Omicron : les raisons d'espérer (experts)

Bien que la Covid soit toujours en phase pandémique, la propagation du variant Omicron pourrait la transformer en maladie endémique, avec laquelle l’humanité pourrait apprendre à vivre. Voici les raisons d'espérer.

Omicron : les raisons d'espérer (experts)

Le 12 janvier 2022 à 19h03

Modifié 12 janvier 2022 à 19h03

Bien que la Covid soit toujours en phase pandémique, la propagation du variant Omicron pourrait la transformer en maladie endémique, avec laquelle l’humanité pourrait apprendre à vivre. Voici les raisons d'espérer.

C'est ce qu'a déclaré mardi 11 janvier l’Agence européenne des médicaments (EMA). "Personne ne sait exactement quand nous serons au bout du tunnel, mais nous y arriverons", a déclaré lors d’une conférence de presse son chef de la stratégie vaccinale, Marci Cavaleri.

"Avec l’augmentation de l’immunité dans la population, et avec Omicron, il y aura beaucoup d’immunité naturelle, en plus de la vaccination. Nous avancerons rapidement vers un scénario qui sera plus proche de l’endémicité", a-t-il ajouté. "Il ne faut pas oublier que nous sommes toujours dans une pandémie", note-t-il par ailleurs.

"Scientifiquement, la transformation du Covid en une maladie endémique tient la route"

Ce constat est partagé par un ensemble d’expert marocains sondés par Médias24, notamment Pr Kamal Marhoum El Filali, chef de service des maladies infectieuses au CHU Ibn Rochd de Casablanca, Dr Saïd Afif, président de la Société marocaine des sciences médicales et Dr Jaâfar Heikel, professeur d'épidémiologie et spécialiste des maladies infectieuses.

"Maintenant, et heureusement pour nous, Omicron s’est avéré être un virus qui se transmet beaucoup mais ne génère pas de maladies sévères, ou très rarement. Quand c’est le cas, c’est généralement chez des personnes qui ont des comorbidités, comme dans la grippe", nous confie Pr Marhoum El Filali.

"Dans la grippe saisonnière, l’aggravation des symptômes est due à la décompensation d’une comorbidité (diabète, maladie cardiaque, maladie chronique respiratoire…). En dehors de ces situations, la maladie se passe normalement, notamment pour le Covid. Les gens font ainsi une forme bénigne, avec parfois de la fièvre, de la toux et quelques problèmes au niveau du nez, mais tout finit par rentrer dans l’ordre."

En effet, comme nous l’a rappelé Dr Afif, "en France par exemple, même si le pays enregistre plus de 300.000 cas positifs quotidiennement, le nombre de patients en réanimation et de décès reste faible. C’est la même situation au Maroc".

"Ce variant se propage rapidement. À l’ère du Delta, une personne en contaminait 5 autres, contre 10 actuellement pour Omicron. Le taux de positivité est passé actuellement au Royaume à 27%. Le nombre de personnes infectées est en réalité beaucoup plus élevé que les chiffres déclarés. Si 7.000 cas sont déclarés par jour, il s’agit en réalité d’environ 20.000 personnes positives. La majorité ne se fait pas tester."

La propagation de ce variant va donc "aider à la formation d’anticorps, et à avoir une immunité naturelle qui va participer, en plus du vaccin, à générer une immunité relativement rapidement", poursuit pour sa part Pr Marhoum Filali. "C’est en quelque sorte mieux que la vaccination, parce que cette dernière, encore faut-il que la population y adhère", alors que le Covid, lui, apparaît subitement.

"Finalement, nous aurons probablement une immunité, qui ne va pas nous protéger à 100% certes, mais qui sera assez solide pour que l’on puisse espérer qu’elle ne permette pas à d’autres variants de se développer. Il se pourrait que d'autres Coronavirus qui ressemblent à celui-là, qui sont de virulence moyenne et faible, apparaissent avec la saison froide, comme ce que l’on constate avec la grippe saisonnière. Mais on sera de mieux en mieux armés à y faire face parce qu'au fil des mois et des années, on va améliorer notre immunité vis-à-vis de ces coronavirus."

