Aziz Akhannouch : “Les gens veulent voir des résultats plus que le chef du gouvernement”

VERBATIM. Pour sa première interview télévisée, Aziz Akhannouch a défendu le bilan de ses 100 jours à la tête du gouvernement. L'entretien a passé en revue les questions les plus problématiques comme la gestion de la pandémie, la crise du tourisme, le pouvoir d'achat, la protection sociale, la santé, l'éducation et la réforme des retraites.

Aziz Akhannouch : “Les gens veulent voir des résultats plus que le chef du gouvernement”

Le 20 janvier 2022 à 11h09

Modifié 20 janvier 2022 à 13h16

VERBATIM. Pour sa première interview télévisée, Aziz Akhannouch a défendu le bilan de ses 100 jours à la tête du gouvernement. L'entretien a passé en revue les questions les plus problématiques comme la gestion de la pandémie, la crise du tourisme, le pouvoir d'achat, la protection sociale, la santé, l'éducation et la réforme des retraites.

C’est la première sortie médiatique du chef du gouvernement depuis son investiture. Aziz Akhannouch était, mercredi soir 19 janvier 2022, l’invité des deux chaînes de télévision publiques, Al Aoula et 2M.

Prudent, il a répondu aux questions des deux journalistes avec une certaine réserve. Le chef du gouvernement a défendu le bilan de ses 100 jours à la tête du gouvernement, déclarant que le but principal pour lui, durant cette période, était de "donner des signaux forts pour rester fidèles à nos engagements", et expliquant qu’il a ainsi mis rapidement le train sur les rails.

Répondant aux critiques sur son manque de communication, Aziz Akhannouch a déclaré qu’il y avait des attentes fortes de la part de la population, qui "veut voir des résultats plus que le chef du gouvernement". "On ne parle pas beaucoup, mais on travaille beaucoup", a-t-il affirmé.

La gestion de la pandémie

Sur la polémique autour du pass vaccinal, il a précisé que "dans le monde entier, il y a des gens qui peuvent être contre le pass vaccinal", mais que la loi devait s’appliquer. Il estime que les restrictions restent actuellement limitées, tandis que l’effort du gouvernement se concentre sur la vaccination.

"Pour les gens qui ont pris les trois doses, il apparaît maintenant que Omicron n’est pas dangereux", a-t-il déclaré, regrettant que le taux de vaccination à la troisième dose ne soit que de 24% [NDLR : un lapsus certainement ; en réalité il s'agit de 14%] alors que pour la deuxième dose, il s’approche maintenant de 80%.

Au sujet de la fermeture des frontières, il a estimé que cette décision était justifiée au moment où elle a été prise, car le variant Omicron n’était pas encore connu et qu’il fallait gagner du temps. "On ne connaissait pas la gravité d'Omicron, mais nous connaissons l'offre de santé dont nous disposons", a-t-il argumenté.  "Aujourd’hui, il paraît qu’il n’est pas très dangereux, il est maintenant dominant et répandu, mais je suis tenu par l’avis de la commission scientifique".

Sur le secteur du tourisme qui souffre de la fermeture des frontières, il déclare : "On sait que le secteur touristique est souffrant. Le sujet est sur la table et je suis optimiste pour les semaines à venir", a déclaré Aziz Akhannouch. 

Il a rappelé; dans ce cadre, les mesures prises par son gouvernement pour soutenir ce secteur, comme le fonds de 1 milliard de dirhams destiné à la rénovation des hôtels , insistant sur la nécessité d’investir pour se préparer à la relance touristique au moment venu.

La conjoncture : inflation, pouvoir d’achat et saison agricole

La question de la hausse des prix a naturellement été abordée. Le chef du gouvernement a relativisé ce phénomène, estimant que c’est une inflation maîtrisée à 1,8% et limitée à quelques produits comme l’huile de table, comparativement à d’autres pays qui connaissent de forts taux d’inflation. [NDLR: l'inflation citée est celle d'un panier de produits de grande consommation ; en revanche, l'inflation économique globale, dans tous les domaines, était de 3% à fin septembre selon le HCP].

