Centenaire du lycée Lyautey : une célébration en témoignages et photographies

Cent ans après la création du lycée Lyautey, Médias24 revient sur l’histoire du plus grand établissement d’enseignement français à l’étranger, en convoquant les souvenirs de certains de ses élèves marocains ainsi que des photos d’époque.

Centenaire du lycée Lyautey : une célébration en témoignages et photographies

Le 16 mai 2022 à 19h03

Modifié 17 mai 2022 à 11h54

Cent ans après la création du lycée Lyautey, Médias24 revient sur l’histoire du plus grand établissement d’enseignement français à l’étranger, en convoquant les souvenirs de certains de ses élèves marocains ainsi que des photos d’époque.

Avec un effectif qui avoisine bon an mal an 4.000 élèves, le lycée Lyautey avait été qualifié par Maurice Schumann, ancien ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, de "plus grand lycée de l’empire spirituel de la francophonie".

Un héritage qui perdure et que Médias24 raconte à travers quelques témoignages et illustrations.

Une partie de l’intelligentsia marocaine est passée par là

Situé au cœur de la capitale économique du Maroc, cet établissement est devenu, depuis sa création en 1921 par le premier résident général du Royaume, le maréchal Hubert Lyautey, une véritable institution. En un siècle, celle-ci a vu défiler des dizaines de milliers d’élèves dont une partie importante a constitué l’intelligentsia politique, économique, artistique, intellectuelle, sportive et même militaire du pays.

Situés à l’époque de sa création au niveau du Bd du 2 Mars à la place de l'actuel Lycée Mohammed V, il a déménagé en 1963 bd Ziraoui, quartier Bourgogne, en s’installant sur les terrains des deux anciens camps militaires français Turpin et Beaulieu.

A la fin des années 1980, le nombre d’établissements français à l’étranger dépassait les 300. Rien qu’à Casablanca, le lycée Lyautey fait partie du Groupement des établissements en gestion directe de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE), pôle Casablanca-Mohammédia, qui comprend les écoles Georges Bizet, Claude Bernard, Ernest Renan, Théophile Gautier, le collège Anatole France et le groupe scolaire Claude Monet.

Au programme, cent ans de francophonie et de francophilie

Souhaitant marquer cette contribution qui scelle cent ans d’amitié entre les deux pays, son proviseur actuel, Stéphane Sachet, a consacré la journée du vendredi 13 mai à une commémoration en présence du directeur général de l’AEFE, Olivier Brochet.

Cette manifestation a permis de revenir sur le déroulé du centenaire avec de nombreuses expositions de documents et photos. Elle a mis en lumière les divers projets culturels, solidaires, pédagogiques et artistiques qui ont stimulé l’ensemble du corps enseignant et les élèves. Une célébration également festive, qui a rassemblé les différentes communautés scolaires et institutionnelles afin de promouvoir les valeurs profondes de son système éducatif que sont le partage et la solidarité.

Souvenirs de personnalités passées sur les bancs de Lyautey

Sachant qu’un article ne suffira pas à rassembler les milliers de témoignages d’anciens élèves devenus d’éminentes personnalités au Maroc ou à l’étranger, Médias24 a donné la parole à un intellectuel, deux politiciens et un homme d’affaires qui ont tous gardé d’excellents souvenirs de leur scolarité à Lyautey.

C’est le cas de l’écrivain Fouad Laroui, qui a même consacré l’un de ses nombreux romans à son passage au collège puis au lycée en tant qu’interne.

"Ayant passé près d’une décennie en tant qu’interne au lycée Lyautey, de la sixième à la préparation post-baccalauréat maths sup, maths spé, j’ai pleinement vécu ces années de scolarité, auxquelles j’ai d’ailleurs consacré un roman intitulé Une année chez les Français, qui décrit le choc de ma première année à Lyautey."

"Etant le plus grand de mes succès de librairie avec plus de 100.000 exemplaires écoulés, je pense que, sans prétention aucune, beaucoup de lecteurs en France et dans le monde francophone ont ainsi appris l’existence du lycée Lyautey grâce à moi, ou du moins à travers l’histoire véhiculée dans cet ouvrage."

"A titre personnel, j’ai gardé un excellent souvenir de mes professeurs de l’époque. En effet, l’immense majorité du corps enseignant était non seulement de grande valeur, mais aussi entièrement dévouée à sa tâche. Nos professeurs s’intéressaient beaucoup aux élèves, à qui ils prodiguaient d’excellents conseils", se remémore, non sans une certaine nostalgie, l’écrivain marocain.

Tout aussi nostalgique de ses années au collège-lycée Lyautey, Fatim-Zahra Ammor, ministre du Tourisme, de l’artisanat et de l’économie sociale et solidaire, garde "le souvenir d’un parcours jalonné de bons moments, d’amitiés sincères mais aussi d’ambiance studieuse".

"Nous avions en effet ce bel équilibre entre apprentissage et amusement. Selon moi, c’est essentiel lorsque l’on veut aimer ce que l’on fait."

"Avec le recul, j’espère véritablement que ces 100 ans marqueront le départ d’un nouveau cycle qui mettra encore plus la femme au premier plan des responsabilités, de l’action et du changement", a déclaré la ministre, laissant entendre que la clé de la réussite actuelle et passée réside dans l’égalité de genre.

