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Visite guidée. Mehdi Qotbi : « Les sept œuvres immanquables à admirer au MMVI »

Reportage. Mehdi Qotbi, président de la Fondation nationale des musées, nous invite à découvrir, à travers sept œuvres exceptionnelles, le Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain de Rabat. Dans ce casting inédit figurent des artistes marocains, africains et européens ayant marqué leur époque, et contribué à redéfinir notre rapport à l’art comme à la vie. Déambulations muséales...

Visite guidée. Mehdi Qotbi : « Les sept œuvres immanquables à admirer au MMVI »

Le 18 février 2022 à 9h29

Modifié 20 février 2022 à 20h47

Reportage. Mehdi Qotbi, président de la Fondation nationale des musées, nous invite à découvrir, à travers sept œuvres exceptionnelles, le Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain de Rabat. Dans ce casting inédit figurent des artistes marocains, africains et européens ayant marqué leur époque, et contribué à redéfinir notre rapport à l’art comme à la vie. Déambulations muséales...

Quand on visite un musée, il est difficile de s’attarder devant chacune des œuvres exposées. C’est pour cela qu’il fallait demander à un 'spécialiste' d'opérer une sélection et de nous en donner les clés de compréhension. Pour nous accompagner dans cette déambulation initiatique du parvis du Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain (MMVI) aux salles d’exposition et de projection, notre guide n'est autre que Mehdi Qotbi.

Artiste peintre de renom et président de la Fondation nationale des musées (FNM) depuis 2011, cet irrésistible orateur nous entraîne dans son univers. Le « casting » voulu par Mehdi Qotbi se compose d’artistes nationaux, mais aussi africains et européens. Entre analyse de l’œuvre, références historiques et anecdotes personnelles, notre hôte nous offre à voir un condensé d'art et de culture. Une entrée en matière qui n’empêche pas d'explorer par la suite, et sans modération, les autres espaces et œuvres qu'abrite le musée.

La Machine à rêver - Niki de Saint Phalle (sculpture en fibre de verre et polyester peint)

« Cette sculpture est l’œuvre de l’un des plus grands sculpteurs du monde, Niki de Saint Phalle (1930-2002), qui se trouve aujourd’hui dans tous les grands musées. Cette œuvre vient offrir la vie, la couleur, la joie de vivre aux Rbatis et à tous ceux qui visitent le Musée Mohammed VI. Cette sculpture (réalisée en 1970, ndlr) nous a été prêtée par le collectionneur Michaël Benabou pour une durée de deux ans.

"Niki de Saint Phalle, qui a été une grande militante féministe, raconte son engagement par la couleur, et c’est extraordinaire. C’était le combat d'une vie.

"Les couleurs de cette Machine à rêver sont comme des fleurs, ou un bouquet offert au quotidien aux gens qui déambulent sur l’esplanade du musée. Et à ses côtés se trouvent Le Cheval de Fernando Botero, les sculptures en marbre d’Ikram Kabbaj, la sculpture de Farid Belkahia et le Guerrier Massaï d’Ousmane Sow.

"Le musée extérieur qui rassemble ces œuvres n’a pas d’horaire. C’est ce que j’appelle le musée hors les murs. On peut venir rêver, illuminer son regard et son quotidien devant ces sculptures qui sont accessibles de jour comme de nuit, à n’importe quelle heure. »

Le Guerrier debout (série Massaï) - Ousmane Sow (sculpture en bronze)

« Le Guerrier massaï a été réalisé (en 1989, ndlr) par l’un des plus grands sculpteurs africains, l’artiste sénégalais Ousmane Sow (1935-2016), celui qui a honoré l’Afrique à Paris. C’est Jacques Chirac qui a demandé à ce que son exposition se fasse sur le pont des Arts, entre le Louvre et l’Institut de France vers la fin des années 1990 (rassemblant trois millions de visiteurs en trois mois, ndlr). Et je suis allé voir cette exposition qui m’avait impressionné, fasciné, parce que ce guerrier massaï est imposant. Je voulais absolument que ce personnage impressionnant puisse un jour venir ici au Maroc. Et on a eu la chance d’avoir un donateur, Moulay Hafid Elalamy, qui a offert cette sculpture aux Marocains, au Maroc et aux visiteurs de ce musée.

"Ce guerrier massaï est comme un symbole. C’est notre gardien. Celui qui veille sur toutes ces sculptures extérieures jour et nuit. Et quelle allure il a, ce guerrier massaï ! »

La sculpture de Farid Belkahia

« Cette sculpture monumentale (plus de quatre mètres, ndlr) est du grand artiste marocain, qui était mon ami aussi, feu Farid Belkahia (1934-2014).

"Et là encore, c’est un donateur, Mohamed Bouzoubaâ, grand collectionneur et entrepreneur (P-DG de TGCC, ndlr), qui a offert cette sculpture de Belkahia. Je suis fier et heureux, avec l’équipe de la FNM, d’avoir réussi à ce que les prêteurs et les donateurs nous fassent confiance. Ils sont de plus en plus présents. C’est le cas aussi des prêteurs à travers le monde, que ce soit le musée Picasso qui nous a prêté une collection exceptionnelle, ou encore les Impressionnistes… Qui aurait pu rêver de voir Van Gogh, Picasso, Renoir, Monet, Matisse, tous ces noms-là, un jour ici au Maroc ? »

Nuit de Noël, 1963 (série Happy Club) - Malik Sidibé (photographie)

« Avec Malik Sidibé (1935-2016), on est au cœur de l’Afrique, au cœur de cette Afrique joyeuse, heureuse, et surtout de cette Afrique qui a tant apporté au monde. Je suis extrêmement optimiste. L’avenir du monde, c’est chez nous en Afrique. Et quand vous regardez cette photographie, c’est une photo joyeuse où les gens dansent pour exprimer leur bonheur. La danse, c’est aussi cette expression extérieure qu’on donne de soi pour montrer que c’est la fête. On a ici les plus belles photos de Sidibé qui est un témoin de son époque, et qui a su capter les choses. Il est aussi le père de la photographie africaine, celui qui a donné à la photographie ses lettres de noblesse.

