Les médecins libéraux reportent leur grève nationale

Lors de l’assemblée générale tenue le mercredi 16 février dans la soirée, les cinq syndicats ont voté, à la majorité, le programme de la journée de travail parlementaire prévue en mars. A l’issue de celle-ci, il sera décidé de l’organisation éventuelle d’une grève nationale, accompagnée d’un sit-in.

Les médecins libéraux reportent leur grève nationale

Le 17 février 2022 à 17h03

Modifié 17 février 2022 à 19h29

Lors de l’assemblée générale tenue le mercredi 16 février dans la soirée, les cinq syndicats ont voté, à la majorité, le programme de la journée de travail parlementaire prévue en mars. A l’issue de celle-ci, il sera décidé de l’organisation éventuelle d’une grève nationale, accompagnée d’un sit-in.

L’assemblée générale, organisée le mercredi 16 février par cinq syndicats représentatifs des médecins libéraux (CSNMSP, SNMG, ANCP, FNMCD, SNML), a connu la participation de plus de 6.000 médecins, soit environ la moitié des médecins du Royaume, dont 44% sont des spécialistes, 32% des médecins dentistes et 25% des généralistes.

Le message véhiculé par les différents participants est unanime : la nécessité de rester unis pour faire aboutir leurs revendications ; à leur tête la révision du tarif national brut (TNR) et l’équité avec les autres professions dans la cotisation à l’assurance maladie obligatoire (AMO).

La tenue d’une nouvelle grève dépendra des conclusions de la journée de travail au Parlement

Le médecins libéraux ont voté "le port d’un brassard à partir du 3 mars pour donner du poids à la journée de travail parlementaire prévue le 10 mars et sensibiliser davantage les gouvernants".

Ils vont également "adresser un nouveau courrier au chef du gouvernement pour le mettre face à ses responsabilités".

Dans ce qui semble être une action d’apaisement, ils ont décidé de reporter la grève prévue en ce mois de février. Sa tenue dépendra des conclusions de la journée de travail, à l’issue de laquelle sera organisée une troisième assemblée générale.

"Après cette journée, si nous n’avons aucune réponse à nos doléances, nous déciderons de la date d’une nouvelle grève, accompagnée d’un sit-in, puisque la situation sanitaire actuelle le permet."

Le Dr Saad Agoumi, du Collège syndical national des médecin spécialistes privés (CSNMSP), a également appelé les médecins à ne pas répondre aux demandes de la CNSS de s’inscrire à l’AMI.

Le programme de la journée de travail parlementaire approuvé

Durant cette AG, les médecins libéraux ont approuvé à la majorité le programme de la journée de travail parlementaire prévue le 10 mars prochain. Différents dossiers y seront évoqués :

- "Nous allons aborder la carte sanitaire via un schéma de santé qui doit être revu dans la loi 34-09 principalement, avec le parcours de soin qui sera défini", a précisé le Dr Agoumi.

- "Nous aborderons également le rôle public du secteur libéral, parce que nous autres, médecins du privé, assumons un rôle de santé publique, vu que nous assurons 70% des soins du citoyen."

- L’AMO, "en mettant l’accent sur le fait que le malade est dans la tourmente à cause de la tarification obsolète, ce qui nous conduira à parler du TNR".

- L’AMI, "qui est mis à la charge des médecins du privé. Nous avons l’impression qu’on nous demande de prendre en charge une grande part de la cotisation".

- La nomenclature, "qui est figée, et dans laquelle plus de 1.000 actes que nous pratiquons ne figurent pas".

- Le dossier des médecins étrangers, "dont il faut encadrer l’apport même s’il est minime pour l’instant".

- Le partenariat public-privé, "et toutes les niches que l’on peut y exploiter".

- La politique du médicament.

