Ukraine : panique et désarroi des étudiants marocains bloqués dans différentes villes (témoignages)

La situation en Ukraine empire. Les attaques russes se poursuivent dans plusieurs villes, notamment à Kiev et Kharkiv, qui abritent de nombreux étudiants marocains. Voici les témoignages de certains d’entre eux recueillis par Médias24.

Source: AFP

Ukraine : panique et désarroi des étudiants marocains bloqués dans différentes villes (témoignages)

Le 25 février 2022 à 18h22

Modifié 1 mars 2022 à 10h37

La situation en Ukraine empire. Les attaques russes se poursuivent dans plusieurs villes, notamment à Kiev et Kharkiv, qui abritent de nombreux étudiants marocains. Voici les témoignages de certains d’entre eux recueillis par Médias24.

Les attaques russes se sont intensifiées ce vendredi 25 février suite à une riposte de l’Ukraine. Ces attaques, qui visaient initialement des infrastructures militaires, se sont étendues à plusieurs villes, témoignent différents étudiants marocains joints par Médias24.

"Nous sommes terrorisés"

Les villes principalement touchées sont la capitale Kiev et la deuxième plus grande ville du pays, Kharkiv ; celles-ci étant proches des frontières russes, précisent nos interlocuteurs, qui relèvent que de nombreux civils ukrainiens ont été touchés.

Ghita*, étudiante en 5e année de pharmacie, réside à Zaporijia, dans le sud de l’Ukraine. Elle se dit terrorisée. "Poutine n’a épargné aucune ville. Il a démarré par Kiev et Kharkiv, avant d’en attaquer d’autres, notamment Zaporijia."

"Hier (jeudi 24 février, ndlr), seuls les sites militaires étaient touchés. Mais aujourd’hui, aucune distinction n’est faite ; même les immeubles avec les civils y passent", ajoute-t-elle, effrayée.

Celle qui juge "catastrophique" la situation actuelle dans sa ville de résidence, confie avoir été "contactée par [sa] faculté ce vendredi matin pour venir se réfugier dans un abri au sous-sol. L’administration a reçu une alerte et nous a donc prévenus". Les étudiants en sont ressortis vers 11h du matin. Vers 13h, au moment où nous lui parlions, une seconde alerte a été donnée aux étudiants par l’administration, les priant de redescendre au sous-sol de la faculté pour un maximum de sécurité.

Le sous-sol où sont réfugiés les étudiants de médecine à Zaporijia.

"Nous n’avons presque plus de nourriture. Nous avons à peine pu acheter les produits non périssables tels que les biscuits, les fruits secs et autres. Les supermarchés sont encore ouverts mais il est très difficile de s’y rendre, la ville n’étant pas sécurisée. Les attaques peuvent intervenir à tout moment. Les banques sont fermées et la majorité des guichets sont presque vides".

Les étudiants espèrent des bus pour partir vers les frontières

Et d’ajouter : "On ne se change pas et on ne dort pas la nuit. Nous avons très peur. Nos amis à Kiev et à Kharkiv nous ont fait savoir que des militaires russes armés commencent à s’introduire chez eux pour les expulser. Ils leur demandent de l’argent et ne leur permettent d’emmener que leurs papiers d’identité. Nous avons peur que la situation dégénère aussi ici, à Zaporijia", poursuit-elle d’une voix tremblante.

"Nous avons contacté l’ambassade marocaine en Ukraine. Nous avons envoyé nos coordonnées aux responsables mais il est impossible de quitter la ville actuellement par nos propres moyens. Ce vendredi, la Chine et le Liban ont mis à la disposition de leurs ressortissants des bus pour les embarquer vers les frontières. Nous espérons que le Maroc en fera de même", conclut-elle.

"Une nuit horrible dans le métro"

Adam*, un autre étudiant marocain à Kharkiv, nous raconte que la nuit de jeudi à vendredi a été "horrible". "Nous avons passé la nuit dans le métro pour nous protéger des bombardements. C’était horrible. La nuit a été mouvementée et les gens, terrorisés. Une panique collective s’est déclenchée de temps à autre, générant des bousculades susceptibles de provoquer des blessures."

"Hier (jeudi, ndlr), il n’y avait pas beaucoup d’attaques contrairement à aujourd’hui (vendredi, ndlr). Elles se sont intensifiées suite à la riposte de l’Ukraine", poursuit-il.

"Ce vendredi matin, nous nous sommes dirigés vers un refuge. On ne peut pas retourner chez nous parce que les immeubles ne sont pas sécurisés. Ils peuvent être attaqués à n’importe quel moment de la journée."

Pour pouvoir quitter l’Ukraine, les étudiants marocains peuvent se rendre aux frontières pour se réfugier en Pologne ou en Moldavie notamment.

"La capitale Kiev et Kharkiv sont les villes les plus touchées. Il est donc impossible de se rendre jusqu’aux frontières par nos propres moyens", d’autant que ces pays se trouvent à des centaines de kilomètres de ces villes, nous confie Adam, confirmant ainsi les propos de notre première interlocutrice.

