A la Fondation Abderrahim Bouabid, la prise de parole des concurrents de Driss Lachgar

20 jours avant la tenue du 11e congrès de l’USFP, la fondation Abderrahim Bouabid a permis à plusieurs candidats de présenter leur projet. Si les débats n’ont porté que sur les idées des intervenants, le changement de leadership était dans tous les esprits.

A la Fondation Abderrahim Bouabid, la prise de parole des concurrents de Driss Lachgar

Le 10 janvier 2022 à 19h55

Modifié 11 janvier 2022 à 10h13

20 jours avant la tenue du 11e congrès de l’USFP, la fondation Abderrahim Bouabid a permis à plusieurs candidats de présenter leur projet. Si les débats n’ont porté que sur les idées des intervenants, le changement de leadership était dans tous les esprits.

Trente années après le décès de Abderrahim Bouabid, cofondateur de l’UNFP puis de l’USFP, la fondation éponyme a profité de cet anniversaire pour écouter, samedi 8 janvier, plusieurs candidats au leadership du parti de la rose, avant le congrès qui se tiendra le 28 janvier prochain. Le thème de l'événement était Quel projet pour l'avenir de l'USFP? et collait parfaitement à l'actualité.

« Des primaires pour recueillir les propositions de chaque candidat »

Par la voix de son délégué général Ali Bouabid, on apprend qu’en organisant cette audition des différents candidats aux responsabilités à l’USFP, la fondation a pris acte de leur pluralité et de leurs propositions d’idées dans la perspective du prochain congrès qui renouvellera ses instances.

« L'objectif était d’offrir un espace pour que les militants et l'opinion publique puissent apprécier les positions de chacun, se forger une opinion et faire leur choix sans aucune querelle de personnes.

"Si la fondation n’est pas impliquée dans la suite du débat électoral, cet événement que l’on pourrait comparer à des primaires d’un parti, a cependant permis d’en savoir plus sur les visions concurrentes », nous a expliqué le délégué général de la fondation Abderrahim Bouabid.

« L’absence de Lachgar ne signifie pas que la fondation soutient ses opposants présents »

Interrogé sur l’absence du premier secrétaire sortant ou de ses soutiens à un troisième mandat, notre interlocuteur a répondu qu'il s'agissait d'un choix de la fondation qui a jugé inconcevable de ne pas évoquer l’avenir de l’USFP au moment de l’anniversaire des 30 ans de la disparition de son fondateur.

« La fondation est un espace d’échange d’idées et un médiateur dont la vocation est d’éclairer l’opinion publique sur des projets concurrents, et certainement pas de l’influencer en soutenant un candidat."

« Un simple cadre d’écoute de projets différents sans aucun règlement de comptes »

À la question de savoir si la décision d’exclure les soutiens de Driss Lachgar de la réunion ne l’avait pas transformé en tribunal contre le bilan du premier secrétaire, le délégué général a insisté sur le fait que les interventions avaient permis à chaque participant de présenter sa vision sans attaquer personne.

« Cette expérience a pleinement réussi, car elle a permis de faire porter le débat sur des projets d’idées et pas, comme on aurait pu s’y attendre, sur des personnes et des règlements de comptes entre dirigeants.

"S’il y a eu quelques critiques dans les différentes interventions, le plus important est que les intervenants ont exprimé leurs propositions d’idées à destination des militants et de l’opinion publique », a conclu Ali Bouabid. Il a ajouté que la fondation avait aussi donné la parole à deux jeunes sympathisantes du parti de Casablanca et Figuig, pour recueillir leur regard sur l’USFP.

« Pas de renaissance du parti sans nouveau projet incarné par d’autres voix »

Tout aussi satisfait de cette expérience qui a permis de libérer la parole, l’ancien ministre Abdelkrim Benatiq avance que l’USFP n’aura un avenir au Maroc que si le parti se renouvelle et défend un nouveau projet.

« Ce projet de renaissance doit faire appel à d’autres outils, car on ne peut absolument plus travailler avec la vision actuellement utilisée qui date maintenant des années 1970 et 1980 et même 1990."