Un projet de loi sur le Conseil national de la santé en préparation

Le Dr Agoumi ajoute "qu’un autre point, que nous revendiquons depuis plusieurs années, sera aussi abordé lors de cette journée de travail. Il s’agit de la mise en place d’un Conseil supérieur de la santé, parce que la santé est un point important qui ne peut dépendre du mandat de chaque ministre. Elle doit d’abord être une politique nationale sur des décennies, que chaque ministre devra respecter tout en apportant les adaptations nécessaires".

D’après le Dr Saïd Moulay Afif, président du CSNMSP, "lors des réunions tenues avec les partis de l’opposition, le Mouvement populaire nous a confié avoir préparé un projet de loi sur le Conseil supérieur de la santé, qui sera bientôt présenté au Parlement".

Par ailleurs, selon les différents intervenants, cette journée devrait connaître la participation du ministère de tutelle, du chef du gouvernement, des responsables de l’Agence nationale de l’assurance maladie (ANAM), de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et de la Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale (CNOPS).

Un autre point proposé par deux médecins ayant pris part à cette AG a également été intégré au programme de cette journée. Il s’agit de la fiscalité de la profession. "Actuellement, les cabinets médicaux paient 38% d’impôts sur le revenu, ce qui est énorme", a souligné le Dr Abderrahim Chab, du Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM). "Ajoutés à cela les 6% de la cotisation minimale, la patente et les autres frais, ce qui nous fait environ 56% du revenu."

"Le médecin achète le cabinet en TTC ainsi que le matériel, mais il n’est pas remboursé. Le CNOM s’est déjà réuni avec l’ancien directeur général des Impôts, qui nous a suggéré de mettre en place un plan comptable spécifique pour les médecins, notre fiscalité étant différente. Nous avons ainsi engagé un expert-comptable, qui est en train de préparer un plan comptable spécifique pour notre profession. Il sera bientôt présenté aux parlementaires."

"La refonte du système de santé ne peut se faire sans l’engagement des médecins libéraux"

Enfin, lors de son intervention, le Dr Jaafar Heikel, expert en économie dans le secteur de la santé, a démontré, chiffres à l’appui, l’importance des médecins libéraux dans la réforme du système de santé.

"Le rôle du médecin dans le parcours de soin est très important", a-t-il souligné. "Prenons l’exemple du diabète, qui coûte à l’Etat environ 12 milliards de dirhams en frais directs. Pour cette maladie, la contribution du médecin généraliste et du médecin spécialiste, dans le parcours de soin en matière de prévention, permettra à l’Etat d’économiser environ 600 millions de dirhams par an."

"C’est un chiffre relatif uniquement au diabète. Si l’on parle de tout le parcours de soin, le médecin peut faire économiser à l’Etat entre 1,2 et 1,5 milliard de dirhams par an, dans le cadre du budget du ministère de la Santé".

"Au moment où, dans différents pays, on récompense la contribution du médecin à la réduction de la charge des organismes de prévoyance sociale et du citoyen, dans le contexte marocain, c’est l’inverse. Non seulement on ne protège pas et on ne soutient pas le médecin, mais on veut lui faire payer plus que le nécessaire et le minimum acceptable."

"Si le gouvernement, notamment le ministère du Budget, répond aux doléances simples des médecins, on parle de 50 MDH, un montant banal sur le plan de l’équilibre économique."

"La refonte du système de santé ne peut donc être envisagée sans l’engagement des médecins, ni sans une réorganisation de la profession à l’échelle nationale, la revue du TNR, ainsi que le rôle de la prévention et celui des cabinets médicaux et des cliniques."

"Pour résumer, nous sommes l’un des rares pays au monde où les caisses d’assurance maladie ne sont pas déficitaires, mais on veut que cet excédent soit utilisé au profit de la population pour qu’elle puisse avoir accès aux services de santé, avec une valorisation de l’acte médical, dans son sens qualitatif et quantitatif, et avec une revalorisation des professionnels de la santé pour qu’ils fassent leur métier. L’enjeu, c’est toute la réforme du système de santé et non seulement les 50 MDH", conclut-il.

Lire aussi : Une nouvelle AG des médecins libéraux pour définir les prochaines étapes de protestation (AMO)

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