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Le Marrakech historique et architectural d'Amine Kabbaj

Loin de se limiter à sa médina dont cet architecte est un amoureux inconditionnel, Marrakech se définit également par la proximité de l'Atlas. Élargir la géographie de cette ville impériale permet, selon lui, de la connecter à son histoire.

Le Marrakech historique et architectural d'Amine Kabbaj

Le 29 avril 2022 à 11h16

Modifié 29 avril 2022 à 17h20

Loin de se limiter à sa médina dont cet architecte est un amoureux inconditionnel, Marrakech se définit également par la proximité de l'Atlas. Élargir la géographie de cette ville impériale permet, selon lui, de la connecter à son histoire.

Quand on demande à Amine Kabbaj de nous parler des lieux incontournables de Marrakech, il nous propose de faire un détour par le passé. Car les principaux faits, événements et dynasties, qui ont dessiné les contours de la ville ocre, ont forgé son cachet historique et architectural, donnant ainsi naissance à ses innombrables lieux mythiques.

Son amour pour sa ville d'adoption, l’architecte l’a nourri tout au long de son parcours. Né à Casablanca en 1952, il poursuit, après l'obtention d'un baccalauréat E au lycée Lyautey, des études d’architecture à Strasbourg, puis à l’UP6 Paris. En 1980, il décroche son diplôme d’architecte à l'UP8 Paris. Il passera alors huit ans au sein de l’ERAC Tensift, avant d'intégrer en 1989 une agence d’architecture. En 2016, Amine Kabbaj crée la société Archimath architectes associés. Ce coureur de fond est un entrepreneur dynamique aux multiples casquettes. A la tête de plusieurs associations caritatives, il est aussi président exécutif de la Biennale de Marrakech.

C’est donc tout naturellement que nous avons sollicité son regard d'architecte. La relation d’Amine Kabbaj à Marrakech et à ses sites emblématiques - son choix se portera finalement sur cinq lieux de mémoire - est d’autant plus intéressante qu’il a participé activement à des projets en lien avec quelques-uns de ses monuments, tels que les citernes de la Koutoubia ou le pont de l’oued Tensift. Dire de l’architecte qu’il connaît certains lieux historiques comme sa poche ne serait pas exagéré. Sa description est tirée au cordeau, sans jamais dissiper le mystère qui enveloppe ces bâtisses.

Amine Kabbaj nous entraîne vers la mosquée de la Koutoubia, puis le palais Badiî, les jardins de l’Agdal et de la Ménara et, enfin, le pont de l’oued Tensift. Il nous offre également un récit itinérant inédit des Sept Saints de Marrakech (pour le circuit, comptez trois heures).

L’architecte tient toutefois à rappeler qu’il n’est pas historien. Aussi, notre hôte a fait appel à Hamid Triki, historien de la période médiévale, "un ami depuis mon arrivée à Marrakech il y a plus de quarante ans, et ma première et principale référence sur l’histoire et l’évolution de Marrakech". Il s’est également replongé dans deux ouvrages de référence : Marrakech des origines à 1912 de Gaston Deverdun, qui permet de suivre l’évolution de la ville jusqu’à l’avènement du protectorat, et Les Sept Patrons de Marrakech (Ets Afaq) d’Henri de Castries.

La visite guidée peut commencer !

Il était une fois…

« Nous t'avons désigné un lieu désert où seules courent les gazelles et les autruches, et où ne pousse que le jujubier. Ils lui désignèrent ce lieu de sorte que l'oued N'fis soit son verger, les Doukkala son grenier et que les reines de l'Atlas se trouvent tenues entre les mains de son prince. Accompagné de ses armées et des chefs des tribus, le prince se rendit vers le site encore inhabité de Marrakech et là, ils lui dirent : c'est ici que tu dois construire la ville. » Notre balade commence avec cette belle citation de Ibn Idhari Al Mourrakouchi, tirée du livre Al-Bayan (fin du XIIIe siècle), qui relate le moment où les habitants d'Aghmat désignent au prince almoravide, Abou Bakr Ibn Omar, le site où sera construite la future capitale. C’était en 461 de l'hégire (1068-1069), première date du récit de notre guide.