"Dans cette exposition (jusqu'au 30 mai 2022 au Musée Mohammed VI), il y a des clichés qui n’ont jamais été montrés, car ils proviennent directement de l’atelier de Sidibé. La Fondation Cartier avait fait un hommage, une rétrospective de Malik Sidibé en France, à Paris ("Malick Sidibé, Mali Twist", exposition du 20 octobre 2017 au 30 février 2018, ndlr), mais elle n’a pas eu accès à ce que nous avons aujourd’hui ici, ces clichés petits, bruts, qui ont donné toutes ces grandes photographies. Aujourd’hui, Malick Sidibé se trouve dans les plus grands musées du monde. »

Brie, France, 1986 - Henri Cartier-Bresson (photographie)

« C’est toujours un plaisir de voir l’exposition de Henri Cartier-Bresson (jusqu’au 30 avril 2022, ndlr). Je ne me lasse pas de voyager dans le temps. L’artiste nous livre les photos à la fois de grands artistes, d’événements importants et de personnalités qui ont marqué l’histoire de l’humanité. Il les a fixés pour l’éternité, pour les offrir à cette génération d’aujourd’hui et à celle qui va venir. C’est donc un témoin mondial.

"Il y a de cela quelques années, j’avais exposé avec Henri Cartier-Bresson (appelé aussi 'l’œil du siècle', ndlr). Je n’oublie quand même pas que je suis peintre. Et étant peintre, j’avais un ami, un très grand poète français, un des plus grands qui savent, comme je le dis souvent, sculpter les mots, leur donner un sens, les guider, pour pénétrer chaque âme. Ce poète s’appelait Yves Bonnefoy (poète, traducteur, critique d'art, professeur au Collège de France et plusieurs fois pressenti pour le prix Nobel de littérature, 1923-2016, ndlr). Et il m’avait donné ma chance, un peu jeune, d’exposer. C’était à Tours (ville natale du poète), avec Yves Bonnefoy et ses amis artistes. Il m’a donné donc une salle à côté de Henri Cartier-Bresson (voir la partie ci-après), Zao Wou-Ki (peintre et graveur chinois, 1921-2013, ndlr) et d’autres. Il y avait ces grands artistes qui étaient là. Et j’étais le plus jeune, c’était très émouvant. Donc, je suis toujours ému, car le souvenir me revient à chaque fois avec bonheur de cette rencontre que j’ai eue personnellement avec Henri Cartier-Bresson. Et j’ai eu le bonheur par la même occasion de le faire venir ici. Et de monter cette exposition, magnifiquement scénographiée avec tout le succès qui va avec.

"Henri Cartier-Bresson offre surtout un témoignage de l’époque. Il a fait de la photo une véritable œuvre d’art. Aujourd’hui, le photographe est un artiste comme n’importe quel peintre ou sculpteur. »

La Danse ou l’éloge du sacré, 2009 (série Métamorphoses) - Gérard Rancinan (installation Polaroïd)

« À travers La Danse ou l’éloge du sacré et Le Radeau des Illusions, on voit que la photographie peut être aussi un véritable tableau vivant. C’est ce que Gérard Rancinan est arrivé à sortir de son boîtier, de sa boîte crânienne, de son cœur et de son corps. C’est une œuvre très corporelle. Et il y a aussi ces beaux textes poétiques de Caroline Gaudriault, qui viennent mettre davantage l’accent sur cette œuvre remarquable.

"Cette exposition avec Caroline Gaudriault et Gérard Rancinan ("De rage et de désir, le cœur battant des hommes", jusqu’au 30 mai 2022 au MMVI) est exceptionnelle. En plus de cela, il y a les mots qui accompagnent cette capture instantanée du photographe. Vous avez ici des scènes magnifiques qui sont retracées. »

Le Radeau des Illusions, 2008 (série Métamorphoses) - Gérard Rancinan (photographie)

« On clôture cette visite du musée par cet artiste qui capte l’instant non pas uniquement par l'œil, mais aussi par le cœur. J’aimerais donc parler de mon ami, ce grand photographe qu'est Gérard Rancinan, à travers cette œuvre, Le Radeau des Illusions (une photographie qui évoque le thème de l’immigration et s’inspire de la célèbre toile de Théodore Géricault, Le Radeau de la Méduse, ndlr), qui a été quelque chose d’inédit. Cette photographie avait fait une double page dans le magazine Paris Match. Et cela avait touché tout le monde.

"Nous donnons ici à la photographie la place qu’elle mérite, en fêtant cet art à tous les étages du Musée Mohammed VI. C’est le cas ici, dans la salle Melehi (à l’étage -1 du MMVI, ndlr), à travers cette exposition de Gérard Rancinan, grand artiste contemporain. »

"Une visite virtuelle guidée à 360° est également disponible sur notre site : le lien de la Visite guidée en 360°.

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