La candidate de gauche Xiomara Castro en passe de devenir la première présidente du Honduras

(AFP)

Le 29 novembre 2021

La candidate de gauche Xiomara Castro était en passe lundi de devenir la première femme présidente du Honduras après avoir pris une large avance sur le candidat du parti au pouvoir, selon les résultats partiels actualisés de l'élection.

L'avance de Mme Castro, 62 ans, est "irréversible", a assuré à l'AFP un ancien président du Tribunal national électoral (TNE), Augusto Aguilar.

Selon son analyse après le dépouillement de 51,45% des votes, Mme Castro est assurée de l'emporter avec 53,61% des voix face à M. Nasry Asfura du Parti National (PN, droite), dauphin du président sortant Juan Orlando Hernandez, qui recueille 33,87% des suffrages.

L'ancien président du TNE assure que l'écart entre les deux candidats "est inédit dans l'histoire" électorale du Honduras et les résultats partiels portent "sur tout le pays, pas seulement sur une niche".

Dès dimanche soir, Xiomara Castro, épouse de l'ancien président Manuel Zelaya renversé en 2009 par un coup d'Etat, avait revendiqué la victoire. "Nous avons gagné !", avait-elle lancé devant ses partisans réunis au siège de son parti LIBRE.

Dans ce pays d'Amérique centrale de 10 millions d'habitants, en proie à la violence des trafiquants de drogue qui ont étendu la corruption jusqu'au plus haut niveau de l'Etat, la participation s'est établie à un niveau "historique" dépassant les 60%, selon le Conseil National électoral (CNE).

L'ancienne Première dame a promis dès dimanche soir de "former un gouvernement de réconciliation" et d'instaurer une "démocratie participative". "Je tends la main à mes opposants, car je n'ai pas d'ennemis", a-t-elle dit en promettant de chasser "la haine, la corruption, le trafic de drogue, le crime organisé..."

- "Besoin de changement" -

Le candidat du Parti National, Nasry Asfura, s'est engagé à respecter le résultat du vote et a demandé que ne coule "pas une goutte de sang".

Les manifestations de joie à l'annonce de l'avance de Mme Castro, dans la nuit, sont restées pacifiques.

"Cette tranquillité, nous la devons à ce résultat clair, mais il nous manque encore beaucoup de maturité démocratique", estime auprès de l'AFP le sociologue Eugenio Sosa, professeur à l'Université nationale: "S'il n'y avait qu'une différence d'un ou deux points, nous serions dans un contexte différent, compliqué".

Les autorités avaient mobilisé 42.000 militaires et policiers pour surveiller le vote et parer à des troubles éventuels. Outre leur président, les électeurs devaient élire députés et maires.

Le Honduras est dirigé depuis plus de dix ans par le Parti National, sous la férule de Juan Orlando Hernandez, soupçonné par les Etats-Unis d'être impliqué dans le trafic de drogue.

"Nous avons besoin d'un changement, même si c'est douloureux. Il y a tellement de pauvres, de souffrance", témoigne Hermer Sorto Paz, prêtre du village touristique de Santa Lucia, à une dizaine de kilomètres de Tegucigalpa.

Sentant le vent tourner, le PN avait durci le ton de sa campagne, traitant la dirigeante de LIBRE de "communiste" et vilipendant ses propositions de légalisation de l'avortement et du mariage homosexuel.

- Pauvreté et corruption -

En 2013, M. Hernandez avait battu d'une courte tête Xiomara Castro puis avait passé outre la Constitution pour se présenter à un second mandat en 2017. Sa douteuse réélection sur le fil face à la star de la télévision Salvador Nasralla avait déchaîné de violentes manifestations.

Si sa victoire est confirmée, Mme Castro va devoir gouverner un pays meurtri par la violence des gangs, le trafic de drogue et deux ouragans dévastateurs en 2020, avec 59% de la population vivant dans la pauvreté.

Chaque année, des dizaines de milliers de Honduriens tentent de rejoindre le million de leurs compatriotes ayant fui la violence et la misère, dans leur écrasante majorité aux Etats-Unis.

Le chômage a presque doublé en un an en raison notamment de la pandémie de coronavirus, passant de 5,7% en 2019 à 10,9% en 2020.

Avec un taux d'homicides de 37,6 pour 100.000 habitants en 2020, le Honduras est en outre un des pays les plus dangereux au monde (hors zones de conflit).

"Que (les politiques) respectent leurs promesses", souhaite Abril Moncada, étudiante de 30 ans qui a voté dans un quartier de la classe moyenne de Tegucigalpa. "La corruption... Il y en aura quel que soit celui qui sera élu", se résigne José Zelaya, 45 ans.

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Le 29 novembre 2021

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