Startups : Des évolutions positives sont observées dans les recours au financement (experts)

| Le 19/12/2021 à 16:09
Depuis plusieurs années, les institutions et moyens qui accompagnent le financement des startups se sont améliorés au Maroc. L’accès au financement très early stage s’est diversifiée et les anciens gap de financement dans la chaine de valeur sont en train d’être comblés. L’essor des startups est aussi limité par le faible profondeur du marché local et la difficulté de lever des financements privés à l’étranger.

Dans un webinaire organisé le 16 décembre, Casablanca Finance City (CFC) et L’Africa Innovation Lab ont réuni des acteurs du monde des startups et du venture capitalisme pour débattre de l’évolution du financement des startups au Maroc.

Ce dernier a bien évolué cette année et les tickets de valorisation ont atteint des montants jamais observés auparavant. C’est également le cas en Afrique. En 2020, selon les données de Partech, les startups du pays avaient levé 11,2 millions de dollars soit la 8e place à l’échelle du continent africain. « En Afrique en général, on remarque cette année un intérêt croissant des fonds d’investissement et des VC internationaux, plus particulièrement en provenance des USA et de la Chine. Le continent bipe sur le radar des investisseurs. Il y a également une amélioration des rounds de financement » précise Mourad Fathallah directeur de la stratégie à CFC. Cette année, une hausse des levées en Afrique et au Maroc est attendue.

Cette progression année après année au Maroc provient notamment d’une meilleure couverture au niveau des différents stades de besoin de financement de la startup.

Un accès plus solide au financement pour se lancer

Il y a quelques années, il était compliqué pour une jeune entreprise innovante de savoir où s’adresser pour trouver du financement et matérialiser son idée. En ce sens, la Caisse centrale de Garantie (CCG), désormais nommée Tamwilcom, avait lancé Innov Invest en 2017 pour répondre aux besoins en financement des jeunes entreprises innovantes.

Dans son intervention, Meryem Id-Lkadi, cheffe du service produits spéciaux à Tamwilcom (CCG) note l’évolution du milieu des startups: « Après 4 ans d’activité, le fonds Innov Invest a pu réaliser des investissements sur 14 startups avec un total de 100 MDH. Sur la partie financement, nous avons des engagements de plus de 90 MDH sur plus de 400 startups. Nous remarquons rien que par la progression de ces montants d’engagement, qu’il y a une certaine dynamique créée, un engouement dans la création de startups et de plus en plus d’acteurs qui soutiennent l’innovation ».

Ceci a permis aux startups marocaines de plus facilement trouver des relais de financement pour accompagner leur lancement et ainsi augmenter leur chance de succès. « Aujourd’hui, avec ces 400 startups, il y un engagement de subvention qui peut aller jusqu’à 200 KDH ou des prêts d’honneur pouvant aller jusqu’à 500 KDH, alors qu’auparavant, il n’y avait rien du tout. Nous avons désormais des entrepreneurs qui sont plus expérimentés, qui peuvent prendre plus de risque et entreprendre » souligne Mehdi Alaoui, CEO de LaStartupFactory.

D’autres solutions de financement et d’accompagnement ont été apportées pour compléter la chaine de valeur. Après l’argent récolté auprès des amis ou de la famille (love money, ndlr) et les financements avec Tamwilcom, la partie Business Angel peut suivre. Généralement, ces participations sont en moyenne comprises entre 300 KDH et 500 KDH. En ce sens, Angels4Africa a été lancé en 2019. « Cela permet d’apporter du smart capital et un accompagnement de qualité par des investisseurs intéressés et expérimentés. L’ensemble des 70 membres investisseurs sont des entrepreneurs qui ont réussi et qui prennent en général entre 5% à 15% du capital de l’entreprise » explique Mehdi Alaoui. Ce process permet notamment d’insuffler une meilleure gouvernance et de mettre la startup en lien avec le réseau dont dispose le business angel pour ouvrir des opportunités de marché. « Cette étape est un maillon important et elle était extrêmement faible il y a quelques années. Il y a désormais quatre réseaux avec un cinquième en préparation et cela regroupe environ 150 personnes » précise Mehdi Alaoui.

Une meilleure réponse au gap de financement

La chaine de valeur de financement a longtemps été un problème majeur dans le décollage des startups au Maroc. Une fois le financement pour l’amorçage ou l’idéation assuré, il était difficile de trouve un relais de financement pour assurer un bon début de développement et une poursuite des opérations chez les entrepreneurs.

Youssef  Mamou, directeur de programme de 212Founders explique : « Il y a cette période dans la vie d’une startup appelée la ‘Vallée de la Mort’, qui intervient à la fin du pré-seed et le début de la série A. Il s’avère qu’au Maroc, il y avait un gouffre de financement. Les startups étaient trop petites pour être repérées par des grands VC et pas suffisamment développées pour demander le recours à de nouveaux business angels ». 212Founders s’est donc positionné en tant que source de financement pour les sociétés innovantes disposant déjà d’un MVP (minimum viable product), c’est-à-dire un produit déjà en place et fonctionnel. « Le programme finance en Seed entre 1 MDH et 3 MDH et en série A avec 10 MDH additionnels » poursuit-il. Après 4 promotions, le programme annonce avoir accompagné plus d’une cinquantaine de startups et financé le 12 d’entre elles à hauteur de 40 MDH.

Désormais, l’ambition est de créer des success story marocaine pour prouver que l’aventure est possible. Pour cela, un marché comme celui du Maroc seulement, demeure encore un handicap. « J’aimerais mettre l’accent sur le fait que pour lever une série A, nous avons vu que le marché local, est en général assez peu profond, excepté sur quelques verticales. Pour passer sa startup à l’échelle et pouvoir lever des fonds, il faut rapidement s’internationaliser. Le but est d’utiliser le Maroc comme un test du marché puis partir conquérir d’autres marchés ailleurs » explique Youssef Mamou.

Malgré les améliorations, les challenges demeurent sur le sujet du financement où la présence de fonds d’investissement privés est encore limitée. Les levées à l’internationale sont également compliquée à concrétiser pour les startups marocaines.

Le défi du financement international

Au Maroc, les institutions comme CDG Invest ou la CCG ont fortement contribué au financement des startups sur un secteur très ‘early stage’. Cette étape est la plus risquée car c’est encore la phase où l’entreprise est la plus fragile. Dans son intervention, Kenza Lahlou, co-fondatrice d’Outlierz Venture, fond d’investissement early stage panafricain, explique : « Il y a la partie du financement très early stage où c’est très difficile pour les investisseurs et fonds privés de prendre le risque. C’est pour cela que 212Founders ou la CCG ont apporté quelque chose de fondamental à l’écosystème en prenant ce risque en tant qu’institution publique-privée. Il en faut plus ».

Mais le défi principal demeure dans le fait de lever des fonds avec des VC internationaux. Il existe en effet des contraintes juridiques. « Il faut à un certain moment avoir une structure juridique à l’étranger, dans des places business où les investisseurs ont l’habitude d’investir. C’est un prérequis qui pose problème car il faut une procédure pour passer par l’Office des Changes et obtenir une dérogation pour créer cette holding. Ce process est encore complexe qui décourage les entrepreneurs. Ce point devrait être facilité pour dynamiser les levées de fonds » explique Kenza Lahlou.

 

Lire aussi : A Casablanca, la crise sanitaire a donné un coup de fouet à l’écosystème des startups

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