L’histoire qu’il nous conte traverse plusieurs époques. Chacune est marquée par des épisodes politiques, socio-économiques, mais aussi patrimoniaux et architecturaux. Et tout en cheminant dans cette chronologie, Amine Kabbaj évoque tour à tour les monuments et les édifices érigés lors de chaque grande étape de l’histoire de Marrakech.

Là où tout a commencé

Tout commence aux alentours de l’an 1070, lorsque les Almoravides fondent Marrakech. Les vestiges de la première forteresse et des palais sont encore visibles près de la célèbre Koutoubia.

Amine Kabbaj retient cinq grandes périodes qui ont façonné le développement de la ville, chacune marquée par l'empreinte d’une dynastie. La première intervient entre 1106 et 1143, lors du règne de l’Almoravide Ali Ben Youssef. Cette période enregistre un développement urbain caractérisé par l’adduction d’eau par khettara ou canaux souterrains, l’édification de la mosquée-université Ben Youssef (détruite depuis) et la construction d'un rempart en pisé de 9 km. « Le monument le plus remarquable de cette époque est la coupole El Boudiyyne, dite koubba almoravide », précise Amine Kabbaj.

Entre 1146 et 1249, les Almohades règnent en maîtres sur la ville dont le développement atteint son apogée. Avec ses 100.000 habitants, Marrakech devient l'une des plus grandes métropoles de l’occident musulman. Les mosquées de la Koutoubia et de la Kasbah, la porte monumentale de Bab Agnaou, les grands bassins réservoirs de l'Agdal et de la Ménara sont autant de témoins, encore debout, de cette grande époque. « Les manuscrits conservés à la bibliothèque Ben Youssef et leurs enluminures reflètent le très haut niveau culturel de cette période, où le seul quartier de la Koutoubia comptait une centaine de libraires et calligraphes », rappelle Amine Kabbaj.

Le troisième grand chapitre du développement de Marrakech coïncide avec le règne des Mérinides, puis des Wattassides. Entre 1269 et 1521, la ville ocre sera abandonnée comme capitale au profit de Fès. « Marrakech entre alors dans une phase de régression urbaine », commente Amine Kabbaj. De métropole d'empire, elle devient ainsi capitale du Sud (XIVe siècle) avant de tomber au rang de chef-lieu d'une principauté régionale (XVe siècle). « Au début du XVIe siècle, elle est si affaiblie qu'elle devient la cible des Portugais installés dans le port de Safi. »

L’histoire d’une renaissance

La renaissance de la ville – quatrième chapitre du précis historique de notre interlocuteur – survient avec le règne des Saâdiens (ou Zaydanides) entre 1521 à 1669. La ville redevient capitale du Maroc puis, à la fin du XVIe siècle, celle d'un empire africain qui s'étend jusqu'à Tombouctou. Plusieurs monuments témoignent de cette renaissance passée. Amine Kabbaj cite ainsi « la médersa Ben Youssef, les tombeaux saâdiens, les ruines du palais Badiî, les fontaines de Mouassine et Bab Doukkala, le mellah ou le quartier de la communauté juive ».

Entre 1669 et 1912, sous le règne de la dynastie alaouite, Marrakech partagera le rôle de capitale avec Fès. La fin du XVIIe siècle connaîtra l’organisation officielle du pèlerinage des Sept Saints patrons de la cité. « Au XVIIIe siècle, le sultan Sidi Mohamed Ben Abdallah (1757-1790) en fait sa résidence, et la relève de ses ruines à travers la construction du palais royal et des esplanades du méchouar pour les réceptions solennelles. S’y ajoutent l’aménagement des jardins intérieurs et l’édification des mausolées des Saints », décrit Amine Kabbaj.