Il a rappelé, à ce sujet, le rôle de la caisse de compensation dans la stabilisation des prix, qui va coûter 17 MMDH au titre de la loi de Finances 2022. "Heureusement que cette caisse existe", a lancé Aziz Akhannouch, expliquant qu’il n’était pas prévu de poursuivre la réforme de la compensation dans les conditions de la conjoncture actuelle.

Au sujet du stress hydrique, là aussi le chef du gouvernement relativise la situation déclarant "cela fait trente ans qu’on entend cela". Il a porté son espoir sur des solutions comme le dessalement de l’eau de mer, rappelant le projet géant à Casablanca dont les appels d’offres ont été lancés.

Il affirme que 85% de l’eau part pour l’agriculture où le risque de rareté de l’eau est plus fort. Concernant le manque de pluies, il a estimé qu’il était encore tôt pour se prononcer sur la saison agricole et que des mesures seraient prises en cas de nécessité.

Le chantier de la protection sociale et le système de santé

Aziz Akhannouch a indiqué que l’instauration de la protection sociale n'est pas une mise en œuvre aisée, notamment dans le recensement des différents contribuables et la détermination de leurs cotisations.

Il a toutefois annoncé que dans le cadre de l'opérationnalisation du chantier de la généralisation de la couverture sociale, 14 décrets relatifs aux travailleurs non salariés et leurs ayants droit ont été validés par le Conseil du gouvernement. Cela permet à une population de 11 millions de personnes de bénéficier de l'AMO.

Sur ce registre, il a souligné l’importance de l’augmentation des capacités du système de santé. Il a également insisté sur l’importance de la digitalisation dans ce chantier. 

"On travaille à réorganiser tout le secteur", a affirmé le chef du gouvernement, qui assure que cette réforme concernera tous les niveaux, notamment dans les territoires. Dans ce sens, il a annoncé qu’un nouveau CHU à Errachidia est à l’étude.

Les retraites, les enseignants, Intelaka et la coalition gouvernementale

Au sujet de la réforme des caisses de retraite, Aziz Akhannouch a alerté sur le fait que ces caisses se trouveraient en déficit en 2028, si rien n’est fait. Il a déclaré que la conjoncture liée aux effets de la pandémie n'aidait pas pour ce genre de réformes, mais que cela ne l’empêchait pas d’affronter ce problème au moment voulu.

Sur la réforme de l’éducation, il a expliqué que le volet le plus important étant les ressources humaines, notamment le statut de l’enseignant. C’est la raison pour laquelle il a défendu la décision de son ministre Chakib Benmoussa de limiter l’âge d’admission dans la filière de l’enseignement à 30 ans, précisant que cette profession devrait désormais être choisie par vocation. "Les jeunes admis vont acquérir la méthodologie, ils seront bien formés et accompagnés pendant des années pour en faire de bons enseignants", a-t-il ajouté.

En réponse à l’accusation selon laquelle les banques ne jouaient pas le jeu dans le cadre du programme Intelaka, il a estimé que ce programme avait réussi, puisque 26.000 crédits ont été accordés, arrivant à 90% de l’objectif initialement déterminé. Le chef du gouvernement a émis le souhait de voir ce programme, qui arrivait à terme cette année, reconduit pour une nouvelle phase.

Sur le volet politique, Aziz Akhannouch a nié toute dissension au sein de la coalition gouvernementale, assurant que les trois partis étaient sur la même longueur d’onde, tout en louant les rôles que jouent Abdellatif Ouahbi et Nizar Baraka au sein du gouvernement.

Concernant les résultats du PJD lors des dernières élections, il a déclaré qu’il ne s’attendait pas à ce qu’il arrive premier ou deuxième, mais que le résultat final était tout de même une surprise de la part des électeurs.

Sur le manque de capacité de quelques parlementaires de la majorité à s'exprimer correctement dans l'hémicycle, il a déclaré que ces gens étaient élus par les citoyens et que pour leurs premiers pas en tant que représentants du peuple, il fallait se montrer indulgent. Il a estimé que ces personnes tombent souvent dans le piège de vouloir lire un discours au lieu de parler spontanément.

 

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