En Equateur, Leonidas Iza, l'indigène au poncho rouge qui défie le gouvernement

(AFP)

Le 24 juin 2022

Obstiné, le verbe haut et toujours enveloppé dans son poncho rouge, Leonidas Iza a forgé son leadership dans le feu des manifestations indigènes de 2019, qui firent onze morts et plus d'un millier de blessés en Equateur. Aujourd'hui, il est de retour dans la rue, à la tête d'une mobilisation massive qui accule le président Guillermo Lasso.

Soit le président conservateur accepte de mettre en oeuvre les mesures exigées par le mouvement autochtone pour alléger le coût de la vie -qui frappe durement les communautés rurales-, soit lui et son peuple resteront à Quito, une ville semi-paralysée depuis plus d'une dizaine de jours par les manifestations.

"Si (l'exécutif) ne résout pas ce problème, des fleuves de personnes continueront à affluer dans la capitale", a défié M. Iza, à la tête d'une armée de près de 14.000 hommes et femmes capables, lances et bâtons à la main, de faire trembler un gouvernement.

Iza, 39 ans, est un Kichwa du peuple Panzaleo, vivant dans les provinces de Cotopaxi et Tungurahua, au cœur des Andes équatoriennes.

Son poncho rouge, son feutre noir, sa longue tresse brune qui lui tombe dans le dos et son verbe enflammé le distinguent parmi tous les indigènes. Têtu et obstiné, Iza est accusé par le gouvernement d'être un "anarchiste", mais son peuple voit en lui un représentant fidèle et charismatique de ses causes.

"Tout gouvernement qui arrive va devoir composer avec la position du mouvement indigène et des secteurs populaires", a-t-il déclaré à l'AFP avant l'élection présidentielle de 2021.

- "Communisme indo-américain" -

Leonidas Iza veut redonner aux peuples indigènes le pouvoir des temps passés, lorsque, par leurs soulèvements populaires, ils renversaient les présidents. Ses références sont Dolores Cacuango et Transito Amaguaña, pionniers de la lutte pour les droits des indigènes au milieu du XXe siècle.

Le jeune leader, seul d'une fratrie de huit enfants à avoir étudié à l'université, a dirigé le Mouvement indigène et paysan de Cotopaxi (MICC). Cela l'a conduit en 2021 à candidater, avec deux autres Kichwas, pour la présidence de la Confédération des nationalités indigènes (Conaie), fer de lance des manifestations.

Son rôle dans les manifs de 2019 fut essentiel. Cet "octobre noir" -comme le déplorent les classes moyennes et supérieures de Quito- est raconté par Iza lui-même dans un livre qu'il a coécrit, "Estallido" (Eclat).

L'ouvrage, un plaidoyer anticapitaliste, résume le discours du leader indigène, son "communisme indo-américain ou barbarie", selon sa propre-expression.

Iza, né dans la communauté de San Ignacio, dans le Cotopaxi (sud), doit son âme de guerrier à sa mère. "Ma mère Rosa Elvira (Salazar) avait un esprit rebelle", a-t-il conté dans une interview. "Elle était toujours dans les actions communautaires, dans les mobilisations". Du coté de son père, il dit avoir hérité une "honnêteté à toute épreuve".

Le militantisme a été la force motrice d'Iza, dont l'épouse est enseignante dans une école communautaire.

Il a longtemps été membre d'organisations et associations liées à l'Eglise catholique, avant de diriger l'Union des organisations paysannes du Nord Cotopaxi (Unocan).

Après les manifestations de 2019, son nom a été mentionné comme l'un des candidats à la présidence du parti indigène Pachakutik. Le candidat à la présidentielle de 2021 sera finalement Yaku Pérez, arrivé troisième au premier tour avec 19,39% des voix, et éliminé de justesse par le candidat Lasso (19,74%).

Le puissant mouvement indigène équatorien, qui représente un million des 17,7 millions d'habitants du pays, a ainsi frôlé le pouvoir, contribuant sans doute à la frustration politique des indigènes du pays.

Dans une récente interview à l'AFP, Iza, qui se pose en "défenseur des campagnes", a affirmé qu'"ils sont en train de casser les agriculteurs" et a proposé de réduire les projets pétroliers pour faire du pays une puissance agricole.

Selon lui, "si nous parvenions à réorganiser la capacité productive nationale (...) nous pourrions nourrir une partie du monde".

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Le 24 juin 2022

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