Pr Marhoum ajoute qu’il "y a aussi l’immunité cellulaire. Nos cellules de défense commencent à s’habituer à ce coronavirus ; elles vont avoir une mémoire qui leur permettra de réagir beaucoup plus vite".

"Cette maladie va probablement se transformer en maladie saisonnière telle que la grippe, ou si on est très chanceux, elle disparaîtra après Omicron, comme ce que l'on a observé en 2002-2003 avec le SARS-Covid-1. Tout est possible, et scientifiquement, la transformation du Covid en une maladie endémique tient la route".

Optimiste mais prudent, notre expert souligne que "ce virus peut aussi nous réserver le pire. Rien n’est gagné. Il se pourrait que du fait que cette propagation très rapide et multiplication importante du virus, il fasse des erreurs et des mutations, et mute en un virus plus virulent et plus dangereux. On n’est donc pas encore sorti de l’auberge, mais on espère qu’on ira vers un apaisement", conclut-il.

"Il faut changer de stratégie et apprendre à vivre avec le virus"

Même son de cloche auprès du Pr. Heikel. "On pourrait effectivement bientôt passer d’un statut de pandémie au statut d’endémie", nous fait-il savoir.

"Nous passerons dans ce cas d’une situation où il y a un phénomène de santé qui est ubiquitaire en un temps court, soit une pandémie qui n’est pas limitée dans l’espace et qui peut être limitée dans le temps, à un phénomène qui n’est plus limité dans le temps mais limité dans l’espace, et donc à une endémie."

"Cela signifie que la maladie va être présente au quotidien à un moment particulier, durant un mois ou deux mois, et va continuer à vivre avec nous. Le virus, avec ses variants, s’installera donc dans la population. Il y aura quelques mutations d’une année à une autre et on sera amené à appliquer certaines mesures barrières ou un vaccin pour prévenir les complications."

"C’est exactement ce qui se passe avec la grippe saisonnière actuellement. Chaque année, il y a des mutations", et des vaccins avec de nouvelles souches sont mis en vente pour y faire face.

"Ce vaccin n’empêchera pas la transmission de la maladie, mais l’apparition de formes graves, particulièrement chez les sujets âgés et ceux qui ont des maladies chroniques telles que le diabète l’hypertension…"

"Sur le plan scientifique, une maladie devient endémique lorsqu’elle est tellement présente dans une population, qu’il se crée dans celle-ci une forme d’immunité acquise post-infection avec un niveau de protection tel que les nouveaux variants qui arrivent font partie de la vie quotidienne."

"Il y a un certain nombre de maladies au Maroc que nous avons appris à connaître et à surveiller, et avec lesquelles nous avons appris à vivre, notamment la grippe saisonnière et la tuberculose."

"Nous devons ainsi changer de stratégie, celle de combattre par tous les moyens possibles et imaginables, et de façon dure et importante, cette pandémie. Il faut simplement faire en sorte que notre système de santé puisse être réactif et résilient pour accueillir un nombre important de malades le cas échéant, et promouvoir les stratégies préventives que sont les mesures barrières et la vaccination, et apprendre à vivre avec le virus", explique Pr Heikel.

Et de poursuivre, "ce ne sont pas les confinements, les mesures restrictives ou encore la fermeture des commerces qui vont résoudre la problématique d’une pandémie et encore moins d’une endémie", conclut-il, confirmant les propos de l’EMA qui a exprimé des doutes quant à l'administration d'un quatrième vaccin à la population, affirmant que l'injection de doses répétées n'était pas une stratégie "durable".

"Si nous avons une stratégie dans laquelle nous donnons des rappels tous les quatre mois, nous finirons par avoir potentiellement des problèmes de réponse immunitaire", a déclaré M. Cavaleri, chef de la stratégie vaccinale de l'agence européenne du médicament. "Et deuxièmement, il y a bien sûr le risque de lassitude de la population avec l'administration continue de doses de rappel", a-t-il ajouté.

"Les pays devraient plutôt commencer à penser à espacer les rappels à des intervalles plus longs et à les administrer au début de l'hiver, comme le vaccin contre la grippe", a-t-il conclu.

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