La faiblesse de la vaccination en D3 entrave un futur allègement des restrictions

Bien que la situation épidémiologique s’améliore dans le Royaume, la levée de l’état d’urgence sanitaire n’est pas à l’ordre du jour, en l'absence d'une large administration de la dose booster. Au 15 février, le taux de couverture de la D3 atteint à peine 14,10% sur la base de l'ensemble de la population (36 millions).

La faiblesse de la vaccination en D3 entrave un futur allègement des restrictions

Le 15 février 2022 à 19h28

Modifié 15 février 2022 à 20h28

Bien que la situation épidémiologique s’améliore dans le Royaume, la levée de l’état d’urgence sanitaire n’est pas à l’ordre du jour, en l'absence d'une large administration de la dose booster. Au 15 février, le taux de couverture de la D3 atteint à peine 14,10% sur la base de l'ensemble de la population (36 millions).

Des rumeurs selon lesquelles le Maroc préparerait un plan d’assouplissement pour la levée des mesures restrictives encore en vigueur, avant le mois de Ramadan, ont été véhiculées.

Selon une source au sein du comité technique de vaccination jointe par Médias24, il n’en est rien. "Le Maroc ne peut lever l’état d’urgence sanitaire et les restrictions encore en place, sans une couverture plus large de la 3e dose booster."

Rappelons que ces restrictions sont relatives notamment aux rassemblements et aux activités en plein air, qui ne peuvent toujours pas dépasser 50 personnes, au port du masque qui reste obligatoire à l’intérieur comme à l’extérieur, et à la présentation du pass vaccinal dans certains lieux publics.

A peine 5,24 millions de personnes vaccinées par la D3

Selon les chiffres dévoilés ce mardi 15 février par le ministère de la Santé, le taux de couverture de la D1 au Maroc s’élève à 67,40%, soit 24,7 millions de personnes ayant effectué la première dose, contre 63,10% pour la D2 (23,15 millions de personnes) et à peine 14,10% pour la D3, soit 5,24 millions de personnes ayant reçu la dose booster. Il s'agit du taux de couverture rapporté à l'ensemble de la population, même les moins de 12 ans.

Par tranche d’âge, notre source nous confie que le taux de couverture de la 3e dose au 14 février 2022 s’élève à :

- 5% chez les 18-39 ans ;

- 30% chez les 40-74 ans ;

- 41% chez les personnes âgées de plus de 75 ans.

Ci-dessous le taux de couverture en D1, D2 et D3, par tranche d’âge, au 3 février 2022.

"Si l’on prend la tranche d’âge des 60-74 ans, qui sont les plus vulnérables face à la maladie, ils sont plus de 2,5 millions à n’avoir pas encore effectué la D3", ajoute notre interlocuteur.

"Concernant les personnes âgées de plus de 75 ans, elles sont encore 500.000 sans dose de rappel. Cette catégorie a été parmi les premières à se faire vacciner" au démarrage de la campagne de vaccination en janvier 2020, aux côtés des frontliners. "La seconde dose leur a été administrée en mars, il y a plus de dix mois."

"Si une infime partie de ces personnes vulnérables est contaminée, notre système de santé peut être dépassé et les réanimations seront remplies", alerte notre source.

L’assouplissement ne se fera pas sans une large couverture en D3

Certes, "certains pays étrangers ont annoncé la fin de quelques restrictions, mais contrairement au Maroc, le taux de vaccination par la D3 y est beaucoup plus élevé".

En effet, la plupart des pays européens tendent vers un assouplissement des restrictions sanitaires. L’Angleterre a laissé derrière elle, jeudi 27 janvier, la quasi-totalité des dernières restrictions en vigueur pour lutter contre le Covid-19. Il s’agit notamment de l’obligation du port du masque, du passeport vaccinal pour les évènements accueillant un public nombreux, et de la recommandation du télétravail.

"Alors que le Covid devient endémique, nous devons remplacer les obligations légales par des conseils et recommandations", a souligné le Premier ministre Boris Johnson, le 19 janvier dernier au parlement, devant les députés.

Ce dernier espère également pouvoir lever en mars prochain l’obligation de s’isoler en cas de test positif, "tout comme il n’y a pas d’obligation légale pour les gens qui ont la grippe de s’isoler". Notons qu’au Royaume-Uni, le taux d’administration de la D3 dépasse 56%.

En Espagne, où le taux de couverture de la D3 est d’environ 50%, le masque, rétabli fin décembre 2021 pour contrer l’explosion des contagions due au variant Omicron, n’est plus obligatoire à l’extérieur depuis le 10 février 2022. Il le restera toutefois lors des rassemblements de foules à l’air libre, comme les concerts.

La Catalogne, région du nord-est du pays, a également rouvert ses discothèques après plusieurs semaines de fermeture. C’est l’une des dernières restrictions encore en vigueur dans cette région touristique qui a levé, en janvier, le couvre-feu nocturne réinstauré fin décembre.

