La recherche scientifique au Maroc toujours embryonnaire
Le Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique a organisé, le mardi 5 avril, un webinaire pour présenter un panorama du système de la recherche scientifique au Maroc ainsi que ses enjeux et défis.
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Imane Boujnane
Le 6 avril 2022 à 13h13
Modifié 6 avril 2022 à 14h24Le Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique a organisé, le mardi 5 avril, un webinaire pour présenter un panorama du système de la recherche scientifique au Maroc ainsi que ses enjeux et défis.
Le système de la recherche scientifique au Maroc possède des acquis ; il a connu une évolution notoire mais nécessite encore beaucoup de développements. C’est ce qu’a déclaré Rahma Bourqia, directrice de l’instance nationale d’évaluation auprès du Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS).
En 2016, le Maroc ne dépensait que 0,75% de son PIB dans la recherche scientifique, selon les dernières données recueillies par l’Académie Hassan II des sciences techniques. Dans sa vision stratégique 2015-2030, le CSEFRS a recommandé d’atteindre 1% à court terme, 1,5% en 2025 et 2% en 2030.
De plus, en 2016, l’essentiel des dépenses en recherche et développement (R&D) étaient l’œuvre du secteur public. Les ressources en R&D des entreprises ne représentaient que 30,2% cette année-là, soit quasiment le même pourcentage qu’en 2010 (29,9%).
14 appels à projets scientifiques en 9 ans
Le recensement, entre 2008 et 2017, des différents programmes d’appels à projets au Maroc montre qu’il y en a eus 14, pour un montant global de près de 968,8 millions de dirhams, soit un budget moyen par appel de 69,2 millions de dirhams.
Toujours selon l’Académie Hassan II des sciences techniques, 1.417 projets ont été soumis au cours de ces neuf années. En moyenne, sur environ 4 projets soumis, un seul est retenu. Le taux de réussite plafonne donc à 25,6%, avec un budget moyen de 2,58 millions de dirhams par projet retenu.
0,37 publication par enseignant-chercheur chaque année
Autre remarque formulée par le CSEFRS : le corps des enseignants-chercheurs vieillit. 60% d’entre eux sont âgés de plus 50 ans, alors que 28% ont entre 40 et 49 ans. Ce qui engendre deux phénomènes paradoxaux : une longue et solide expérience sur les fronts pédagogique et académique, mais un affaiblissement de l’encadrement des doctorants.
Par ailleurs, la productivité scientifique de l’université marocaine reste faible, avec une moyenne nationale universitaire située à seulement 0,37 publication par enseignant-chercheur chaque année, selon les derniers chiffres relevés en 2017.
Concernant le cycle doctoral, le ratio du nombre de thèses de doctorat soutenues par rapport au nombre de doctorants est également assez faible, à hauteur de 5,7% en 2017. "Le cycle doctoral devient visiblement un goulot d’étranglement, où les effectifs s’accumulent sans pour autant que le rythme des soutenances ne suive", a commenté le Conseil.
10 brevets d’origine marocaine pour un million d’habitants
Le Conseil constate aussi une faible capacité inventive au Maroc, avec moins de 10 brevets d’origine marocaine pour un million d’habitants. En 2018, 186 brevets déposés étaient d’origine marocaine contre 2.323 d’origine étrangère.
Concernant la source de ces dépôts, le nombre de brevets déposés par les universités a connu une forte croissance de 2009 à 2018. Celles-ci sont donc les premières sources de dépôt de brevets au Maroc, suivies par les personnes physiques et les entreprises.
Les principaux défis de la recherche scientifique
Parmi les défis à relever en matière de recherche scientifique au Maroc, la pérennisation du cap stratégique de son développement. Selon le Conseil, cet axe nécessite une feuille de route qui présente l’ambition du Maroc pour l’avenir de ce domaine, identifie les orientations et les instruments de mise en œuvre, mobilise les chercheurs et instaure un mode de suivi et d’évaluation.
Le recherche scientifique nécessite également une hausse et une rationalisation de son financement, en renforçant et en redynamisant les fonds de recherche, et ce, en s’inspirant des expériences internationales.
Le Conseil suggère aussi de mettre en place des ressources propres aux universités, en développant leurs capacités (expertises et recherches R&D), en fluidifiant les procédures financières et en créant des fondations relatives aux universités, à l’instar des universités anglo-saxonnes.
Il souligne par ailleurs la nécessité de développer une capacité d’anticipation pour assurer la relève des chercheurs, ainsi que le multilinguisme, par le biais d’une solide formation pour améliorer la qualité des doctorants.
Enfin, parmi les défis de la recherche scientifique au Maroc figurent l’amélioration de la collaboration internationale et l’évaluation du système de recherche. Ce point est considéré comme un "impératif d’impulsion de la recherche".
La liberté académique doit quant à elle être guidée par le sens de la responsabilité et des valeurs, à travers la mise en place de règles de déontologie académique et de chartes éthiques.
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