Effondrement des colonies d’abeilles : voici ce que l’on sait du plan d’action

Le phénomène de l’effondrement des colonies d'abeilles, bien que limité à certaines zones, se révèle alarmant. Le plan d’urgence vise à approfondir les investigations, avec des enquêtes écopathologiques sur l’ensemble du territoire, à traiter les ruches existantes et à reconstruire celles qui ont été perdues.

Effondrement des colonies d’abeilles : voici ce que l’on sait du plan d’action

Le 3 février 2022 à 14h25

Modifié 3 février 2022 à 17h43

Le phénomène de l’effondrement des colonies d'abeilles, bien que limité à certaines zones, se révèle alarmant. Le plan d’urgence vise à approfondir les investigations, avec des enquêtes écopathologiques sur l’ensemble du territoire, à traiter les ruches existantes et à reconstruire celles qui ont été perdues.

« Les dégâts pourraient rapidement se chiffrer en milliards de dirhams », prévient M’Hamed Aboulal, président de l’Interprofession apicole et deuxième vice-président de la Confédération marocaine de l’agriculture et du développement rural (Comader), joint par Médias24. C’est que l’enjeu tient avant tout à la biodiversité.

Pour le moment, deux constats se dégagent et font l’unanimité des intervenants. Selon M’Hamed Aboulal, il s’agit d’un phénomène nouveau de par son ampleur et l’absence de maladie. Des analyses de laboratoires effectuées en France confirment l’hypothèse retenue dès le départ par l’organisme en charge de la sécurité sanitaire.

Les enquêtes et investigations menées jusqu’à présent ont en effet mis en évidence le caractère multifactoriel à l’origine du phénomène : la rareté des pâturages pour cause de manque de pluie, combinée parfois à l’usage abusif de nutriments artificiels. « Sans oublier les températures élevées au cours de l’automne dernier », rappelle le chef de file des apiculteurs.

D’où la volonté, au plus haut niveau du gouvernement, de s’attaquer au phénomène de l’effondrement des colonies d’abeilles avec les moyens et la célérité nécessaires. Un plan d’urgence a été mis en place avec des actions et des mesures à court et moyen terme. Une enveloppe budgétaire de 130 millions de dirhams a également été allouée au secteur.

Des enquêtes écopathologiques lancées

Ce plan d’urgence est articulé autour de deux composantes. La première consiste à poursuivre les investigations pour comprendre les raisons profondes de ce phénomène. L’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) a, certes, mené des investigations préliminaires sur le terrain, portant sur 23.000 ruches dans différentes régions, qui ont conclu à l’atteinte de 36% des apicoles enquêtés. Elle a également effectué, dans ce cadre, des prélèvements et analyses de laboratoire ayant permis d’exclure la piste de la maladie.

Cela dit, ces premières investigations vont être poussées. La mise en place d’un comité d’experts pluridisciplinaires fait justement partie du plan d’urgence. Il est composé d’institutions - Institut agronomique et vétérinaire Hassan II, Institut national de la recherche agronomique, ministère, fédération - et d’experts de divers horizons pour appréhender le phénomène dans toutes ses dimensions, nous explique-t-on à l’ONSSA.

"Des recherches scientifiques et des enquêtes écopathologiques vont être menées. Elles touchent à l’écosystème dans lequel l’élevage des abeilles est pratiqué. Ces enquêtes concerneront toutes les régions du pays", assure notre source au sein de l’ONSSA.

En plus de déterminer les facteurs et le degré de contribution de chacun d'entre eux à ce phénomène, il s’agit aussi d'établir la nature réelle des dégâts, et d’en chiffrer le coût afin de décliner les autres composantes du plan d’urgence.

Les pratiques apicoles en ligne de mire

La deuxième composante du plan d’urgence consiste à reconstituer les colonies perdues et à renforcer celles qui n’ont pas été touchées. La reconstitution des colonies perdues se fera à partir des essaims jugés sains et indemnes du phénomène. « Leur inventaire est en passe d’être réalisé », nous indique M’Hamed Aboulal.

Il est aussi question de procéder à une nouvelle campagne de traitement contre la varroase. "Il s’agit d’un insecte ou parasite qui se colle sur l’abeille et puise dans ses ressources. Il existe au Maroc depuis les années 1990 et fait l’objet de campagnes de traitement", nous explique-t-on encore auprès de l’ONSSA. "La dernière campagne a été menée en novembre 2021. Nous avons traité toutes les ruches gratuitement avec un traitement homologué", assure notre source.

"La varroase n’est pas la cause du phénomène constaté, et qui est en cours d'investigation", assure notre interlocuteur à l’ONSSA. "Mais c’est un sujet qui entre dans le cadre des actions à mener pour améliorer les conditions d’élevage des abeilles."

En effet, les efforts se concentreront sur la sensibilisation des apiculteurs aux bonnes pratiques de conduite des élevages apicoles. Il s'agit de les encourager à recourir à l’alimentation naturelle (miel, pollen) en tant que complément. Car, de l’avis même de certains professionnels, le recours abusif à des ingrédients artificiels, souvent constaté, conduit à la malnutrition qui fragilise l’abeille. « Comme dans toutes les professions, l’apiculture n’est pas exempte de brebis galeuses », ironise M’Hamed Aboulal. Tout en alertant contre les appels que d’aucuns font circuler parmi les apiculteurs, « en incitant à l’usage d’antibiotiques ».

"L’abeille doit être bien portante, bien nourrie, bien traitée, en pleine santé pour qu’elle puisse jouer son rôle", conclut notre source à l’ONSSA, qui affirme que le programme de sensibilisation et de formation, notamment le contenu des sessions, est en cours de préparation.

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