Ahmed Faouzi

Ancien ambassadeur. Chercheur en relations internationales.

Ukraine, des civils pris dans la tourmente de la guerre

Le 7 avril 2022 à 14h23

Modifié 7 avril 2022 à 15h20

La prospérité, la croissance et l’entente entre les peuples ne peuvent s’épanouir qu’en temps de paix et de concorde entre nations. Dès le déclenchement d’une guerre, comme celle qui se déroule en Europe entre l’Ukraine et la Russie, les civils sont les premiers à en subir les conséquences. Soudain, la vie est chamboulée et tout s’arrête. On ne se rend plus à son travail, les enfants ne vont plus à l’école, tout le pays bascule soudainement vers l’enfer.

Les habitants des banlieues de Kiev, en Ukraine, ont payé cette semaine le prix fort de la guerre par un massacre sans motif. Au moins 400 victimes ont été découvertes après le retrait des troupes russes de cette ville. Certaines avaient les mains ligotées lors de leurs froides exécutions. Ceci sans compter la destruction des infrastructures de la ville, utiles à la population civile en temps de guerre. Les occidentaux accusent les troupes russes, et ces derniers crient à la manipulation. Il n’y a pas de guerre propre.

Les attaques subies par les civils dans d’autres villes ukrainiennes ont eu aussi des conséquences désastreuses. Dans la ville de Marioupol, des attaques ont fait des centaines de victimes et détruit 90% des infrastructures, dont 40% sont irrécupérables. C’était aussi le sort réservé aux villes de Kiev et de Kharkiv entre autres où des femmes enfants et vieillards ont fui les combats. Plus de quatre millions de personnes ont quitté l’Ukraine en direction des pays voisins notamment vers la Pologne et la Roumanie.

Les pays occidentaux ont été les premiers à dénoncer ces crimes de guerre, et à réclamer une enquête indépendante tout en renforçant les sanctions économiques contre Moscou. Mais les russes, peu soucieux de ces gesticulations, continuent leur œuvre sans en tenir compte. La vie des civils qui, hier vaquaient à leurs occupations, a été complètement chamboulée. Les activités économiques du pays sont réduites à néant, et les écoles et universités ont été fermées.

Craignant pour leur sécurité, les civils ukrainiens ont été nombreux à quitter leurs lieux par trains, en voitures, et parfois à pied vers les pays voisins, fuyant ainsi les horreurs de la guerre. Ils ont choisi l’exil pour trouver un semblant de paix et de tranquillité pour eux et pour leur progéniture. Ceux en âge de combattre ont déjà rejoint l’armée suite à l’appel lancé par le président Volodymyr Zelenski. Celui-ci a décrété la mobilisation générale, appel qui a été relayé aussi par les ambassades ukrainiennes à l’étranger pour encourager le recrutement.

Les civils sont donc les premiers à subir les affres de la guerre. Dès le déclenchement du conflit, ils sont les premiers à être soumis aux excès, attaques sans discernement, emprisonnement sans motif, menaces, et même à l’extermination. Les civils ne participent pas directement aux hostilités, et dans une confrontation militaire ils font face à une force militaire d’une puissance étrangère qui ne tient compte que rarement de leurs droits.

L’envoyé spécial du journal Le Monde qui couvre la guerre en Ukraine décrit une scène glaçante qu’il constate de visu : "de villages en villages, sur les routes et les sentiers, le spectacle de la dévastation foudroie le cœur des combattants ukrainiens qui avancent désormais sans ennemis face à eux. Civils exécutés sur le pas de leur porte, dans les rues, dans leurs voitures, maisons ravagées, brûlées, éventrées. Et puis, un peu partout au détour d’un chemin, des blindés russes calcinés avec des corps de soldats figés dans la mort".

La guerre a automatiquement des retombées économiques négatives sur les civils qui, à cause de la guerre ont perdu leurs familles, leurs emplois, leurs pouvoir d’achats, et parfois leurs maisons. Les post-traumatismes les accompagnent pendant le restant de leur vie. Quand un mari ou un fils est au front c’est une angoisse de chaque jour. L’attente de nouvelles des absents, et des informations du front, peuvent se transformer soudainement en deuil à l’annonce de la mort d’un proche.

