Harcèlement dans les universités : Miraoui veut agir vite et avec “zéro tolérance”

Un numéro vert, des cellules d'écoute, une réforme législative, une révision des conditions de sélection... autant de mesures sur lesquelles planche le ministère de l'Enseignement supérieur pour apporter une réponse structurelle au phénomène "des notes contre des faveurs sexuelles" en milieu universitaire.

Harcèlement dans les universités : Miraoui veut agir vite et avec “zéro tolérance”

Le 29 décembre 2021 à 17h19

Modifié 29 décembre 2021 à 18h52

Un numéro vert, des cellules d'écoute, une réforme législative, une révision des conditions de sélection... autant de mesures sur lesquelles planche le ministère de l'Enseignement supérieur pour apporter une réponse structurelle au phénomène "des notes contre des faveurs sexuelles" en milieu universitaire.

Nouveau scandale de harcèlement sexuel dans le milieu universitaire. Après celui de l'Université de Settat où plusieurs professeurs ont été poursuivis, c'est au tour de l'ENCG Oujda d'être au cœur d'une nouvelle affaire.

Un message anonyme diffuse des captures d'écran présentées comme celles d'une conversation entre un enseignant et une étudiante. Les propos avancés dans cette conversation, circulant sur les réseaux sociaux et consultés par Média24, relèvent sans équivoque du pénal, que leur auteur soit un enseignant ou tout autre personne se faisant passer pour lui.

Une commission d'inspection dépêchée à Oujda

L'alerte, lancée de façon anonyme, est prise au sérieux par le département dirigé par Abdellatif Miraoui. Selon une source autorisée, "lorsque le ministère a eu vent des éléments, des consignes ont été données pour que des mesures soient prises dans le respect de la présomption d'innocence, comme dans le cas de Settat".

"Le président de l'Université Mohammed 1er a pris des mesures pour qu'une cellule d'écoute et un numéro vert soient mis en place. Ils sont évidemment destinés aux étudiantes. Par ailleurs, le ministère de l'Enseignement supérieur a dépêché une commission de l'Inspection générale", nous assure notre source. Cette commission s'est déplacée vers Oujda ce mercredi 29 décembre au matin.

"Ses membres vont auditionner et écouter tout le monde, tous les protagonistes. Les conclusions de la commission seront présentées au ministre jeudi, pour prendre les mesures qui s'imposent", nous explique-t-on.

Pour que ce dossier puisse avancer, comme dans le cas de l'Université de Settat, il faut que les victimes prennent la parole et que des preuves soient avancées.

"Dans le dossier de Settat, le ministère a agi de concert avec la police et les services judiciaires", rappelle notre source au ministère.

Des mesures seront incluses dans la loi 01-00

Les lieux diffèrent, mais le fond reste identique. Le harcèlement moral ou sexuel en milieu universitaire ou professionnel n'est pas une nouveauté. C'est un phénomène de société encouragé par un regard biaisé sur la femme. La nouveauté, c'est que les langues se délient et que les tabous se brisent. Des femmes osent en parler, quitte à faire le premier pas anonymement.

Les mesures prises actuellement dans l'affaire de Settat, ou celles qui le seront dans celle d'Oujda si les preuves sont établies, sont ponctuelles et permettent de réagir au cas par cas. Mais elles ne traitent pas la problématique en profondeur.

Miraoui entame donc son mandat avec la lourde tâche de répondre à une problématique de société, qui se cristallise dans l'enceinte universitaire. Selon nos sources au sein du département de l'Enseignement supérieur, ce chantier faisait déjà partie de la liste des priorités du ministre.

"C'est un sujet latent depuis trop longtemps, il y a un gros travail à faire de formation et de sensibilisation, mais que nous devons également accompagner d'actions et d'instruments coercitifs", ajoute notre source.

"Une cellule a été mise en place et travaille pour élaborer une proposition de plan d'action", nous assure notre source. "Le ministère est conscient qu'il ne faut jamais légiférer à chaud, il faut toujours prendre le temps pour proposer des mesures qui impacteront le système et éviter les erreurs de jugement", poursuit-elle, précisant que le plan d'action porte sur des actions de sensibilisation et d'éducation, mais pas seulement.

"La sensibilisation ne suffit pas à elle seule. Il faut éduquer, il faut sensibiliser, mais à un moment donné il faut que la coercibilité soit également présente", nous explique-t-on. Abdellatif Miraoui indique à ses équipe qu'il fera preuve de "zéro tolérance" sur ce dossier.

Le département de l'Enseignement supérieur œuvre donc sur des propositions de fond pour mettre un terme à ces agissements et réduire au maximum les leviers de pression dont disposent les enseignants envers les étudiantes.

Selon nos informations, les deux mesures consistant à déployer des cellules d'écoute et un numéro vert seront généralisées à tous les établissements.

"Nous allons démarrer avec ces deux mesures pour libérer la parole. Il faut que la parole se libère pour que la dissuasion devienne nucléaire. Car tout le monde saura que plus aucun agissement de la sorte ne sera toléré", nous confie-t-on.

Ce n'est pas tout. "Le ministère envisage d'intégrer des dispositions dans la nouvelle loi 01-00 en cours de préparation. Le ministre a demandé aux juristes de proposer des dispositions relatives aux questions de la déontologie et du comportement au sein des universités", nous signale-t-on.

Par ailleurs, "d'autres actions seront proposées pour apporter plus de transparence et moins d'arbitraire en ce qui a trait aux conditions d'accès aux masters, aux notes, et qui relève actuellement de la débandade".

"Le ministère compte proposer des actions qui vont s'inscrire dans la durabilité pour réduire considérablement la marge de violation de la loi. C'est un ensemble qui répondra à la problématique de fond, et non pas une réponse à un scandale médiatisé", avance notre source au ministère.

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