"De plus, il fait très froid et l’espace aérien de l’Ukraine est fermé. On ne peut pas prendre le risque de s’éloigner seuls de la ville."

Et de poursuivre : "Nous avons effectué toutes les procédures nécessaires pour être rapatriés au Maroc. Nous avons appelé les services concernés chargés du recensement des Marocains en Ukraine pour leur transmettre nos coordonnées. A présent, on attend."

"Lorsque l’on a entendu les premiers bombardements hier [jeudi] matin, nous nous sommes précipités au supermarché comme tous les autres ukrainiens. La file était interminable. Idem pour les banques. Actuellement, la seule chose qui me préoccupe c’est de rentrer au Maroc. J’espère que les autres pays vont intervenir pour faire cesser cette guerre", conclut-il.

Certains étudiants qui ont tenté de se rendre à Lviv pour quitter l’Ukraine à travers la Pologne, se sont retrouvés bloqués dans de longs embouteillages. La photo ci-dessous nous a été transférée par l’une de nos sources.

"Je n’ai pas pu quitter l’Ukraine à cause de mon titre de séjour"

Deux autres étudiantes, n’ayant pas pu quitter l’Ukraine lorsque les compagnies aériennes ont lancé des vols à destination du Maroc, nous ont confié avoir été bloquées dans leur ville de résidence à cause de leurs papiers.

Alae*, étudiante en 5e année d’architecture à Kharkov, est perdue. "Certaines personnes nous recommandent de rester chez nous, tandis que d’autres nous recommandent de nous réfugier dans le métro, jugé plus sécurisé. On ne sait plus quoi faire."

"Si je suis encore bloquée en Ukraine, ce n’est pas par plaisir. Je suis en 5e année d’études et il ne me reste que quelques mois pour obtenir mon diplôme. Ma carte de séjour prendra fin dans quelques jours et je n’ai pas voulu prendre le risque de gâcher toutes mes années d’études en rentrant au Maroc sans un titre de séjour qui me permette de revenir en Ukraine. J’ai donc choisi d’y rester, ne sachant pas que la situation allait dégénérer."

"Hier, jeudi, nous avons été réveillés à 5h du matin par des bombardements. La plupart des Ukrainiens se sont réfugiés dans le métro, mais l’endroit est saturé. Il n’y a limite plus d’oxygène. Les images font mal au cœur. De nombreux parents avec leurs enfants se sont installés à même le sol, n’ayant même pas assez de place pour s’allonger."

"Nous avons peur ; nous espérons que les autorités marocaines nous viendront en aide. Les choses se calment pendant une heure, une demi-heure, avant que de nouvelles attaques ne retentissent et suscitent la panique."

"Nous ne savons pas comment nous allons survivre si la situation continue d’empirer. Il n’y a presque plus d’argent dans les guichets et les supermarchés n’ont presque plus de marchandises", conclut-elle.

Une autre étudiante en ingénierie, également à Kharkiv, n’a pas pu, non plus, quitter le pays à temps à cause de ses papiers. Contactée par Médias24, elle nous confirme que la situation a empiré ce vendredi matin.

"Hier (jeudi, ndlr), j’ai passé la nuit dans le métro" comme de nombreux autres Marocains encore bloqués en Ukraine. "Ce matin, je suis rentrée pour me changer et récupérer quelques affaires, lorsque les bombardements ont repris juste à côté de chez moi. Je me suis donc réfugiée dans la cave d’une maison à côté en attendant que la situation se calme. Je n’ai même pas pu retourner dans le métro", nous raconte-t-elle, toute tremblante.

Au total, 3.000 ressortissants marocains sont déjà rentrés en urgence d’Ukraine, sur un total de 10.000 à 12.000 personnes. Il reste donc 7.000 à 9.000 Marocains dans ce pays.

De nouvelles mesures annoncées par l’ambassade du Maroc à Kiev

Suite aux développements que connaît actuellement l’Ukraine, l’ambassade du Maroc à Kiev a appelé les citoyens marocains ayant choisi de rester sur le territoire ukrainien d’observer les orientations et les mesures de sécurité des autorités ukrainiennes compétentes. Elle leur a également recommandé de ne quitter leur lieu de résidence que pour une nécessité impérieuse.

Compte tenu de la fermeture de l’espace aérien ukrainien, l’ambassade a appelé les ressortissants souhaitant quitter l’Ukraine à se rendre aux points d’accès frontalier avec la Roumanie, la Hongrie et la Slovaquie. L’opération de leur transit sera facilitée par les ambassades du Royaume présentes dans les pays voisins.

Des cellules d’accueil et d’accompagnement seront également mises en place au niveau de ces points d’accès frontalier, et des numéros verts mis à la disposition des Marocains pour contacter la cellule de crise.

*Les prénoms de nos interlocuteurs ont été modifiés. 

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