Droits de l'Homme: Bachelet ne briguera pas de second mandat à l'ONU

(AFP)

Le 13 juin 2022

La Haute-commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Michelle Bachelet a annoncé lundi qu'elle ne briguerait pas de second mandat à son poste, très exposé, pour passer du temps avec sa famille et dans son pays, le Chili.

Mme Bachelet a créé la surprise dès l'ouverture de la 50ème session du Conseil des droits de l'homme. "Alors que mon mandat de Haute-commissaire arrive à son terme, cette 50e session du Conseil sera la dernière à laquelle je m'exprimerai", a lancé l'ancienne présidente du Chili, âgée de 70 ans.

Le secret sur ses intentions avait été jusque-là bien gardé. Lors d'un bref point de presse, Mme Bachelet a précisé avoir informé son "patron" Antonio Guterres, Secrétaire général de l'ONU, de sa décision il y a deux mois.

"Il voulait que je reste mais (...) je ne suis plus une jeune femme et après une longue et riche carrière, je veux retourner dans mon pays, dans ma famille", a-t-elle expliqué.

Le poste de Haut-commissaire aux droits de l'Homme est généralement soumis à de fortes pressions politiques et presque tous ses prédécesseurs ont évité de faire un second mandat.

Michelle Bachelet, la première femme présidente du Chili, victime de la torture, a été nommée Haute-commissaire en 2018 et son style basé sur le dialogue a marqué une claire rupture avec son prédécesseur, le Jordanien Zeid Ra'ad Al Hussein.

"Continuez à chercher le dialogue", a-t-elle lancé au Conseil, avant d'insister: "Soyez prêts à écouter l'autre, à comprendre les points de vus respectifs et à travailler activement à trouver un terrain d'entente."

- Epine chinoise -

L'ancienne présidente a été soumise à de sévères critiques ces derniers mois par les Etats-Unis mais aussi d'importantes organisations de défense des droits de l'Homme comme Human Rights Watch ou Amnesty International qui lui reprochent de ne pas être assez ferme face aux violations des droits de l'homme en Chine, notamment lors de sa visite dans ce pays, la première d'un Haut-commissaire depuis 2005.

"Cela n'a rien à voir" avec sa décision de ne pas briguer un second mandat, assure Mme Bachelet.

Si "j'écoute toujours quand les gens nous critiquent", ce "n'est pas cela qui me fait adopter certaines positions", a-t-elle insisté.

Elle a aussi promis que le rapport de l'ONU sur les violations des droits de l'homme au Xinjiang - où vivent les Ouïghours persécutés par Pékin - serait publié avant son départ le 31 août. De nombreux pays le réclament à cor et à cri.

Mme Bachelet a indiqué qu'elle le partagerait d'abord avec les autorités chinoises, comme le veut la tradition.

"J'ai toujours souligné l'importance du dialogue dans mes interactions avec tous les pays membres, y compris sur les sujets les plus difficiles", a-t-elle expliqué au Conseil.

- Détention et torture -

Née le 29 septembre 1951 à Santiago, Michelle Bachelet a passé son enfance à sillonner le Chili au gré des mutations de son père, pilote de l'armée de l'air. En 1970, elle entame des études de médecine et entre aux Jeunesses socialistes.

Le 11 septembre 1973, date du coup d'Etat d'Augusto Pinochet, son père, est arrêté. Il mourra six mois plus tard en détention, torturé par ses pairs.

La mort d'Alberto Bachelet marquera à jamais la vie de sa fille, qui voudra toujours se montrer à la hauteur de ce père aimé et admiré.

Elle poursuit ses études de médecine mais en janvier 1975, elle est arrêtée avec sa mère par les services secrets, qui les conduisent au centre de détention de la Villa Grimaldi, où les deux femmes sont torturées.

Elle sera deux fois présidente de son pays.

Après un premier mandat (2006-2010) achevé avec une popularité record, Mme Bachelet n'avait pu immédiatement se représenter, la Constitution interdisant d'exercer deux mandats consécutifs.

Nommée directrice exécutive de l'ONU Femmes, elle avait alors quitté Santiago pour New York.

Elle a ensuite fait un second mandat (2014-2018) à la présidence chilienne au cours duquel elle a bousculé une société réputée très conservatrice par une série de réformes progressistes, dont l'adoption du mariage homosexuel et la dépénalisation de l'avortement, jusque-là interdit.

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Le 13 juin 2022

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