Financer les efforts de guerre

Dès qu’un État est attaqué par une armée plus puissante, le pouvoir en place s’affaiblit et ne répond plus aux attentes des citoyens. Des bandes armées autonomes et de groupes de crimes organisés remplissent le vide. Leur but est de lutter contre l’envahisseur, mais parfois certains basculent dans le banditisme et sèment la terreur parmi la population. Ces bandes s’accaparent les biens matériels des civils et se livrent à des trafics qui alimentent encore plus la crise. Elles s’ajoutent aux autres acteurs de la guerre que sont les belligérants, les trafiquants, et parfois des mercenaires venant d’autres pays.

Même appauvris, les civils sont sollicités par l’État pour participer à l’effort de guerre en donnant de l’argent, ou des objets conséquents comme l’or et les diamants, pour financer le combat et aider la résistance. Ce ne sont jamais des emprunts mais des donations qui aggravent encore plus le niveau de vie des civils. L’État qui autrefois défendait leur pouvoir d’achat en temps de paix, se tourne subitement vers les civils pour financer les efforts de guerre.

Au-delà de ces efforts financiers, une autre partie des civils revient travailler dans les champs, pour nourrir la population et éviter la famine, ou aux usines pour les faire tourner. Toute leur production est alors destinée aux efforts de la guerre pour fournir les résistants en produits de première nécessité, ou d’articles nécessaires à l’armée comme les obus ou les munitions. L’Etat et le peuple se trouvent dans le même tranché contre l’ennemi menaçant.

Les civils sont les premiers à subir les souffrances et les violences d’une agression militaire. La peur, l’angoisse et la terreur, sont omniprésentes chez eux. La perte de la patrie est souvent liée à la perte des êtres chers. Ceux qui restent en vie n’ont donc d’autres choix que de fuir ou de participer à l’effort collectif. Parfois ils payent de leur vie le tribut imposé par la guerre. L’objectif ultime reste la défaite de l’ennemi et la victoire finale.

Protéger les populations civiles

Alors ce que subissent les civils ukrainiens aujourd’hui, comme les irakiens ou syriens hier, peut-il rester impuni aux yeux des lois internationales ? Pourquoi les instances internationales ne sont-elles pas assez sévères pour punir les auteurs de ces exactions, aussi puissants soient-ils ? la justice internationale n’est-elle là que pour punir les dictateurs du Tiers-Monde ? Pourtant de nombreuses conventions internationales recommandent la protection des populations civiles lors de confrontations militaires.

Les Conventions de Genève et leurs protocoles additionnels contiennent les règles essentielles fixant les limites à la barbarie de la guerre et la nécessité de protéger les civils. Elles sont au cœur du droit international humanitaire qui régit la conduite des États pendant les conflits armés. Ces conventions prévoient des mesures à prendre pour prévenir toute infraction et y mettre un terme, ainsi que les sanctions qu’encourent les auteurs d’éventuels crimes. Mais qui parmi les grandes puissances ont été jugées pour les crimes passés ?

Dans tous les conflits qui endeuillent l’humanité, ce sont toujours les civils qui paient les frais des confrontations. Ils sont les premiers à être déplacées, à s’exiler, à se faire massacrer, et à être privées d’aide d’urgence. Dès l’effondrement d’un État, ils sont aussi les premiers à être terrorisés par les armées régulières dans le but de les soumettre ou, le cas échéant, à leur faire peur pour les pousser vers l’exil.

La vie des citoyens civils est sacrée dans tous les textes religieux, philosophiques et en droit international. Les récents massacres de civils en Ukraine, comme ceux hier dans d’autres contrées, ne peuvent laisser insensible la conscience humaine face à des crimes perpétrés de sang froid sur des civils désarmés qui n’ont pas pu se défendre face à une armée régulière. Qui tue un être est comme s’il tuait toute l’humanité, dixit le Saint Coran.

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