Sur un éventuel troisième mandat du premier secrétaire sortant, le membre du bureau politique a affirmé que s’il refusait de s’attaquer à sa personne, il s'opposait résolument au changement de statuts imposé récemment par Driss Lachgar, pour lui permettre de rempiler pour un nouveau mandat.

« Avant les mandats et les personnes, il y a d’abord des projets, mais le problème de l’équipe actuelle est que les programmes ne constituent pas une composante essentielle du processus électoral", déplore Benatiq.

« Une participation élargie de la base pour éviter des tentations absolutistes »

"C’est pourquoi le congrès est le seul espace où cette question de rénovation et de définition de ce que c’est que d’être socialiste au Maroc pourra être posée, mais un projet de qualité demande au préalable de la réflexion.

"En effet, la démocratie ne consiste pas uniquement à organiser ponctuellement des élections représentatives, mais surtout, selon mon projet personnel, à faire de la proximité via la création de forums annuels impliquant des jeunes, des femmes et à la société civile comme en Amérique latine", confie Benatiq.

"Cela permettra de les mobiliser pour débattre et éviter qu’un responsable reste accroché à son poste comme aujourd’hui avec une équipe dirigeante qui a élargi à trois mandats le poste de premier secrétaire, soit à un total de quinze années à la tête de notre parti, une option impensable."

« Un nouveau type de scrutin pour élire le premier secrétaire du parti de la rose »

"Sachant qu’un parti politique n’est pas une secte et que son leader ne doit pas rester éternellement à sa tête, je propose que le premier secrétaire soit désormais élu directement par toute la société."

"Pour cela, un distinguo entre l’appartenance organisationnelle, où les militants font le quotidien du parti, et l’appartenance politique doit être fait pour que tous les Marocains puissent acheter une carte qui leur permettra de voter et d'élire le premier secrétaire de l’USFP via un scrutin direct au niveau national", explique notre interlocuteur.

"Selon moi, nos concitoyens seront très intéressés par ce projet, permettant de voter pour un nouveau leadership du parti de la rose qui aura le mérite d’une plus grande proximité."

« Le tribunal administratif va annuler l'option du 3e mandat »

Sur ses chances de réussite électorale face à un système verrouillé en haut lieu, Benatiq affirme que la justice devra d’abord se prononcer, avant le scrutin, sur la légalité du changement récent des statuts du parti initié par les partisans de Driss Lachgar.

« Le tribunal que nous avons saisi va bientôt trancher, avant la tenue du congrès. Il n’acceptera sûrement pas que Lachgar vienne comme une fleur à la veille d’un congrès pour modifier tous les statuts du parti », prédit Benatiq en se disant certain que la justice interdira la modification des statuts avant le congrès.

« Sans rénovation et changement à sa tête, le parti ira droit dans le mur »

Sur sa rupture avec Driss Lachgar, dont il avait été l'un des ministres dans un précédent gouvernement, le candidat répond qu’il a été nommé à ce poste par le Roi Mohammed VI avant de déclarer que leur seul différend porte sur l’absence de rénovation des structures dirigeantes.

« En effet, l’USFP doit exister par elle-même et pas à travers un seul homme, car si on ne change pas d’approche, notre parti ira droit dans le mur comme le PS français qui n’a pas su se renouveler."

À la dernière question portant sur la possibilité que le parti de la rose puisse retrouver - avec lui élu à sa tête ou un autre opposant à Driss Lachgar - son poids électoral des années de gloire, notre interlocuteur n’exclut pas cet idéal à condition de changer complètement d’approche de travail.

"L’USFP a toujours sa place dans l’échiquier politique marocain, mais pour cela, il faut d’abord rénover le parti de l’intérieur grâce à une politique de proximité avec la société", conclut le candidat au leadership du parti, qui se veut optimiste en attendant que la justice tranche avant le 28 janvier.

Toutes les interventions dans la vidéo en haut de l'article.

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