Une nouvelle AG des médecins libéraux pour définir les prochaines étapes de protestation (AMO)

Les médecins libéraux tiennent leur seconde assemblée générale ce mercredi 16 février. Le point sur sa particularité, ses enjeux et les principaux points programmés.

Une nouvelle AG des médecins libéraux pour définir les prochaines étapes de protestation (AMO)

Le 16 février 2022 à 18h33

Modifié 16 février 2022 à 19h24

Les médecins libéraux tiennent leur seconde assemblée générale ce mercredi 16 février. Le point sur sa particularité, ses enjeux et les principaux points programmés.

Dans une interview accordée à Médias24, le Dr Said Afif, président du Collège syndical national des médecins spécialistes privés, nous présente les principaux enjeux de l’assemblée générale prévue ce 16 février dans la soirée.

Médias24: Vous tenez ce mercredi soir une assemblée générale des médecins libéraux. Quelle est sa particularité, et quels sont ses enjeux ?

Dr Saïd Afif : Nous avons suivi les recommandations de l’assemblée générale du 12 janvier dernier. Nous avons des nouveautés que nous allons exposer lors de l'AG prévue ce mercredi soir.

A la suite de la grève du 20 janvier, nous avons été reçus par les groupes parlementaires de la majorité, à savoir le RNI, le PAM et l’Istiqlal, mais aussi ceux de l’opposition, notamment le Mouvement populaire, l'USFP, le PPS et le PJD. Durant ces rencontres, nous leur avons exposé toutes nos doléances, en insistant sur l’engagement de l’ensemble des médecins libéraux, ainsi que des médecins dentistes, pour faire aboutir le projet royal de la protection sociale.

Le 21 janvier dernier, soit le lendemain de la grève nationale, nous avons organisé une conférence de presse durant laquelle un comité de suivi représentatif des cinq syndicats a été constitué pour préparer la journée d’étude, prévue le 10 mars au Parlement, sur l’apport des médecins privés dans la réussite du projet royal.

Nous allons décider de la prochaine grève nationale

Durant l’assemblée d’aujourd’hui, nous allons ainsi rendre compte de toutes ces nouveautés, et décider des prochaines étapes que nous allons entamer. Nous allons également décider de la date de la prochaine grève nationale, puisque nous avions prévu de tenir une seconde grève un mois après la première. Ceci dit, nous restons toujours ouverts à la concertation.

- Cette assemblée intervient dans un cadre de tension avec le gouvernement. Avez-vous pu échanger avec les membres de l'Exécutif notamment après la grève du 20 janvier ?

- La grève n’est pas une fin pour nous. Nous n’avons pas été entendus après la première. Nous avons demandé une audience au Chef du gouvernement et au ministre de la Santé, mais malheureusement, nous n’avons pas été reçus.

Après l’AG de ce mercredi, nous allons envoyer un deuxième appel au Chef du gouvernement, dans le cadre des concertations prônées par son équipe. Nous allons nous adresser directement à lui puisqu’il y a plusieurs départements concernés par nos doléances.

La revendication principale est la révision du tarif national de référence

La première, et la principale, n’est pas relative à l’Assurance maladie obligatoire (AMI) des médecins, mais à la révision du tarif national de référence (TNR), qui n’a pas bougé depuis 2006. Les patients paient plus de 54% de leur poche, et avec la crise économique générée par la pandémie, la santé représente un budget conséquent chez les ménages.

Nous souhaitons qu’il y ait une révision calculée sur la base du coût réel de chaque prestation, comme cela a été recommandé par la Commission du nouveau modèle de développement. Une telle mesure permettra aux patients de payer un minimum de leurs poches, puisqu’ils sont couverts à 80%. Si l’on prend l’exemple d’une simple consultation, un patient paie 200 DH de sa poche chez un spécialiste et 150 DH chez un généraliste, alors qu’il ne devrait payer que 20% de la consultation de manière générale.

Prenons également l’exemple de la réanimation, dont le tarif est fixé à 1.500 DH par jour depuis 2006. Avec le Covid, des gens ont été contraints de dépenser jusqu'à 100.000 DH et plus pour leur séjour, la réanimation, l’oxygène et le matériel étant chers. Même constat pour les hospitalisations. Le prix du lit d’hospitalisation, avec tout ce qu’il engendre, est fixé à 550 DH par jour. Quand le malade est hospitalisé, il paie une grande partie de sa poche, ce qui crée une relation de méfiance entre lui et son médecin. Ce n’est pas normal.

Nous voulons donc que les tarifs soient calculés sur les prestations réelles, pour que le contrôle devienne facile. En cas de dépassement, les organes de contrôle, notamment l’ANAM (Agence nationale de l’assurance maladie), le ministère de la Santé et le CNOM (Conseil national de l’ordre des médecins) pourront jouer leur rôle au profit du citoyen et du malade.

C’est donc important pour nous que l'on puisse revoir la loi 65-00, qui instaure une révision tous les trois ans.

Il y a également un problème de chèques d’avance. Si les caisses d’assurance respectent les textes de la loi 65-00, à savoir une prise en charge dans les 48 heures et le règlement des prestations dans les deux mois qui suivent, le patient ne paiera que le prix modérateur. Il faut donc arrête de diaboliser le médecin et de le pointer du doigt. Le problème est principalement dû à la non-révision du TNR.

Enfin, pour ce qui est de l’assurance maladie, nous exigeons l’équité avec les autres professions, comme le stipule la loi 98-15. Il n’y a aucune raison pour qu’un notaire ou un pharmacien paient 3 fois le Smig, et qu’un médecin généraliste et spécialiste paient respectivement 4 et 5,5 fois le Smig. 13.000 médecins libéraux ne vont pas pouvoir réaliser l’équilibre d’une caisse d’assurance.

Par ailleurs, c’est un principe de solidarité. Pour quelle raison avoir créé une petite caisse rien que pour les indépendants ? Il faut qu’on ait une caisse globale, pour s’entraider avec toutes les professions, afin que le montant des cotisations puisse diminuer. Il faut donc qu’on arrive à mettre en place une seule caisse, qui comprend indépendants, Ramedistes, et fonctionnaires, comme c'est le cas dans plusieurs pays étrangers. Les assurances privées assureront à ce moment le complémentaire.

- Que ferez-vous si le gouvernement ne cède pas à vos demandes, notamment sur la révision de la base de cotisation à l'AMO ?

- Ce ne serait pas normal. C’est d'abord dans l’intérêt du patient et non du médecin. Nous avons été obligés à faire grève pour faire entendre notre voix. L’assemblée générale tenue le 12 janvier dernier a rassemblé environ 6.000 médecins soit plus de la moitié des médecins du Maroc. C’est le rôle du Chef du gouvernement. Ce n’est pas normal qu’il ne puisse pas nous recevoir pour nous écouter au moins. Si on ne fait pas attention à nos médecins, ils continueront à quitter le pays. Nous avons déjà 600 médecins qui quittent le Maroc annuellement. La solution est locale.

-Une journée d’étude est prévue le 10 mars prochain au parlement. En quoi consistera-t-elle ?

- Durant cette journée, nous allons évoquer tout ce qui va contribuer à faire réussir le chantier de la protection sociale. Nous sommes des acteurs de ce projet, et nous allons le démontrer.

Nous allons ainsi aborder plusieurs sujets, notamment la tarification, le partenariat public-privé, l’indépendance du médicament, la préférence nationale du médicament, la formation médicale continue, la nomenclature, le protocole thérapeutique, ainsi que la disponibilité et l’accessibilité des médicaments.

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