Fitch Ratings maintient sa note « BB+ » sur la dette souveraine marocaine
Dans un communiqué diffusé le 13 mai dernier en fin de journée, l’agence de notation Fitch a de nouveau confirmé la note souveraine du Maroc à « BB+ » avec une perspective stable, identique à ce que l’agence avait annoncé fin décembre 2021.
Pour rappel, le 28 avril 2020, cette agence avait maintenu la note du Maroc à BBB- avec perspective négative au lieu de stable auparavant. Le 23 octobre, la note était dégradée de BBB- à BB+, faisant ainsi perdre au Maroc son investment grade.
Dans son communiqué, Fitch a relevé la conjoncture économique complexe que traverse le Maroc, notamment avec la sécheresse et la baisse attendue du PIB agricole en 2022 après un bon rebond en 2021. Cependant, elle note que le pays conserve de bons fondamentaux macroéconomiques pour faire face aux difficultés. « Le Maroc dispose d’une composition favorable de la dette, y compris une part modérée de devises étrangères dans la dette totale des administrations publiques et le soutien des créanciers officiels » explique Fitch.
L’agence note également que le royaume détient des coussins de liquidité externes raisonnablement confortables et que le bilan macroéconomique national est stable « reflété par une inflation et une volatilité du PIB relativement faibles avant la pandémie » précise Fitch. Néanmoins, Fitch note que cela est contrebalancé par « la faiblesse des indicateurs de développement et de gouvernance, une dette publique élevée et des déficits budgétaires et courants plus importants que ceux des pairs ».
L’agence de notation s’attend à une croissance économique faible dans un contexte inflationniste qui devrait continuer de s’accentuer d’ici la fin de l’année.
Croissance poussive et inflation attendue à 4,7% en 2022
Cette année, Fitch anticipe une croissance globalement molle en 2022 à 1,1%. Les prévisions de l’agence de notation sont notamment basées sur le fait que le pays traverse « la pire sécheresse depuis des décennies, entraînant une contraction de la production agricole, et de l'environnement international défavorable » précise Fitch.
Cette dernière devrait remonter à 3% en 2023 « reflétant l'amélioration des précipitations, la reprise du secteur du tourisme et les solides performances industrielles » note Fitch. Cette année, la poursuite d’une politique monétaire accommodante est également attendue pour soutenir la reprise. Les perspectives de croissance pourraient être cependant revues à la baisse si les perturbations des chaînes d’approvisionnement et les répercussions de la guerre en Ukraine s’accentuent ou se prolongent dans le temps.
Le pays, comme de nombreuses économies dans le monde fait également face à une inflation grandissante. « En 2021, l'inflation était en moyenne de 1,4 %. Au T1-2022, l'inflation s'est accélérée à 4 % en glissement annuel en moyenne, reflétant la hausse des prix de l'alimentation, de l'énergie et des transports » note l’agence de notation. Cette année, elle prévoit une inflation moyenne à 4,7% avant de reprendre un niveau plus normatif à 2% d’ici l’année prochaine. Si la banque centrale a décidé en mars dernier de maintenir son niveau de taux directeur à 1,5%, le contexte inflationniste pourrait, s’il se dégrade davantage, amener Bank Al Maghrib à durcir sa politique, souligne Fitch.
Des finances publiques sous pression et un déficit budgétaire attendu à 6,6% du PIB
L’agence de notation note qu’en 2021, le déficit budgétaire s’est amélioré par rapport à 2020. En effet, il a baissé à 6% du PIB contre 7,6% à fin 2020. Cette année, ce dernier devrait repartir à la hausse. « Nous prévoyons que les pressions sur les dépenses liées aux problèmes sociaux, combinées aux fluctuations des prix mondiaux des matières premières et à la sécheresse, pèseront sur les finances publiques en 2022 » explique Fitch.
Un déficit budgétaire à 6,6% du PIB est anticipé par l’agence américaine en 2022 avant de revenir à 6% du PIB en 2023. Il sera notamment tiré par la hausse des dépenses de subvention pour lutter contre la hausse des prix, notamment envers le gaz et l’alimentation. Le poids de ces dernières devrait d’ailleurs passer de 1,1% du PIB en 2021 à 2,6% du PIB en 2022. A cela devrait s’ajouter une hausse des dépenses énergétiques. Fitch rappelle que le Maroc importe 90% de ses besoins. « Les importations d'énergie ont représenté en moyenne 6,3% du PIB par an sur la période 2017-2021. Nous prévoyons une facture énergétique plus élevée en 2022 » précise l’agence.
« Une partie de cela sera compensée par une augmentation des recettes de TVA, d'importation et d'impôt sur les sociétés en raison de la forte inflation » précise cependant Fitch. Elle explique que le ralentissement de l’activité économique entraînera une augmentation de la dette de l’Etat à 79% du PIB en 2022 et 81,6% en 2023 contre 74,2% en 2021. « Nous prévoyons que la dette sera globalement stable à partir de 2023. Cependant, la flexibilité du financement budgétaire est étayée par l'accès à une large base d'investisseurs nationaux et un solide soutien des créanciers publics » conclut l’agence tout en rappelant que la composition de la dette limitait les risques de change. En effet 77% de la dette était libellée en dirhams à fin 2021.
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