A la même époque, Marrakech, en tant que capitale diplomatique, est régulièrement visitée par les représentants des puissances étrangères (Europe, Scandinavie, USA) pour la négociation de traités d'amitié et de commerce. Le XIXe siècle sera celui du renouvellement de la ville : reconstruction de la mosquée-université Ben Youssef, replantation des jardins extérieurs de l'Agdal et de la Ménara et édification des pavillons de plaisance du palais El Bahia et Dar Si Saïd, transformés en musée. Et face à l'expansion économique européenne, l'effort de modernisation se traduit par la construction de fabriques de poudre, de coton et de sucre.

Le 7 septembre 1912 marque l’entrée de la colonne Mangin et le début de l’occupation française. C’est la fin du cinquième chapitre du récit historique d’Amine Kabbaj. C’est aussi le point d’orgue du voyage dans le temps dans lequel nous a entraîné l’architecte passionné de la ville et de sa médina. Un voyage dont on retiendra cinq lieux emblématiques.

Le Marrakech architectural de Amine Kabbaj en cinq lieux emblématiques

« …..Si la tristesse te prend

Va contempler la muraille de Marrakech la rouge

Ton cœur s’en réjouira

Aux saints de la cité, envoie la Fatiha

Il n’est point de porte fermée dont tu ne trouveras

Alors la clef »

Poésie populaire du genre malhoun

1. La mosquée de la Koutoubia : un bijou architectural

"C'est le monument phare de la ville. C’est l'endroit où Youssef Ben Tachfin implanta d'abord son palais Ksar Lahjar (le palais de pierre, en français). La mosquée a été édifiée sur ordre du calife Abdelmoumen Ben Ali au cours de la seconde moitié du XIIe siècle. La Koutoubia est l'une des plus importantes mosquées du Maghreb. Elle tire son nom d'une double rangée de libraires-calligraphes (al-Koutbiyyine) installés à ses abords à la fin du XIIe siècle. Le nom désigne à la fois la mosquée et le fameux minaret. Celui-ci est surmonté d'un lanternon qui supporte l'épi de fer aux trois boules de cuivre doré. Le diamètre de la plus grosse boule est de deux mètres.

"Les parties hautes du minaret et du lanternon sont agrémentées d'une belle frise en carreaux de faïence émaillée d'un bleu turquoise extrêmement rare. L'ensemble, décor compris, remonte à l'époque de la construction (XIIe siècle)."

"Pôle religieux sous les Almohades (XIIe et XIIIe siècle), siège des proclamations solennelles (souverains et événements majeurs), la Koutoubia, de par sa situation excentrée, n'a pas eu la fonction universitaire qui est de règle dans un sanctuaire musulman d'une telle importance. Ce rôle fut rempli à Marrakech par l'autre grande mosquée, celle de Ben Youssef, située au centre de la médina.

Cependant, sur le plan architectural, le minaret de la Koutoubia est considéré par les historiens de l'art marocain comme un prototype du genre. A ce titre, son influence n'a cessé de s'exercer sur les minarets marocains depuis le XIIe siècle.

Ses dimensions (92 et 90 m x 66 et 57 m) demeurent cependant exceptionnelles (voir dimensions du minaret sur le croquis). La mosquée s’étale sur une superficie de 5.300 m2 et comporte 17 nefs et 11 coupoles ouvragées.

Une autre caractéristique de ce site est l’existence de citernes souterraines sous l’esplanade de la première mosquée (voir photo). Ces citernes étaient alimentées en eau et faisaient office de réservoirs. Il s’agit de deux cavités construites en briques de terre cuite en arc, reliées entre elles par des arceaux longitudinaux. On peut voir la qualité de la construction. J’ai moi-même restauré ces citernes, il y a un peu plus de dix ans, pour le compte du ministère de la Culture."

2. Le palais Badiî ou "l’Incomparable"

« Ce palais a été construit à la fin du XVIe siècle par le sultan saâdien Ahmed Al Mansour Addahbi. Plus de cinq cents colonnes de marbre de Carrare, une vingtaine de coupoles, une multitude de vasques au sol et à l’étage, un pavage en marqueterie de céramique, des broderies et tentures de soie aux franges calligraphiées de fil d’or... Ainsi fut décrit le palais Badiî, qui signifie 'l’Incomparable', par les chroniqueurs marocains ou les diplomates et voyageurs européens qui l’ont visité à la fin du XVIe siècle.

