Marché des dattes : l’offre est abondante, les prix jugés compétitifs par les grossistes

A quelques jours de la période de jeûne, l’offre de dattes s'annonce largement suffisante. Le week-end dernier, au marché de Derb Mila, la plateforme casablancaise de vente en gros, demi-gros et au détail de ce fruit prisé par les Marocains durant le mois de ramadan, il y en avait pour tous les goûts et toutes les bourses. A condition que la spéculation ne s’en mêle pas.

Marché des dattes : l’offre est abondante, les prix jugés compétitifs par les grossistes

Le 22 mars 2022 à 15h53

Modifié 22 mars 2022 à 17h02

A quelques jours de la période de jeûne, l’offre de dattes s'annonce largement suffisante. Le week-end dernier, au marché de Derb Mila, la plateforme casablancaise de vente en gros, demi-gros et au détail de ce fruit prisé par les Marocains durant le mois de ramadan, il y en avait pour tous les goûts et toutes les bourses. A condition que la spéculation ne s’en mêle pas.

A côté des dattes importées de Tunisie, d’Irak ou d’Arabie saoudite, des variétés locales nobles comme mejhoul, nejda et boufegous sont proposées à des prix jugés compétitifs par les grossistes. Un avis que ne partagent pas les détaillants, dont la présence était peu visible samedi dernier sur le marché de Derb Mila.

Sondés par Médias24, certains d’entre eux estiment que les prix proposés sont de 10% à 15% supérieurs à ceux de l’année dernière, eux-même élevés par rapport à l’année précédente. Les détaillants restent donc dans l’attente d’une offre plus développée pour s'approvisionner.

Pour le moment, les prix affichés par les grossistes oscillent entre 15 DH et 25 DH/kg selon les variétés et les origines. A l’exception des variétés mejhoul et nejda, dont les niveaux de prix se situent dans une fourchette de 40 DH à 100 DH/kg.

Pour ce qui est de la variété tunisienne deglet nour, proposée dans des emballages de 2,3 et 5 kg, le prix de gros varie entre 20 DH et 25 DH/kg. La compétitivité de cette origine s’explique par l’exonération des droits d’importation, en vertu de l’accord préférentiel liant le Maroc à la Tunisie. Dans ce cadre, l’import en provenance de ce pays porte annuellement sur un volume de l’ordre de 20.000 tonnes. S’ajoutent également environ 30.000 tonnes importées à partir d’autres pays comme l’Irak, les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite.

Pourtant, la production nationale de dattes s’inscrit en hausse soutenue sur les deux dernières années ; ceci avec l’entrée en pleine production des nouvelles plantations.

Pour cette année, les données du ministère de l’Agriculture comme celles de l’interprofession de la filière des dattes convergent pour qualifier la récolte de production record.

Au total, cette production est estimée à près de 160.000 tonnes, soit l’objectif ciblé par le contrat programme 2010-2020.

En effet, l’objectif de 3 millions de palmiers a été atteint lors de la campagne 2019-2020, constate notre source.

La superficie de palmeraie, qui était de l’ordre de 47.000 ha au début du Plan Maroc vert, s’établit actuellement à plus de 61.000 ha. En ce qui concerne la valorisation, une capacité de conditionnement et de stockage sous froid de 25.000 tonnes est d’ores et déjà installée. Pour un objectif à terme de 30.000 tonnes.

A noter que le contrat-programme de la filière ciblait la réhabilitation des palmeraies existantes sur une superficie globale de 48.000 ha, et la création de nouvelles plantations modernes sur 17.000 ha. Pour atteindre une production de 160.000 tonnes de dattes en 2020, et 185.000 en 2030.

La dynamique devait être accompagnée par une production de 300.000 plants in vitro par an, en impliquant des laboratoires privés sous supervision de l’Institut national de recherche agronomique (INRA).

Aujourd’hui, les objectifs visés en ce qui concerne la production paraissent accessibles. Reste à savoir si un taux suffisant de valorisation serait atteint.

Une faible consommation annuelle de 3,5 kg/habitant

Pour le moment, les efforts déployés au niveau du stockage sous froid, de l’emballage et du conditionnement sont encore en dessous des besoins de la production qui est fortement concentrée sur les mois d’octobre-novembre, relève l’interprofession.

De plus, la consommation de dattes au Maroc reste faible et concentrée pour l’essentiel sur le mois de jeûne et certaines fêtes religieuses. Le Marocain consomme en effet à peine 3,5 kg de dattes en moyenne par an contre 10 kg dans d'autres pays producteurs de ce fruit, au demeurant riche en nutriments.

En effet, la consommation de dattes n’est pas ancrée dans les habitudes culinaires des Marocains.

Pour ce chef de file d’un groupement d’intérêt économique, les grandes surfaces ont un rôle à jouer. Elles pourraient proposer le fruit durant l’année entière, en menant en parallèle des actions de communication ciblant la valeur nutritionnelle de la datte.

Selon les professionnels, outre cet aspect de déficit de promotion et de sensibilisation des Marocains, le faible niveau de consommation de dattes s’explique aussi par la cherté du produit local. "Et ce n’est pas la faute du producteur", se défend la même source.

A l’appui, il cite l’exemple de la variété très prisée, mejhoul en l’occurrence, qui est cédée à la ferme entre 30 DH et 35 DH/kg et passe à 100 DH et 150 DH/kg au niveau des ventes au détail. Le circuit de distribution, plombé par la pléthore d’intermédiaires, est pointé du doigt.

Sans oublier, le poids des importations qui représentent 40.000 tonnes en moyenne par an, dont la moitié est exemptée des droits de douane (dattes tunisiennes).

Aujourd’hui, la filière du palmier dattier contribue pour 60% dans la formation du revenu agricole des oasis. Elle fournit 3,6 millions de journées de travail à plus de 2 millions d’habitants. Elle génère également un chiffre d’affaires annuel avoisinant 2 milliards de DH, et une valeur ajoutée d’environ 1,4 milliard.

Le Maroc, qui maintient sa place de 12e producteur de dattes au monde, devrait grimper dans le classement, compte tenu de la trajectoire haussière de son volume. La montée en puissance est attendue, avec un mix variétal noble.

A terme, les variétés mejhoul, nejda et boufegous, qui constitueront plus de 50% de la production, devraient se positionner à l’international. Le marché mondial du mejhoul, estimé actuellement à près de 45.000 tonnes, reste dominé à hauteur de 35% par l’origine israélienne. La production additionnelle marocaine de mejhoul devrait à terme approcher les 40.000 tonnes. Une part non négligeable de ce volume devrait intégrer les marchés extérieurs.

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