Berlin, où 55% de la population est vaccinée par la dose booster, prévoit de supprimer progressivement, à partir du 20 mars, la plupart des restrictions, selon un projet gouvernemental dévoilé récemment. "D’ici le début du printemps, le 20 mars 2022, les restrictions concernant la vie sociale, culturelle et économique devraient être progressivement levées", indique ce document obtenu par l’Agence France-Presse (AFP) qui servira de base de discussions lors d’une réunion, mercredi 16 février, entre le gouvernement et les régions allemandes.

Ainsi, "si l’on veut alléger les restrictions comme le font ces pays, il faudra atteindre au moins 70% de couverture en D3 au Maroc. Pour l’instant, on en est loin. Il y a encore des millions de personnes à vacciner", conclut notre source.

Contacté par Médias24, le Pr Kamal Marhoum El Filali, chef de service des maladies infectieuses au CHU Ibn Rochd de Casablanca, s’aligne sur les propos de notre premier interlocuteur.

"Tout d’abord, il faut noter que la décision de lever l’état d’urgence sanitaire est une décision politique. C’est un mécanisme qui permet à l’Exécutif de réagir très vite. On est toujours en pleine pandémie, avec une situation meilleure peut-être, mais qui peut se détériorer avec l’arrivée d’un nouveau variant par exemple."

"Je ne pense pas que ce mécanisme, qui a été mis entre les mains de l’Exécutif pour pouvoir prendre des décisions urgentes et réagir rapidement, sera levé de sitôt."

"En ce qui concerne les autres restrictions, il y a des mesures que l’on peut lever, et la réouverture des frontières aériennes en est un premier exemple. Il y en aura probablement d’autres, comme la réouverture des frontières maritimes peut-être si la situation continue de s’améliorer."

"Ce qui importe, c’est de rester vigilant, et que le gouvernement mette en place toutes les structures de surveillance au niveau des points d’entrée sur le territoire national, comme ce qui est fait actuellement avec l’aérien."

"Par ailleurs, si on n’a pas encore vacciné un nombre important de personnes avec la 3e dose, on reste loin de la protection collective. A peine 5,24 millions de citoyens ont effectué la D3, ce qui n’est pas suffisant. On a également du mal à atteindre la cible de 25 millions de personnes vaccinées par les deux premières doses. C’est un vrai souci."

"Heureusement que d’un autre côté, énormément de personnes ont été contaminées par le variant Omicron. Elles ont ainsi développé un certain niveau d’immunité."

"A mon avis, je ne pense pas qu’il y aura une levée des restrictions pour l’instant", souligne notre interlocuteur, notant que "pour ce mois de Ramadan, nous ne savons pas encore s’il sera vécu comme celui de l’année dernière. Il faut surveiller la situation épidémiologique pour pouvoir se prononcer. Si l’embellie persiste, on pourra peut-être vivre un mois sacré sensiblement normal, à condition de continuer à respecter les mesures barrières."

"N’oublions pas que lors du précédent Ramadan, nous avons évité une vague de contaminations qui a sévi dans d’autres pays grâce au couvre-feu. Les gens ne circulaient pas le soir, il y avait donc moins de contacts, ce qui nous a permis d’éviter des hospitalisations et des décès."

"Pour l’instant, il est très difficile de faire des prévisions, même à moyen terme. On attendra de voir comment se passent les choses après la réouverture des frontières aériennes", conclut-il.

L’ultimatum d’Akhannouch pour accélérer l’administration de la D3

Ces propos expliquent a posteriori la démarche du chef du gouvernement, qui consiste à rendre quasiment obligatoire la 3e dose, dans l’objectif d’accélérer son administration.

En effet, depuis le début du mois de février, Aziz Akhannouch tient des réunions avec les secrétaires généraux et les directeurs des ressources humaines (DRH) des différents départements ministériels et établissements publics, ainsi qu’avec les parlementaires et les collectivités territoriales, afin de les inciter à sensibiliser la population sur l’impératif de parachever le schéma vaccinal.

Il a également rencontré les chefs d’entreprise lors d’une réunion le 2 février avec la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), durant laquelle il a appelé le patronat à généraliser la vaccination auprès de l’ensemble des salariés, ce qui revient à appliquer plus strictement le pass vaccinal dans les milieux professionnels.

Dans les administrations publiques, la fermeté est de mise. Certains ministères ont donné aux fonctionnaires un délai au-delà duquel ils seront interdits d’accès aux locaux des administrations. Leur absence sera ainsi qualifiée d’abandon volontaire de poste, avec les conséquences qui en découlent.

Dans le secteur privé, les employeurs attendent encore une formalisation de cet appel à la vaccination, qui permettra notamment de les protéger.

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