Ses vestiges représentent seulement la partie de réception d’un ensemble plus vaste édifié entre 1578 et 1594 sur ordre du sultan saâdien Ahmed Al Mansour. Cette partie, entièrement construite sur des galeries souterraines, apparemment pour des raisons de circulation d’eau, présentait une ordonnance symétrique marquée par quatre pavillons principaux. Le tout était disposé dans une cour immense de 135 m x 110 m. Le pavillon le plus haut, dont il reste d’imposants vestiges, attira l’attention de Fichtali, historiographe d’Al Mansour, du fait qu’il n’était porté par aucune colonne ! D’après les descriptions très détaillées du même auteur, on peut imaginer sans peine que l’art déployé au Badiî ne le cédait en rien à celui que l’on peut encore admirer au mausolée des tombeaux saâdiens, également œuvre d’al Mansour. Dans ses lignes générales, le plan semble avoir été une réplique grandiose de la cour des lions à l’Alhambra, mais la disposition des cinq bassins et des parterres fleuris est cependant originale. Originales étaient aussi les dalles portées par les colonnes et qui permettaient d’accéder aux jets d’eau. »

Amine Kabbaj cite à ce propos Hamid Triki, historien de la période médiévale qui décrit le palais Badiî en ces termes : « L’eau courante est acheminée jusqu'au hammam par des tuyaux en cuivre rouge, l’un pour l’eau froide, l’autre pour l’eau chaude. Ils sont dotés de 'robinets' qui, en un tour, livrent à volonté l’eau froide, chaude ou tiède. Ce palais est tapissé d’étoffes de soie de couleurs multiples. Des rideaux, des tentures et des tapisseries brodées d’or pendent. Les parois des koubba (pavillons) reposent sur des colonnes de marbre veiné, dont les chapiteaux sont enduits d’or fondu. Le sol est pavé de dalles de marbre blanc, dont les joints sont artistiquement surlignés en noir. L’intérieur des koubba est orné de dessins qui sont le plus souvent rehaussés d’or. Al Mansour avait invité le peuple dans son palais fortuné. On servit d’abord une première série de mets variés dans des plats de Malaga et de Valence, et dans de la vaisselle admirable venant de Turquie et d’Inde. On apporta des aiguières et des bassins, et des serviettes de lin brodées. Des coupes d’or et d’argent étaient remplies d’eau de rose et d’eau de fleur d’oranger ; on y trempait de fraîches branches de myrte avec lesquelles on aspergeait abondamment les convives. »

3. Les jardins de l’Agdal et de la Ménara, le poumon vert de Marrakech

"Ces deux jardins sont les poumons de la ville. Ils sont également structurants avec une architecture très particulière. Les jardins de l’Agdal s’étendent au sud de la médina, sur quatre cent quarante hectares. La superficie est pratiquement celle de la médina qui occupe environ six cents hectares. Entourée d’une enceinte, l’Agdal représente le prototype parfait du jardin almohade du XIIe siècle, avec ses grands bassins réservoirs, ses carrés de plantation d’oliviers et de fruitiers et, surtout, le magnifique panorama qui s’offre au visiteur, avec à l’horizon la silhouette du Haut Atlas. L’Agdal est composé de deux bassins, dont l’un possède un îlot central planté. En outre, le jardin possède un énorme bâtiment en voûtains de brique consolidés à la chaux. Le bâtiment principal sur le bassin central, pratiquement en ruine, a été totalement reconstruit."

