L'administration Biden se trouve démunie face à l'inflation

(AFP)

Le 1 juin 2022

L'administration Biden tente d'inverser la vapeur sur l'inflation, qui semble incontrôlable, afin de regagner un peu de popularité à quelques mois des élections de mi-mandat, mais ses leviers sont en réalité très réduits.

"Il n'y a pas grand-chose que l'administration puisse faire directement pour combattre l'inflation", a ainsi expliqué à l'AFP Gregory Daco, économiste en chef d'EY-Parthenon.

Joe Biden s'en remet désormais notamment à la banque centrale américaine, la Fed, dont la mission est à la fois de contrôler les prix et assurer le plein emploi. Son président Jerome Powell a ainsi été reçu mardi à la Maison Blanche, en présence de la ministre de l'Économie et des Finances, Janet Yellen.

Cette rencontre "est plus un symbole que l'administration a conscience que l'inflation affecte de nombreux ménages aux États-Unis et c'est un fléau qu'il faut résoudre de manière urgente", souligne Gregory Daco.

Mais cela signale aussi que "l'administration n'a pas le pouvoir de limiter l'inflation de manière directe", a ajouté l'économiste.

La Maison Blanche, qui a longtemps assuré que l'inflation était temporaire, a annoncé un plan pour accélérer les constructions de maisons afin de rendre le logement plus abordable. Elle a aussi décidé de puiser dans les réserves stratégiques pour contenir la flambée des prix de l'essence.

D'autres mesures nécessitent, elles, un improbable feu vert du Congrès. Comme augmenter les impôts des Américains les plus riches et des multinationales, avait ainsi avancé Joe Biden dans une tribune publiée lundi dans le Wall Street Journal.

Ou encore réduire le coût de la garde des jeunes enfants pour permettre à de nombreuses mères de famille de rejoindre le marché du travail. Une pénurie de main d'œuvre pousse en effet les employeurs à augmenter les salaires, ce qui contribue à alimenter l'inflation.

– Réduire les coûts –

"La plupart" des mesures mises en avant par Joe Biden dans cette tribune "nécessitent soit que le Congrès adopte une législation (bonne chance!), soit ce sont des politiques qui seront peu efficaces pour réduire l'inflation à court terme", relève dans un billet l'économiste Stephanie Kelton, professeure à l'Université Stony Brook.

L'inflation a un peu ralenti en avril, mais reste proche de son plus haut niveau en 40 ans, à 8,3% selon l'indice CPI.

Une autre mesure serait de réduire les droits de douane sur des centaines de milliards de produits chinois, ce que la Maison Blanche hésite à faire dans un contexte de tensions diplomatiques avec Pékin.

À défaut d'avoir une réelle marge de manœuvre sur la trajectoire des prix, l'administration joue à présent la carte de la communication.

"Le président a souligné son intention de faire tout ce qu'il peut pour réduire les coûts auxquels les Américains sont confrontés pour des postes importants de leur budget", a déclaré Janet Yellen mercredi sur CNBC.

La secrétaire au Trésor a ainsi évoqué "les médicaments sur ordonnance, les factures de services publics, les choses où le président, seul ou avec le Congrès, peut faire une différence".

Mardi, elle a aussi fait son mea culpa, reconnaissant n'avoir pas su anticiper la vigueur ni la persistance de l'inflation.

– Ralentissement économique –

Le principal conseiller économique de Joe Biden, Brian Deese, s'était exprimé mardi devant les journalistes lors du point presse quotidien de la Maison Blanche, assurant que le président a conscience "qu'en ce moment, les prix sont la principale préoccupation des gens – les prix à la pompe, les prix à l'épicerie".

Ce sujet est sa "principale priorité économique", a-t-il assuré, estimant que "nous pouvons effectuer cette transition vers une croissance stable sans sacrifier tous ces progrès économiques si nous prenons les bonnes décisions".

La Fed a commencé en mars à relever ses taux directeurs, pour rendre le crédit plus onéreux et ralentir la demande. Et les craintes grandissent désormais, de voir un ralentissement de la croissance économique, voire une récession accompagnée d'une augmentation du taux de chômage.

Pour Gregory Daco, ce scenario est inévitable : "ce ralentissement économique est voulu, et est même désiré et souhaitable, puisque sans ce ralentissement économique, il est peu probable que l'inflation diminue".

Avoir entamé ce mouvement plus tôt aurait sans doute réduit le risque de récession, mais "on aurait probablement vécu un ralentissement économique plus rapide, on aurait eu moins de croissance que ce qu'on a aujourd'hui", estime-t-il.

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Le 1 juin 2022

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