmes, a montré que plus de 12 millions de filles dans le monde sont mariées chaque année avant d’atteindre l’âge adulte, soit une fille sur cinq.

D’ici 2030, 10 millions de filles en plus risquent d’être victimes de ce mariage, met en garde ce rapport.

Mettre fin au mariage coutumier des enfants

Lors de cette rencontre tenue à l'initiative du FNUAP, de l'UNICEF, d’ONU-Femmes et de l’association marocaine INSAF, les participants ont mis l’accent sur les avancées réalisées dans ce cadre, notant toutefois la nécessité de redoubler d’efforts pour éradiquer ce phénomène.

S’exprimant à cette occasion, la présidente de l’INSAF, Meriem Othmani, a rappelé que l’éloignement des collèges et le manque d’internats condamnent les filles, en particulier dans les villages enclavés du monde rural, à rester chez elles et à faire face au danger lié au travail et au mariage précoce.

"Si nous abordons le problème des mariages coutumiers, nous nous rendons compte avec effroi des conséquences désastreuses pour la vie des enfants nés de ces unions et de la précarité juridique imposée aux femmes", a-t-elle déploré. Elle a rappelé que la procédure du mariage est claire : elle exige deux adouls, une dot, le consentement des époux et l’enregistrement de l’acte.

S’agissant de l’expérience de l’INSAF, Meriem Othmani a indiqué que plus de 550 fillettes avaient pu retourner à l’école.  Pour les préserver d'un mariage précoce ou du travail en ville, l'association a réussi à convaincre les parents en prenant en charge les frais de scolarité.

Pour sa part, le représentant du FNUAP au Maroc, Luis Mora, a mis l'accent sur l'importance de fédérer les efforts afin de mettre fin à une pratique néfaste. Les filles contraintes à un mariage précoce tombent souvent enceintes très tôt, alors qu’elles sont encore adolescentes, ce qui augmente le risque de complications lors de la grossesse ou de l’accouchement, a souligné Luis Mora. Il a relevé que ces complications figuraient parmi les principales causes de mortalité chez les adolescentes entre 15 et 19 ans, au niveau mondial.

De son coté, la représentante du ministère de l'Insertion sociale et de la famille, Karima Hliouti, a mis l'accent sur les efforts déployés par les autorités et les institutions publiques pour préserver le noyau de la famille, pilier de la société.

Leila Rhiwi, représentante d’ONU-Femmes, a pour sa part plaidé en faveur du respect de l’âge légal du mariage, à savoir 18 ans, déplorant l'exception prévue par le cadre légal en vigueur qui autorise le mariage des jeunes filles.

Quant au directeur de l'Académie régionale de l'éducation et de la formation (AREF) de Casablanca-Settat, Abdelmoumen Talib, il a exposé les avancées enregistrées en matière de scolarisation des filles, et les actions mises en place pour leur offrir les meilleures chances. Les jeunes filles en situation de précarité bénéficient également de structures d’accueil mises à leur disposition pour poursuivre leur cursus scolaire, a-t-il précisé.

(Avec MAP)

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