"Le pavillon de la Ménara est un pavillon de plaisance construit en 1870 au milieu d'une des plus grandes oliveraies de la ville, et face à l'immense bassin d'époque almohade (XIIe siècle). Le pavillon est constitué de deux salles, l'une supportant l'autre. De la salle du rez-de-chaussée, on accède à une terrasse au bord du bassin. A l'étage, une loggia à balustrade en colonnettes de pierre offre une vue panoramique du site et de la ville moderne (au nord) et ancienne (à l'est). Le décor intérieur et le revêtement du sol sont volontairement sobres dans ce pavillon plutôt rustique. Les façades sont ornées de décors peints en ocre rouge sur enduit jaune de la plus pure tradition marrakchie. Du point de vue architectural, la Ménara, comme tout pavillon de plaisance, présente la particularité de n'être pas conçu autour du traditionnel patio intérieur à ciel ouvert."

4. Les Sept Saints : un récit itinérant

"Les Sept Saints de Marrakech sont disséminés dans la médina de Marrakech. Il y a même un ‘pèlerinage des Sept Saints’, dont chacun est dédié à une personnalité importante. A pied, la visite dure environ trois heures si on ne s’attarde pas dans chaque mausolée, mais on peut choisir de prendre son temps. On peut également faire ce circuit à vélo.

Ce pèlerinage permet en même temps de découvrir la médina de Marrakech, à l’intérieur et à l’extérieur de ses remparts. Chacun de ces mausolées est caractérisé par une architecture autour d’une grande salle dans laquelle est disposé le tombeau du saint. Cette salle, ou koubba, est plus ou moins haute avec un plafond en bois sculpté et peint. Les murs sont ornés de zellige traditionnel. Le plus souvent, le mausolée possède un patio attenant à cette koubba. Le patio possède une fontaine pour les ablutions.

Le cas de Abou El Abbas Essebti est particulier avec, à l'entrée, une esplanade précédée d'une allée commerciale, kissaria de Bab Taghzout, et un petit abattoir pour les dons aux nécessiteux.

Chaque saint draine aujourd’hui un certain nombre de visiteurs nationaux et internationaux, surtout de pays musulmans. Les fêtes religieuses sont des occasions de rencontre des habitués. Ces lieux ne sont pas des mosquées, on ne doit pas adresser de prière directe aux saints. Comme le dit si bien Henri de Castries, ‘la pauvre humanité sur sa planète, quelle que soit sa religion, s’est sentie et se sentira toujours éloignée de la divinité pour ne pas recourir à des médiateurs’.

Ces sanctuaires à la mémoire de ces saints hommes sont surtout des lieux de recueillement et de méditation. Ils sont gérés par des moqaddem, qui jouent un rôle important pour les visiteurs."

"Le premier saint est Sidi Youssef Ben Ali (1). Il est situé en dehors des remparts. Malheur et patience sont les objectifs qu’on peut donner à ce salih. Sa résignation et sa confiance en Dieu en feront une réplique de Job. Atteint de la lèpre, il habitait un ermitage et éprouvait les douleurs comme une faveur divine.

On quitte Sidi Youssef Ben Ali et on rentre par la porte de Bab Aghmat. Cadi Ayyad (2), de son qualificatif de cadi (juge de droit musulman), a été nommé par le gouvernement almoravide pour remplir cette fonction à Grenade. Avec l’avènement des Almohades, il exerça la fonction de cadi, mais sera exilé dans le Tadla à cause de sa position pour les habitants de Sebta."

"Pour accéder au saint suivant, on sort de la médina par la porte Bab Aylen et on y entre par la porte Bab Kechich pour longer la rue Sidi Ghanem. Vertueux par principe, notre troisième saint, Abou El Abbas Essebti (3), quitta Sebta pour Marrakech à l’avènement des Almohades. Son credo était le don, et pour lui ‘la vie de l’homme se fait pour la charité’. Jusqu'à ce jour, sa zaouïa redistribue les dons aux nécessiteux handicapés, et ce depuis le XIIe siècle. (Voir photos : Sait Abou El Abass Essebti, intérieur et extérieur)

On sort par la porte de Bab Taghzout et, non loin de là, on accède au mausolée de Sidi Ben Slimane Al Jazouli (4). Il est l’homme de Dalail Al Khairat, écrit à la gloire du prophète. On marche ensuite jusqu'à Dar El Bacha et on se dirige vers le centre de la médina pour arriver au sanctuaire de Sidi Abdelaziz Tebbaa (5), appelé aussi Sidi El Harrar, surnom lié à sa profession de marchand de soie. Natif de Marrakech, il logea à la médersa Attarine à Fès pour enseigner l’islam, et revint quelques années plus tard dans sa ville natale où il mourut.