Même vague à l’âme pour l’ancien secrétaire général du PPS, Moulay Ismaïl Alaoui, qui nous confie en avoir gardé d’excellents souvenirs.

"Si je n’ai passé qu’une année scolaire au sein de Lyautey, mon passage m’a toutefois beaucoup marqué parce qu’il a coïncidé avec l’assassinat du leader congolais Patrice Lumumba, qui a eu lieu en 1961. A ce propos, je me rappelle très bien avoir dû quitter en cachette l’enceinte du lycée pour rejoindre les rangs de la manifestation de protestation populaire contre les commanditaires impérialistes, car nos surveillants avaient essayé de nous en empêcher", tient à rappeler celui qui se voulait déjà militant, avant de prendre sa carte chez son camarade Ali Yata.

De son côté, le directeur général du groupe Balima, Louis-Bernard Lechartier, se souvient avoir été impressionné, dès sa première rentrée en sixième, par le nombre extrêmement important d’élèves, près de 4 500 à l’époque contre 3.700 aujourd’hui.

"A l’entrée en sixième, le choc avait été difficile à mon arrivée, mais je suis sorti endurci après le baccalauréat. En effet, avec le recul, cet effectif permettait d’obtenir une incroyable diversité d’horizons, de cultures, de nationalités et de religions qui a constitué une très bonne préparation à l’ouverture d’esprit. Tout cela nous a permis de nous préparer à affronter la vie active", estime le directeur général du groupe côté en bourse.

 Le lycée Lyautey en 1950

Le lycée de Casablanca est construit en 1921. Il devient le "lycée Lyautey" en 1925. Il est délimité par le parc Murdoch et l’avenue rebaptisée Pierre Simonet - aujourd’hui "Avenue du 2-Mars" - en hommage à ce professeur mort en héros durant la Seconde Guerre mondiale.

Doté d’un internat, il réunit des élèves du primaire aux classes préparatoires. En 1954, des bâtiments supplémentaires accueillent des effectifs renforcés par l’admission grandissante d’élèves marocains.

© Editions Photo Flandrin.

Le lycée Lyautey en 1922

Construit à proximité du centre urbain, le lycée des garçons de Casablanca, futur lycée Lyautey, remplace les baraques du "lycée en planches".

L'architecte Pierre Bousquet a dessiné ses dix pavillons. A la demande du résident général Lyautey, celui-ci s’est inspiré de l’architecture traditionnelle marocaine et des conceptions hygiénistes de l’époque.

© Photos-Coutanson, Casablanca.

Une classe au lycée Lyautey en 1934

Après avoir ouvert ses portes en 1921 sur la colline de Mers Sultan, le lycée de Casablanca, devenu, on le rappelle, Lyautey en 1925, était destiné aux Européens, surtout Français, Espagnols et Italiens.

Il a néanmoins accueilli quelques élèves marocains juifs et musulmans qui étaient auparavant inscrits dans des établissements dits "franco-musulmans", où l’enseignement de l’arabe était renforcé.

© Photos-Coutanson, Casablanca.

Classe préparatoire au lycée Lyautey en 1956

De 1933 à 1953, le lycée Lyautey fut doté de plusieurs classes préparatoires aux grandes écoles (mathématiques supérieures et spéciales, lettres, économie, sciences, agronomie, études vétérinaires).

Une classe de mathématiques élémentaires existait aussi au Lycée de jeunes filles.

L’enseignement technique comprenait une classe préparatoire aux écoles d’ingénieurs. Après l’Indépendance, le lycée a pris le nom de Mohammed V et a conservé plusieurs classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) jusqu’à aujourd’hui.

© CEA

Le nouveau lycée Lyautey

Après l’Indépendance, le lycée Lyautey a dû être être remis à l’Etat marocain. Il deviendra le lycée public Mohammed V.

Un nouvel établissement français a donc été construit sur l’ex-terrain militaire Turpin, boulevard Ziraoui. Les travaux ont duré de 1960 à 1962.

Nommé dans un premier temps "Ensemble scolaire Eugène Delacroix", le site a repris l’appellation "lycée Lyautey" lors de son inauguration en 1963, à la suite de la demande d’associations d’anciens élèves.

© CIFM

Une classe du lycée Lyautey dans les années 1970

Le nouveau lycée Lyautey, situé sur le boulevard Ziraoui, est inauguré en 1963. Dès la fin de la décennie, la mixité entre filles et garçons devient la règle.

Dans les années 1970, les élèves marocains ou binationaux commencent à être plus nombreux dans les effectifs que ceux qui détiennent uniquement la nationalité française ou une autre nationalité européenne. Cette tendance va d’ailleurs se renforcer davantage dans les années 1980 et les suivantes.

© JAUSON

Remise des prix au lycée Lyautey

La remise annuelle des prix était un événement important auquel participaient plusieurs personnalités françaises et marocaines. Ici, la lauréate est soit étudiante en classe préparatoire, soit scolarisée au Lycée de jeunes filles.

© CEA

Chambre d’internat au lycée Lyautey

Plutôt spartiate, l’internat du lycée Lyautey est constitué de grandes salles où chaque pensionnaire dispose d’un box séparé de celui de son voisin par une cloison haute de moins de deux mètres et d’un lit métallique. Cependant, certains peuvent bénéficier d’une chambre ménageant davantage d’intimité, comme on le voit sur la photo.

© Editions Photo Flandrin.

 

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