Voici les prévisions de BAM pour l’économie en 2022 et 2023

| Le 22/6/2022 à 18:58
Le Maroc devrait encore demeurer fortement exposé à l’inflation cette année, avec un taux attendu à 5,3%, principalement appuyé par la composante sous-jacente, avant de redescendre à 2% l’an prochain. 

La seconde réunion du conseil de Bank Al-Maghrib (BAM) s’est tenue le 21 juin. Le conseil a analysé l’évolution du climat économique international, marqué par l’inflation, le resserrement des politiques monétaires et la détérioration globale des perspectives économiques.

La Banque centrale a également dressé ses perspectives en 2022 et 2023 concernant l’économie marocaine, qui n’échappe pas à la tendance mondiale. Après une année de rattrapage économique notable en 2021, avec un PIB en hausse de 7,9%, l’économie devrait connaître un fort ralentissement cette année.

Selon BAM, le PIB devrait afficher une croissance molle de 1% cette année, "reflétant une baisse de 15% de la valeur ajoutée agricole tenant compte d’une récolte céréalière de 32 MQx, et une hausse de 3,8% de la valeur ajoutée des activités non agricoles". Cela représente une baisse de 69% de la production céréalière par rapport à 2021, causée par les conditions climatiques défavorables. Mais cette année, les activités non agricoles, notamment tertiaires, devraient connaître une croissance plus prononcée que prévu. "Elles devraient progresser de 3,8% au lieu des 3% attendus en mars et ce, en dépit d’une décélération de la demande étrangère", note BAM.

La Banque centrale anticipe une hausse de la croissance économique en 2023 à 4%. Cette hausse proviendrait principalement "d’un effet de base de 12,9% de la valeur ajoutée agricole, sous l’hypothèse d’un retour à une production céréalière moyenne à 75 MQx".

L’une des autres composantes clés ayant un impact sur l’économie nationale n’est autre que l’inflation, qui perdurera cette année et demeure toujours principalement importée. La composante inflationniste a en effet affecté toutes les économies du monde depuis le début de l’année. Elle a majoritairement été conduite par la hausse des matières premières, notamment le baril de Brent qui, en mai, a grimpé de 6,2% d’un mois sur l’autre à 112,37 dollars le baril.

Au Maroc, l’impact est bien là et s’est accéléré depuis le début de l’année. "L’inflation s’est sensiblement accélérée en avril pour atteindre son niveau le plus élevé depuis octobre 1995, soit 5,9%, après 4% en moyenne au cours du premier trimestre de l’année. En plus du renchérissement des carburants et lubrifiants, cette accélération est attribuable à l’accentuation de l’inflation sous-jacente qui s’est établie à 5,5% après 4,4%, portée exclusivement par l’envolée des prix de sa composante échangeable, en particulier alimentaire", précise BAM.

Au T2-2022 l’inflation devrait atteindre 5,7% contre 4% au T1-2022. Sur l’ensemble de l’année, une inflation de 5,3% devrait être observée avant de redescendre à 2% en 2023.

Cette année, la dynamique inflationniste devrait être conduite par les contraintes logistiques mondiales toujours présentes et la hausse des prix alimentaires, poussées par les restrictions d’exportations de pays comme l’Inde ou la Malaisie.

Exportations et importations en hausse en 2022, accalmie en 2023

A fin avril, les exportations marocaines affichent une croissance de 34,2% à 139 MMDH. Une hausse qui a principalement été tirée par l’amélioration des exportations de phosphates, dont la valeur s’est fortement appréciée. "La hausse des exportations a été tirée principalement par les progressions de 98,6% des ventes du phosphate et ses dérivés, de 15,4% des expéditions du secteur "agricole et agro-alimentaire", de 33,6% des exportations du secteur du "textile et cuir" et de 12,9% des ventes du "secteur automobile"", note BAM.

Cette tendance haussière des exportations devrait se poursuivre sur le reste de l’année. La Banque centrale table sur une hausse annuelle de 22%. "Les exportations afficheraient une augmentation de 22% en 2022, tirées essentiellement par les expéditions du phosphate et dérivés et les ventes de la construction automobile", explique BAM. La quasi-stagnation qui devrait être observée en 2023 proviendrait d’une hausse des ventes de la construction automobile, associée à une baisse des expéditions de phosphates.

Les importations, quant à elles, ont également connu une hausse notable à fin avril. Elles ont d’ailleurs augmenté plus fortement que les exportations sur la période avec un renchérissement de 37,2%.

BAM note que "pour ce qui est des importations, leur augmentation reflète essentiellement l’alourdissement de la facture énergétique à 43,8 milliards ainsi que les accroissements de 53% des achats de demi-produits et de 72,6% des produits bruts". Sur l’année 2022, elles devraient afficher, selon les prévisions de Bank Al-Maghrib, une hausse de 24,2%, principalement causée par le renchérissement de la facture énergétique. La facture annuelle énergétique du Maroc devrait afficher une hausse de 61,6% en 2022.

En 2023, la hausse des importations devrait se limiter à 0,3%, "sous l’effet notamment de l’augmentation de 7,8% de celles de biens de consommation et d’un allégement de 9,2% de la facture énergétique à 111,2 milliards de dirhams".

Parallèlement, les recettes de voyages devraient afficher une hausse de 58% à 54,3 MMDH en 2022, avant de passer à 70,3 MMDH en 2023. Les transferts de RE devraient quant à eux afficher un retour à la normale cette année, avec un affaissement de 6,8% à 87,3 MMDH pour atteindre 84 MMDH en 2023. "Dans ces conditions, le déficit du compte courant se creuserait à 4,9% du PIB en 2022, après 2,3% en 2021, avant de s’alléger à 3,8% en 2023", explique BAM.

Un léger alourdissement du déficit budgétaire attendu en 2022 avant une baisse en 2023

En termes de finances publiques, l’année 2022 devrait, selon les projections de BAM, se clôturer avec un déficit budgétaire de 6,3%, en hausse par rapport à l’année 2021 où il était de 5,9%. Une dégradation qui provient notamment de l’alourdissement de certaines charges de l’Etat dans le cadre inflationniste actuel. "Ce résultat tient compte d’un rebond de la charge de compensation sous l’effet des nouvelles hypothèses relatives aux cours du gaz butane et de change, d’une progression de la subvention du blé tendre ainsi que des réalisations budgétaires à fin avril 2022", souligne BAM.

D’une année sur l’autre, la Banque centrale anticipe une charge de compensation à 35,1 MMDH à fin 2022, soit une hausse de 60,7% par rapport à 2021.

En 2023, ce dernier devrait redescendre à 5,6% dans un contexte d’amélioration de recettes fiscales. "En 2023, les mesures issues du dialogue social devraient se traduire par un accroissement de la masse salariale et des dépenses des autres biens et services. Concernant la charge de compensation, elle a été également revue à la baisse, reflétant les nouvelles hypothèses des cours du gaz et de change", précise la Banque centrale.

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