On revient en direction de Bab Ftouh, et on accède par un dédale de ruelles à une place où est situé le saint Sidi Abdellah El Ghazouani (6), dit Moul Laksour. Il vient de la tribu des Ghezaoua. Il passa par Fès et l'Andalousie. Il revint à Marrakech pour s’initier à la discipline de Sidi Abelaziz Etebbaa. Il fonda une zaouïa dans le quartier Ksour, ce qui lui valut le surnom de Moul Laksour.

On s'achemine vers la place Jamaâ El Fna, où l'on ressort par la porte de Bab Laksour vers la Koutoubia et, plus au sud, on passe devant le tombeau de Youssef Ben Tachfin et Bab Agnaou pour sortir des remparts et accéder au dernier des Sept Saints, dans le cimetière de Bab Robb : Al Imam Assohaili (7). Ce saint, d'une vaste érudition dans les sciences de l’islam, sera engagé par le sultan almohade Abou Yacoub Youssef."

5. Le pont de l’oued Tensift : 900 ans d’histoire

« C'est une construction d'une qualité architecturale exceptionnelle. Le pont de l’oued Tensift a été construit vers 1120 par les Almoravides, et reconstruit par les Almohades en 1170. Sa longueur est d’environ 360 mètres. D’une orientation nord/sud, il dispose de 27 arches plein cintre et de 25 contreforts de chaque côté du pont.

Ce pont de 900 ans, plusieurs fois restauré, est très peu mis en valeur. Aujourd’hui, il reste stable et non menacé. Un pont parallèle a été construit en aval, il y a quelques années, 300 mètres plus à l’ouest. Ce pont almohade devrait être plus présent chez les habitants de Marrakech qui le connaissent peu, et devrait devenir une attraction touristique majeure de la ville ocre. Il mérite d’être un objet pour la connaissance de l’histoire de notre pays.

Le pont du Tensift est un élément majeur de l’histoire de Marrakech. Il a été pendant longtemps le seul lien entre la ville ocre et le nord du Royaume. Édifié d’abord par l’Almoravide Youssef, il fut reconstruit par l’Almohade Abou Yacoub, né en 1138 à Tinmel et mort le 29 juillet 1184 à Evora (aujourd’hui au sud du Portugal). Enterré à Tinmel, il a vécu 46 ans et est devenu calife à la mort de son père Abd al-Mu'min fondateur de la dynastie almohade. Il est proclamé sultan en 1163 à Séville. Il a régné pendant onze ans sur le plus grand empire qu’a connu le Royaume du Maroc. »

Et pour aller plus loin…

« Si j’ai choisi ces cinq lieux, ce n’est qu’un choix aléatoire. Cette liste n’est pas exhaustive pour les lieux emblématiques de la cité ocre. On pourrait aussi bien parler de la médersa Ben Youssef, des tombeaux saâdiens, des palais des vizirs tels que Dar Si Saïd, le palais de la Bahia et les autres maisons de notables, des fontaines telles que la fontaine 'Chrob ou Chouf' (Bois et Regarde) et celle de Mouassine, de Dar El Bacha, du souk et des kissaria, des diverses mosquées disséminées dans toute la ville et, bien sûr, de la mythique place Jamaâ El Fna.

Marrakech vit aussi de ses alentours plus ou moins proches. La ville est née de l’Atlas, avec comme première capitale la cité d'Aghmat à 35 km au sud. On peut donc aussi visiter le plateau du Yagour dans le Haut Atlas aves ses gravures rupestres, un voyage dans le temps de 5.000 ans avant J.-C., et la mosquée de Tinmel d’où sont parties les troupes almohades à la conquête de Marrakech, à leur tête Mehdi Ibn Toumert, et le Djebel Guéliz. »

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