Bons du Trésor: la baisse des taux s’accélère, les investisseurs font écho d’une future accalmie
Selon la filiale de recherche d’Attijari, la tendance baissière des taux s’est accélérée durant le mois de mai affectant surtout les maturités longues, et ce, principalement en raison de l’abondance de liquidité sur le marché et des niveaux réguliers des besoins de financement du Trésor. Une accalmie est prévue pour les reste de l'année.
Attijari Global Research (AGR) a publié une note de recherche sur le marché de la dette du Trésor où elle signale une accélération de la baisse des taux.
«Depuis notre dernière parution du 15 avril, la courbe des taux a emprunté une orientation baissière, confirmant ainsi nos projections. Cette tendance s’est même accélérée durant le mois de mai 2019 poussant les taux de la courbe primaire à leurs plus bas niveaux depuis près de 3 ans, soit le S2-2016», lit-on sur la note.
Si le recul des rendements est un phénomène commun à l’ensemble des maturités, il faudrait tout de même signaler que la partie longue de la courbe a été la plus affectée signalent les analystes de la filiale recherche d’Attijari. A titre d’exemple, le rendement 10 ans s’est délesté de plus de 40 pbs depuis le début de l’année, se fixant sous le seuil psychologique de 3 % à 2,97%.
Selon AGR, ce sont des facteurs identiques qui ont contribué à amorcer cette tendance baissière et qui s’est accélérée récemment, faisant référence à une abondance de liquidité des investisseurs, face à laquelle le Trésor n’est pas acculé à accélérer ses levées tant que ses besoins de financement demeurent d’un niveau régulier, et que l’institution prévoit d’autres recours de financement dans le futur.
D’un autre côté, «l’analyse historique de la concavité de la courbe des taux révèle un écrasement des pentes. Ceci traduit, à notre opinion, une projection de stabilisation de la croissance économique au Maroc, avec une anticipation du maintien des équilibres budgétaires tout en éloignant le spectre d’une forte montée de l’inflation», souligne l’équipe d’AGR.
"La courbe a intégré toutes les informations disponibles"
En perspective, «nous pensons qu’à l’heure actuelle, la courbe des taux intègre l’ensemble des informations disponibles. Les investisseurs font écho d’une future accalmie dans l’attente de la réalisation effective des éléments cités. Ceci dit, tout report ou abandon de ces projets amènerait à une rupture de cette tendance baissière», estiment les analystes d'AGR. Ils expliquant ainsi :
> qu’un éventuel retard ou un abandon des projets (émission Eurobonds, Partenariat Public-Privé, Privatisation en cours de réalisation) risquerait d’orienter de nouveau le Trésor vers le marché intérieur, poussant vers un nouvel équilibre Offre-Demande ;
> parallèlement, le surplus de cash du marché pourrait être en partie résorbé par les émissions de dette privée, notamment issues des institutions bancaires durant cette année 2019 et des opérations de privatisation qui sollicitent principalement les institutionnels locaux ;
> une poursuite d’une baisse importante des taux comprimerait davantage les spreads actuels. Une situation qui deviendrait dissuasive pour une population d’investisseurs exigeante en termes de rendement. « Un tel désintérêt pourrait mécaniquement redresser la courbe dans le but de retrouver des marges raisonnables».
« Globalement, nous relevons que l’essentiel du potentiel baissier des taux est consommé. Une accalmie est attendue durant la période estivale, pour préparer activement la reprise à horizon T3-2019 », conclut-on.
Pour rappel, lors de la précédente édition, AGR avait préconisé une poursuite de la tendance baissière des taux sur le court terme pour les raisons suivantes (en tenant compte de l’actualité des mois d’avril et mai) :
- L’appétit du Trésor pour le financement à l’international est vif avec une levée effective auprès de la BIRD de 611 millions d’euros et la perspective de deux sorties à l’international en 2019 et 2020 ;
- L’avancement du processus de privatisation à travers l’annonce des principales caractéristiques de l’opération Maroc Telecom pour un montant d’environ 8,9 milliards de dirhams ;
- Une amélioration du solde du Trésor avec un allègement du déficit à un niveau de 14,1 milliards de dirhams à fin avril contre 15 milliards une année auparavant avec notamment l’encaissement de 324 millions de dirhams au titre des dons des pays du CCG ;
- Un excédent de liquidité toujours persistant notamment à travers l’évolution rapide de l’Actif net sous gestion. Celui-ci se chiffre actuellement à 452,9 milliards de dirhams au 31 mai contre 434,8 milliards à la fin d’année 2018. Ce qui dénote forcément d’un phénomène de collecte, et également de la persistance d’un taux de satisfaction de la demande en titres BDT à un niveau bas de 16%.